Le malthusianisme - Boussard, Rutherford, Dumont et Neumeyer

Thèmes abordés

Théories de la population, malthusianisme, Malthus, Boussard, Rutherford, Dumont, Neumeyer, prédictions, théorie Malthusienne, fiche de lecture

Résumé du document

Il s'agit d'une synthèse portant sur plusieurs articles scientifiques qui explorent l'histoire des théories de la population, notamment le malthusianisme.

Extraits

[...] Sur la base de ces statistiques, Dumont tire la conclusion que l'Inde, malgré les difficultés auxquelles ses populations font face en termes de pauvreté ou de malnutrition, offre une contradiction certaine aux prédictions Malthusiennes - au contraire, les conditions matérielles pour la population indienne s'améliorent au lieu de stagner ou d'empirer, puisque l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture estime que la part de la population mal nourrie est passée de 24% il y a quinze ans, à près de 15% en 2012-2014. An Empirical Test of a Neo-Malthusian Theory of Fertility Change - Eric Neumeyer. Neumeyer propose de vérifier d'une manière empirique les principes de la loi Malthusienne, et plus particulièrement les implications des théoriques néo-Malthusiennes - ces dernières postulent que le déclin de la fertilité - mesurée par le nombre d'enfants par femme en âge de procréer- n'est pas un choix conscient des individus dans un pays donné, mais plutôt une contrainte générée par des ressources disponibles plus rares. [...]

[...] Pour vérifier une dernière assertion de la théorie néo-Malthusienne, l'auteur incorpore également la valeur des flux d'aides - exprimée par habitant- dont bénéficient les pays émergents et en voie de développement. Les résultats des différentes régressions estimées par l'auteur contredisent les prédictions néo-Malthusiennes : les coefficients estimés pour différentes variables explicatives suggèrent des effets négatifs de la migration sur la fertilité, mais également les transferts d'aide alimentaire, ainsi que la croissance économique. Neumeyer en déduit ainsi que les tests empiriques de son modèle rejettent les prédictions Malthusiennes et leur itération plus moderne - à savoir que la fertilité est conditionnée par les ressources disponibles, et que la migration et les aides alimentaires créent de mauvaises incitations dans les pays pauvres à faire plus d'enfants. [...]

[...] Enfin, le dernier facteur expliquant pourquoi Malthus n'a pas formulé de prédictions pertinentes, est celui du progrès technique. La nature des rendements d'échelle dépend beaucoup des technologies adoptées pour la production agricole, et Malthus ne pouvait pas prédire les progrès qui permettait de pratiquer une agriculture intensive, c'est-à-dire un mode de production agricole qui n'a pas besoin d'étendre la surface de culture pour augmenter le rendement total. L'utilisation de techniques basiques comme la Jachère a laissé place à l'utilisation de fertilisants, ou l'alternance de plantes aux racines à longueurs différentes. [...]

[...] Par conséquent, l'auteur s'interroge sur la capacité de l'Inde à assurer les ressources nécessaires à nourrir cette population, et en évitant les phénomènes de malnutrition ou des épisodes de famille. Dumont relève que la mortalité infantile a été considérablement réduite : entre 1950 et 2014, le taux de mortalité a diminué de 73% passant de 164 à 44 morts pour 1000 naissances. Le déclin est similaire pour la mortalité agrégée, qui passe de 27 à 7 morts pour 1000 habitants. Grâce aux progrès médicaux et à la généralisation des services sanitaires sur le pays, l'espérance de vie a presque doublé sur la période, passant de 36 à 66 ans. [...]

[...] A côté de cette discussion sur la nature des rendements, Rutherford discute également des hypothèses sous-tendant la loi naturelle de Malthus : l'attitude moraliste de celui-ci suppose que l'individu fournirait toujours un effort minimum pour travailler - juste ce qu'il faut pour assurer sa subsistance. Si cette hypothèse découle d'une certaine vision pessimiste de la nature humaine, elle néglige d'autres mobiles qui peuvent pousser l'individu à fournir un effort plus important. Malthus est certainement conscient de l'arbitrage classique entre travail et loisir, mais pour Rutherford, il établit le rapport d'indifférence entre les deux états à un niveau excessivement bas, celui de la subsistance. [...]