S'il est un précepte que nous apprend David Diallo dans, Histoire des Noirs aux États-Unis, c'est bien que comme l'affirmait le Président Johnson en s'adressant à un parterre d'étudiants noirs « les cicatrices de siècles d'esclavage ne peuvent être simplement balayées d'un revers de la main ». Et en effet, tout en retraçant quatre siècles de débat sur la question noire, ce spécialiste en civilisation américaine s'interroge sur la place que la société américaine fait de nos jours aux Noirs, si celle-ci est réellement différente de celle qu'on leur réservait des années auparavant.
[...] S'il est un processus qu'il ne faut pas délaisser c'est bien celui de racialisation fondamental dans la compréhension de l'évolution de la situation des Noirs aux Etats-Unis. Il faut ici bien comprendre que la race noire est en réalité une construction historique et sociale et non une vérité naturelle et biologique, comme beaucoup ont tenté de le faire croire à travers une justification scientifique de leur infériorité biologique Le gouvernement a joué un rôle central dans cette racialisation qui a été faite aux Noirs, en conférant une légitimité juridique à la race, la constitution elle-même soulignant le rang particulier attribué aux Noirs dans la société - une racialisation qui reste encore aujourd'hui fortement internalisait leurs descendants. [...]
[...] L'éducation, domaine fondamental pour permettre une amélioration de la condition sociale des noirs à long terme est à l'heure actuelle toujours impossible dans un pays ou perdure un système scolaire à deux vitesses ans avant après l'arrêt Brown vs. Board of Education of Topeka. Enfin, ce qui a notre sens est une question fondamentale dans cet ouvrage traitant de l'histoire des noirs est bien de faire une critique de ce terme noir employé si aisément. Car derrière lui se cache une réalité bien plus complexe que celle d'une identité noire homogène qui est restée intacte après 400 ans de lutte. [...]
[...] Mais comprendre la situation des noirs aujourd'hui c'est également étudier la longue marche vers l'égalité raciale qu'ils ont mené. Si le combat pour gagner leurs droits était dur au temps de l'esclavage, à sa sortie celui pour les faire-valoir n'en fut que plus difficile. Les retours en arrière ont été en effet nombreux grâce aux diverses mesures limitatives. Ce qu'on relève à la lecture de cet ouvrage et qu'il est intéressant à souligner c'est la manière avec laquelle la construction de la société américaine s'est faite, à savoir dans une double dynamique inversée. [...]
[...] Ensuite, l'accent est mis sur la manière dont ils se sont levés pour leurs droits et a contesté l'exploitation qui était la leur. Mais enfin et surtout, il nous a apparu nécessaire de discuter le terme de noirs considéré comme acquis aujourd'hui alors qu'il est fondamental de voir comment cette communauté unique que l'on qualifie de communauté afro-américaine s'est fragmentée à mesure qu'avancée la conquête de leurs droits. Si encore aujourd'hui la société américaine a tant de mal à se défaire de ses tensions raciales, c'est principalement dû au fait qu'à l'origine l'esclavage était appréhendé comme un moyen de développer économiquement la société. [...]
[...] Du reste, l'histoire des noirs aux États-Unis ne leurs à léguer que des évolutions plus illusoires et symboliques que réelles, révélant ainsi le visage d'une Amérique socialement fracturée qui se masque derrière des success-stories plus anecdotiques que consensuelles, relevant le constat d'une transcendance des couleurs loin d'avoir opéré. L'auteur, lui-même nous confirme cela en achevant son ouvrage de la sorte : les Noirs restent résolument marginalisés et l'Amérique bien loin d'être résolue à leur faire une place Web Du Bois disait de la question raciale qu'elle était le problème central du XXème, finalement plus d'un siècle et demi s'est écoulé depuis la fin de l'esclavage et cette question reste toujours à résoudre. [...]
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