Giovanna PROCACCI s'inscrit dans la tradition de Michel FOUCAULT de réflexion sur les systèmes de pensée.
Dans cet ouvrage, elle analyse le traitement de la question sociale de la Révolution française de 1789 à la révolution de 1848 à la lumière des textes d'intellectuels et d'hommes politiques. Elle fait une l'histoire de la pensée de la question sociale et montre que la période de 1789 à 1848 est une période charnière en matière de pensée sociale.
En effet, selon G. PROCACCI, les méthodes de traitement de la misère proposées par les révolutionnaires, les économistes classiques, les penseurs de l'économie sociale pendant cette période correspondent, selon elle, à une volonté de « gouverner la misère », c'est-à-dire d'éviter la politisation de la question sociale.
En d'autres termes, il s'agit d'éviter la reconnaissance de droits sociaux qui placeraient la misère dans le champ juridique et politique, ce qui mettrait en cause l'ordre économique, social et politique libéral issu de la Révolution.
[...] KORPI met lui en avant la faiblesse du mouvement ouvrier aux USA qui ne parvient pas à imposer ses idées face au patronat. En revanche, en France, bien que divisé et affaibli après la Commune, le mouvement ouvrier parvient à influencer la politique sociale. C'est le cas par exemple lors de la victoire du cartel des gauches en 1924 ou du Front Populaire. Son analyse implique que les idées fondent les politiques publiques, ici la politique sociale. Elle montre ainsi que les évolutions du traitement de l'indigence sont le résultat des mutations de la rationalité politique et économique. [...]
[...] Gouverner la misère, de G. Procacci Giovanna PROCACCI s'inscrit dans la tradition de Michel FOUCAULT de réflexion sur les systèmes de pensée. Dans cet ouvrage, elle analyse le traitement de la question sociale de la Révolution française de 1789 à la révolution de 1848 à la lumière des textes d'intellectuels et d'hommes politiques. Elle fait une l'histoire de la pensée de la question sociale et montre que la période de 1789 à 1848 est une période charnière en matière de pensée sociale. [...]
[...] L'économie sociale sépare la misère de la question du travail et la rattache à champ du moral. Elle distingue le paupérisme de la pauvreté. La pauvreté est vue comme naturelle car de fait les inégalités sont naturelles. En revanche, le paupérisme ne dépend pas d'un destin individuel marqué par les aléas de l'infortune. Le pauvre prétend alors à des droits et réclame des secours. Il se pose en interlocuteur politique. Donc, l'enjeu est d'éliminer le paupérisme en préservant la pauvreté. [...]
[...] Il faut donc réduire la misère en transformant les pauvres en travailleurs. Malthus met en avant l'idée selon laquelle la misère est un obstacle au développement économique. Mais, les classiques rejettent tout remède qui viserait la réduction de la misère puisque cela entraînerait une intervention sur le marché et entraverait le système économique. la moralisation de la société : L'économie sociale fait sortir la morale de l'univers de la charité pour l'adapter au problème soulevé par une économie industrielle. L'économie ne parvient pas à établir une grille d'interprétation de la question sociale. [...]
[...] Le travail est vu comme un puissant facteur de moralisation. Le paternalisme industriel se développe en contradiction avec le droit contractuel du code civil. Un système d'instruction gratuit et obligatoire est nécessaire pour l'apprentissage des devoirs. Il faut attacher le pauvre à l'ordre. Ainsi de 1789 à 1848, G. PROCACCI affirme qu'il y a une réelle volonté de la part de l'élite politique et intellectuelle de dépolitiser la question sociale pour rendre la misère gouvernable. Cependant, la révolution de 1848 marque une première rupture vers la pensée d'une politique sociale. [...]
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