« Ce ne sont pas les prisons qui sont surpeuplées, c'est le peuple qui est incarcéré ». Foucault interroge ainsi la place de la prison dans les sociétés occidentales. Reprenant cette perspective, l'ouvrage de Nils Christie se pose comme un « signal d'alarme » face aux taux record d'emprisonnement dans les pays industrialisés depuis quelques années.
Professeur de criminologie à l'université d'Oslo et auteur de nombreux articles scientifiques, Nils Christie a rédigé en 1993, l'industrie de la punition, et, a, de nombreuses fois, réactualisé son propos (les derniers chiffres cités dans l'ouvrage datent de 2000). Il y compare les évolutions des politiques et des systèmes pénaux des pays industrialisés et particulièrement ceux de la Russie et des États-Unis, dénonçant ainsi l'emprisonnement massif, sa privatisation mais aussi la rationalisation déshumanisante de la justice et insistant sur la nécessité pour ces Etats, de réformer leur politique pénale.
Qu'est-ce qui amène des pays industrialisés, développés, démocratiques, à avoir des taux d'emprisonnement en forte expansion ? Quel est le nombre de détenus acceptable par rapport aux valeurs fondamentales de nos sociétés ? Est-ce que la société n'a pas intérêt à revaloriser les prisons comme un lieu de sanction et de réintégration dans la société plutôt que de privilégier une optique de gestion qui fait perdre à la loi son rôle culturel et social et aux détenus toute compréhension de leur peine (compte tenu des conditions de vie des détenus)?
[...] Il associe la prison à une véritable entreprise, et les détenus n'étant que des marchandises selon ses termes. Citant Foucault qui, dans son Histoire de la folie à l'âge classique démontre que l'enfermement psychiatrique a longtemps eu pour premier but de mettre un terme au chômage de masse et non de guérir les internés, Christie établit un parallèle avec le système pénal américain. Le rapport à la punition et les objectifs de ces entrepreneurs s'éloignent considérablement de ceux de l'État pour se rapprocher de ceux du marché. [...]
[...] Il appartient par ailleurs à la commission royale norvégienne pour l'organisation de la police et de l'éducation, il est président du scandinavian council for criminology et enfin, le directeur de l'institut de criminologie et de loi pénale en Norvège Il est également membre de l'Académie des sciences en Norvège et en Suède. Critiques - Il aurait pu évoquer d'autres pays comme la Chine qui emprisonne plus les opposants politiques que les pauvres ? - Le système américain diffère du nôtre. [...]
[...] L'assimilation des prisons américaines aux camps de concentration lui a été beaucoup reprochée. Mais même si on ne peut les associer, on ne peut les opposer, et Christie nous met alors en garde sur la direction que prennent ces démocraties. France - Pénalisation croissante : loi du 9 mars 2004 sur la criminalité organisée, loi du 18 mars 2004 qui a renforcé la répression de la prostitution - Surpopulation carcérale : en en 2005 - Déshumanisation des prisons : la France suit la voie des États-Unis puisque les établissements récemment construits s'appuient sur l'auto surveillance, la limitation des déplacements avec une utilisation massive de l'électronique et de la vidéo surveillance - La prison comme vecteur économique : elle est qualifiée par certains de poumons d'acier pour l'économie française. [...]
[...] La société serait moins punitive quand tout un chacun dispose d'un revenu régulier et d'une situation sociale assurée. Mais en cas de troubles économiques, et dans les sociétés industrialisées et marchandes, être pauvre n'est plus acceptable, que ce soit pour les populations concernées ou pour le reste de la société. Ceci amène les États à criminaliser les comportements liés au développement de la pauvreté et à développer un contrôle de classe, sans intention de réintégration dans la société : Les gens qui ont peu, dans une société où l'on attache de l'importance à posséder beaucoup, deviennent facilement indisciplinés. [...]
[...] Et beaucoup pour la gestion (p.123) Le système de loi et d'ordre est tranquillement, mais très efficacement, en train de s'adapter à la modernité, de devenir un enfant de l'industrialisation. Les valeurs centrales sont ici la clarification des buts, le contrôle de la production, la réduction des coûts, la rationalité et la division du travail (p.178) 1. Un marché comme un autre Christie constate l'importance de l'industrie carcérale dans l'économie nationale des États-Unis, en tant que consommateur, mais aussi que producteur. L'État a délégué une partie de la gestion des prisons à des entreprises privées. [...]
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