Face à la montée d'un « sentiment d'insécurité » général relayé de manière quasi systématique par les médias, la politique sécuritaire semble être la seule réponse efficace pour essayer d'endiguer la délinquance chez les mineurs des « quartiers », phénomène qui semble insoluble depuis plusieurs décennies. En effet, les actes de délinquance contre les personnes sont perpétrés par des individus toujours plus jeunes caractérisés par leur manque de repères et dont la situation familiale dénote moins une situation d'échec social qu'un manque de normes éducatives.
La perception de ce problème par la société dans son ensemble est marquée une profonde incompréhension du phénomène – ou par des a priori tenaces - et c'est pourquoi la sociologie telle qu'elle est pratiquée par Isabelle Coutant permet d'apporter plusieurs éclairages.
Issu d'une thèse en sociologie encadrée par Gérard Mauger, l'ouvrage d'Isabelle Coutant essaie de rendre compte des parcours de plusieurs primo-délinquants depuis leur prise en charge par la justice jusqu'à leur éventuelle reconversion grâce à des stages permettant l'obtention d'un diplôme qualifiant.
[...] D'une part, ces stages permettent de les éloigner de la cité et donc de mettre en perspective leur parcours avec les animateurs. Ils peuvent alors mettre en œuvre une conversion des valeurs et se sentir légitimes dans leur activité. Ils reprennent alors confiance, n'hésitant pas à écarter l'un d'entre eux s'ils sentent qu'il met en péril l'équilibre acquis pendant le stage (exemple de Kamel qui incarne tout ce qu'ils [les autres stagiaires] cherchent à mettre à distance Cette reconnaissance alternative s'impose si elle est assez forte pour éloigner les jeunes de la culture de rue. [...]
[...] II L'échec des politiques en direction des quartiers: de nouveaux horizons à explorer? La conclusion de l'auteur concernant ses recherches montre que la dimension morale apportée à ces jeunes semble être un début de réponse à cette question récurrente du débat politique. Face aux politiques sécuritaires, l'auteur préfère citer Durkheim qui, dans l'Éducation morale, mettait déjà en garde les éducateurs contre les tentations répressives Pourtant, depuis l'apparition du problème de la violence et de l'exclusion dans les quartiers, un certain nombre de mesures ont été appliquées en vue d'améliorer les conditions de vie des habitants, l'accès à l'emploi ou encore l'encouragement à la vie associative. [...]
[...] Isabelle Coutant montre que cette justice de proximité est tributaire d'un fort décalage entre juge, accusé et victime, qu'une traduction du registre juridique dans l'éthos indigène est nécessaire pour qu'une pédagogie du droit puisse avoir lieu. Au-delà de l'aspect juridique, ces maisons de justice apparaissent comme des réceptacles des difficultés et un soutien à d'autres institutions de service public (école, transport). Le rôle des parents maintenant. Contrairement aux idées reçues, la plupart des familles interrogées par la sociologue se sentent impliquées dans l'éducation de leur enfant, réfutant ainsi l'hypothèse communément véhiculée d'irresponsabilité des parents à l'égard de leurs enfants. [...]
[...] Par ailleurs, le principal problème des formations est qu'elles ont du mal à compenser un coût humain et financier important sans pour autant garantir une perspective qui détournera le jeune de la délinquance. Par ses recherches, Isabelle Coutant détaille le travail effectué au quotidien par les éducateurs et autres pédagogues de proximité (Gérard Mauger) auprès des jeunes délinquants. Elle révèle l'efficacité relative de ces dispositifs basés sur la réinsertion par l'emploi et l'aide socioéducative, face aux politiques de sanction qui ont montré leurs limites. Bibliographie complémentaire Pierre Merlin, les banlieues, Coll Que sais-je? [...]
[...] Quand le gouvernement Jospin a créé les emplois-jeunes en 1997, il s'agissait de mettre en place un dispositif de portée générale en créant de véritables emplois à plein temps. Destinés à des jeunes de 18 à 26 ans, l'Etat supporte 80% du salaire et des charges sociales de ces emplois répondant à des besoins émergents et non satisfaits, présentant un caractère d'utilité sociale, notamment dans des domaines des activités sportives, culturelles, éducatives, d'environnement et de proximité. Le rapport d'Alain Gournac, sénateur et membre de la commission des affaires sociales intitulé le bilan à mi-parcours des emplois-jeunes (13 octobre 2000), révèle un coût élevé, durable et en définitive incertain pour les finances publiques l'inadaptation ou de la médiocre qualité de la formation initiale aux besoins des entreprises ou encore un effet d'éviction à l'encontre de l'emploi privé Depuis fin 2002, la création de nouveaux postes emplois jeunes n'est plus possible. [...]
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