Le titulaire de la seule chaire consacrée à la laïcité dans l'enseignement supérieur (Ecole Pratique des Hautes Etudes) a été « l'hérétique » de la Commission Stasi, qui a rendu un rapport consacré à la laïcité au Président Chirac en 2003 ; il n'a pas voté l'amendement sur le port des signes religieux à l'école. Tout au long de cet ouvrage, il critique le travail « rapide », sans profondeur et sans « explorer la face immergée » de la laïcité de la Commission. Son propos dans cet ouvrage est donc, en 2005 (soit un siècle après la loi de séparation des Églises et de l'État), de réfléchir sur ce qu'est la laïcité, sur les distinctions à opérer entre laïcité, laïcisation et sécularisation. Il s'agit d'étudier l'ensemble des implications d'un processus (laïcisation) qui va de la Révolution française à aujourd'hui, en se gardant des préjugés et lieux communs dont nous sommes (presque) tous imprégnés : laïcité, « exception française » - la France, pays le « plus laïc du monde » - l'Islam, « menace » pour la laïcité.
[...] La séparation des Eglises et de l'Etat laisse un rôle facultatif à la religion, qui doit s'organiser de manière associative, volontaire et sans incitations étatiques. Après 1959 (réforme Debré, création du collège unique), la démocratisation de l'école, le développement d'un enseignement de masse et l'existence d'écoles privées subventionnées sous contrat reposent la question du religieux à l'école. Les écoles privées, longtemps considérées comme un danger pour la République, sont définitivement intégrées en 1984 après le rejet de la rue du projet du ministre socialiste Alain Savary. [...]
[...] Mais à côté de l'universel républicain, la République refuse la participation des femmes (record mondial du temps séparant le SU masculin du SU) et l'Empire français impose une logique de sujétion. III Passages à relever, actualités et critiques Passage intéressant, Chapitre III Ecole et laïcité de 1905 à 2005 Le clivage au sujet de l'école, essentiel selon Baubérot, entre républicains (Bourgeois, Milner, Debray) contre "démocrates-pédagogues-réformateurs" (Morin, et peut être Baubérot lui-même, bien qu'il refuse de se mettre véritablement dans un camp). [...]
[...] Question du voile intégral: prise de position contre l'interdiction par une loi. Baubérot a été auditionné avec le chercheur Fahrad Khosrokhavar (EHESS) et Jean-Michel Comte, président de la Ligue de l'enseignement, par la mission d'information parlementaire planchant sur ce sujet. Ceux-ci craignent qu'une telle mesure soit vécue comme un ostracisme par l'ensemble de la communauté musulmane, même si celle- ci est «très majoritairement» hostile au voile intégral. Une éventuelle loi, a-t-il invoqué, serait la deuxième qui viserait l'islam, après celle interdisant le port du voile à l'école. [...]
[...] Il a recommandé aux parlementaires de s'appuyer sur le CFCM (Conseil français du culte musulman), comme «interlocuteur principal» dans la lutte contre le voile intégral. Et, pourquoi pas, de transformer la mission parlementaire en «commission de réflexion sur les problèmes liés à la diversité de la société française», a-t-il encore proposé. [...]
[...] De même, Baubérot relève que la laïcité s'adosse à la laïcisation chez Buisson, processus historique très lent (distinction, séparation des diverses fonctions, d'abord l'armée, puis la justice . jusqu'à l'école en 1882). La véritable rupture de l'Etat laïque se produit en 1789, car c'est la fin du contrôle de l'Église prévalant pendant l'ancien régime; une finalité est assignée à cet Etat laïque, celui de servir les droits de l'homme (égalité, liberté) . mais pas les droits des femmes. En outre, Baubérot relève qu'à l'époque, la confusion sémantique entre laïcité, laïcisation et sécularisation est très commune, ce qui ne permet pas de comprendre la laïcité. [...]
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