Homo hierarchicus, le système des castes et ses implications - Louis Dumont

Résumé du document

Louis Dumont est un anthropologue français spécialiste de l'Inde, né en 1911 et mort en 1998. Il s'inscrit dans la lignée du courant structuraliste, lequel consiste à concevoir les processus sociaux comme provenant de systèmes de valeurs fondamentaux.

Homo Hierarchicus n'a pas pour unique visée d'analyser le système des castes en ce qu'il est observé. Louis Dumont tente de démontrer que « la caste a quelque chose à nous apprendre sur nous-mêmes », l'ouvrage propose ainsi une réflexion sur la société occidentale. Par voie de conséquence, Homo Hierarchicus établit une comparaison sociologique entre les sociétés indiennes - holiste et hiérarchisée du fait des castes, et occidentales – plus soucieuses selon lui d'un « égalitarisme social et politique », car individualisée et fondée sur les idéaux de liberté et d'égalité. La problématique est donc axée sur la compréhension du système des castes pour comprendre notre propre système.

Extraits

[...] Enfin, pour donner suite à Homo Hierarchicus, on peut décliner ce type d'ouvrage sur d'autres sociétés traditionnelles, à l'instar des travaux de Chie Nakane sur le Japon et de Francis L. Hsu sur la Chine. Pour enrichir ce type de travaux, des auteurs comme Bourdieu, dans des œuvres comme La Distinction, mettent en exergue une méthode qui aurait été appropriée à Homo Hierarchicus. En effet, on peut supposer que l'étude du système des castes peut se parachever grâce à une analyse des goûts des différents agents, attendu que Dumont présume que les castes recèlent plus un état d'esprit qu'autre chose. [...]

[...] Dès lors, on peut être porté à croire qu'Homo Hierarchicus préfigure le genre du structuralisme, d'autant plus qu'une méthode caractéristique de ce genre est très présente dans l'ouvrage, il s'agit de la méthode qualitative (par opposition à la méthode quantitative). L'auteur emploie en effet constamment des méthodes qualitatives, on peut les déceler à travers les nombreux exemples de critères que l'auteur met en exergue pour discriminer les différentes castes ou les rapports distincts entre les membres de plusieurs types de castes ou varnas. [...]

[...] Le premier obstacle auquel le sociologue est confronté n'est autre que l'acception d'égalité. En revenant aux classiques (Rousseau, Tocqueville), Dumont parvient à une définition selon laquelle l'égalité équivaut à la condition de similitude des hommes et les inégalités à des humanités distinctes il opère une distinction entre identité et égalité. Il rappelle en outre qu'une hiérarchie est nécessaire pour toute action, ce qui implique l'existence de système hiérarchique qu'on ne saurait nier (même avec un idéal égalitaire). Dumont rappelle que la caste a une étymologie proche du lexique raciste, et il décrit les principales études sociologiques : les explications, les descriptions (après le début du XXe siècle) et les études intensives (après 1945). [...]

[...] Partie 2 Critique de l'œuvre À la suite d'enquêtes menées dans les années 1950 au Tamil Nadu et sur la plaine du Gange, Homo Hierarchicus paraît en 1966 et suscite plusieurs réactions de la part d'autres sociologues : accueil laudatif ou hostile. Plusieurs raisons en effet étayent ce dernier point de vue. En premier lieu, Louis Dumont partage une acception de la sociologie qui peut être perçue comme polémique. En effet, il l'érige comme science de l'individu, placé à l'aune de ses rapports sociaux. Mais, s'il vante ce trait de la sociologie typiquement français il ne faut pas pour autant réduire la sociologie uniquement à cette approche. [...]

[...] Or, le schéma qui en découle est assez pauvre, le premier terme renvoyant à la société indienne et le second à la société occidentale. Par exemple, le rôle de la religion est relégué dans la part non idéologique, de sorte que Dumont ne conçoit la religion que comme une part d'individualité et non pas comme élément articulant la société occidentale dans son ensemble. De même, Dumont se prête à d'apparents sophismes à la fin de son ouvrage, à la page 294 il oppose hiérarchie et égalitarisme. [...]