Ce livre est le résultat de quatre ans d'investigation du journaliste Luc Bronner au cœur des banlieues françaises. Avant de s'intéresser au cœur de l'ouvrage, il faut tout d'abord étudier son titre, volontairement polémique. En effet, l'emploi du terme « ghetto » peut surprendre mais, après lecture de l'enquête, il semble être employé à bon escient lorsqu'on traite des « Zones urbaines sensibles » (ZUS). La ghettoïsation, qu'évoque Luc Bronner, ne s'applique néanmoins pas à toutes les « banlieues françaises », qui sont un ensemble très hétérogène. Il est, par exemple, rare que la « loi du ghetto » soit celle des banlieues pavillonnaires. Ainsi, lorsque le journaliste emploie l'expression « banlieue », il fait, principalement, référence aux ZUS.
[...] La confrontation entre les forces de l'ordre et les jeunes de quartiers porte en partie sur la réappropriation des espaces publics par l'Etat, ce qui est révélateur de la fracture. La communautarisation : Cette disparité territoriale peut être liée à la composition ethnique des populations des ZUS. Pour expliquer la ghettoïsation, Luc Bronner aborde les tabous de l'immigration (chapitre 6). La communautarisation de certains quartiers peut contribuer à la ghettoïsation de ceux-ci. En effet, certaines zones sensibles sont presque entièrement peuplées de personnes issues de l'immigration. En 2005, la proportion de jeunes d'origine étrangère dépasse 60% dans 20 villes. [...]
[...] Une langue propre : En effet, les échanges sont très codifiés au sein des banlieues ; il existe la tradition de la joute verbale, la culture de la vanne . Une langue propre aux cités s'est progressivement formée : un mélange de verlan, de néologismes, d'emprunts au vieil argot français, de mots arabes, tziganes, berbères, anglais Ce parler banlieue contribue à la formation d'une contre-société qui peine à communiquer avec l'extérieur. C'est l'un pan de la ghettoïsation. Les hormones (chapitre : Il semblerait que les relations affectives soient également influencées par la ghettoïsation de ces territoires. [...]
[...] Ainsi, contre leur propre intérêt, pour garder leur position dominante, ils doivent faire primer le code de la rue, l'honneur de la famille. Lors d'une mort liée à un règlement de compte entre bandes, les jeunes d'un des clans font le choix de la justice privée. Il existe alors un mécanisme d'automutilation (chapitre au sein de ces territoires, où une banalisation de la mort fait écho à une certaine forme de fatalité. L'espérance de vie est généralement plus faible dans les ZUS que dans les autres territoires français. [...]
[...] L'économie illégale prend diverses formes (contrefaçons, revente de produits achetés en gros, vente de pièces de voitures volées ) et a une triple fonction : économique (puisqu'elle est rémunératrice), sociale (octroi d'un statut de travailleur et relationnel (insertion au monde du travail Elle participe donc à la ghettoïsation de ces territoires, par l'adoption d'un mode fonctionnement alternatif : la débrouille Les frontières (chapitre : Une autre des caractéristiques d'un ghetto est la fermeture du territoire. Il existe, effectivement, dans les ZUS françaises des fermetures invisibles plurielles, symptomatiques de leur ghettoïsation. Tout d'abord, une frontière temporelle : les banlieues se transforment le jour et la nuit. Le soir venu, les jeunes s'emparent de l'espace public pour y appliquer leur loi. Les cités constituent un univers hyperfragmenté. [ C'est plutôt l'hyperlocalisme qui domine En effet, l'ancrage au territoire semble être plus fort qu'ailleurs. [...]
[...] Le bizness (chapitre : Un autre aspect de la ghettoïsation des ZUS est visible dans l'économie illégale des territoires où le taux de chômage est très élevé (atteignant 30 voire 50% des jeunes dans les zones les plus sensibles). L'avenir pour les jeunes habitants des ZUS semble souvent fermé, ils acquièrent alors une vision fataliste de la société. La frontière entre délinquance et crise sociale est loin d'être étanche». L'une des perspectives d'emploi majeures pour les habitants d'Aulnay-sous- Bois (comme d'autres ZUS à proximité) est, par exemple, l'aéroport Roissy- Charles-De-Gaulle. [...]
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