Surveiller et punir interroge l'histoire et l'évolution du droit de punir en France. Michel Foucault découpe celle-ci en quatre évolutions bien distinctes. Le supplice est d'abord la sanction majeure qui se développe sous l'Ancien Régime, puis la punition et la discipline d'une manière plus générale sont des instruments de domination du pouvoir sur celui qui ne respecte pas la loi. Enfin, le système carcéral, ou la généralisation de la prison représente la dernière évolution.
Dans un premier temps, Foucault montre que le dix-huitième siècle est un tournant dans le système pénal français, les supplices et la mise en scène de la souffrance punitive du criminel sont abandonnés au profit d'un système de punitions plus discret et inscrit principalement dans une temporalité et une privation de la liberté (...)
[...] Celui subit toute une série d'exactions qui ont pour but de le faire souffrir doucement. Le corps de Damien est montré, traîné, exposé aux yeux de tous. Le secret de la procédure menant à la condamnation s'efface par le visibilité de l'acte de justice lui-même. La souffrance est en effet inhérente à la punition sous l'Ancien Régime : c'est par la marque sur le corps du condamné que la société, et le pouvoir souverain exerce sa supériorité comme une forme de vengeance du non-respect des lois du pays. [...]
[...] On établit alors une sorte de technique de punition qui doit garantir de traiter humainement ceux qui sont hors-la-loi Michel Foucault observe six règles : - Règle de la quantité minimale : un crime est commis parce qu'il produit des avantages. On doit donc introduire une punition plus importance que l'intérêt apporté par le crime pour que celui-ci cesse d'être désirable. - Règle de l'identité suffisante : ce n'est pas la souffrance qui est au coeur de la punition mais l'idée de douleur, de déplaisir. [...]
[...] C'est à dire qu'elle doit prendre en charge le dressage de l'individu, son travail, sa conduite au quotidien, mais aussi sa manière de parler, son avenir. Par la prison, on s'occupe de quelqu'un, on s'assure qu'il ne soit pas un danger pour la société, mais on le punit pas vraiment. La prison contrôle, normalise et resocialise. C'est ce pourquoi elle est omnidisciplinaire et répond à trois grands schémas : le schéma politico-moral de l'isolement individuel et de la hiérarchie. Le modèle économique de la force appliquée à un travail obligatoire. Le modèle technico-médical de la guérison et de la normalisation. [...]
[...] En outre, il s'agira maintenant que le châtiment ( . ) frappe l'âme plutôt que le corps[1]. et par ce phénomène la préférence à la privation de liberté. Il faut punir autrement : Que les peines soient modérées et proportionnées aux délits, que celle de mort ne soit plus décernée que contre les coupables assassins, et que les supplices qui révoltent l'humanité soient abolis[2] Le droit de punir a ainsi été déplacé de la vengeance du souverain à la défense de la société. [...]
[...] Pour conclure, dans un tel contexte, la douceur punitive de l'enfermement n'est pas un progrès vis à vis des supplices pour Foucault, puisque dans la prison d'aujourd'hui est contenu quelque chose d'aussi abominable que la déportation d'hier. Et il ne faut nul doute que l'ouvrage de Michel Foucault est tout à fait actuel, au vue des rappels à l'ordre fréquents des institutions internationales contre la France concernant l'état général de ses prisons. G de Mably, De la législation, Œuvres complètes t IX, p 326 Cf. E. Seligman, La Justice sous la Révolution, T. I et A. [...]
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