A l'ère de la mondialisation et de la croissance socio-économique, le Maroc se singularise par une dualité paradoxale : il est tiraillé entre le confort des traditions et les possibilités de développement que lui offre la modernité. La femme marocaine est l'illustration adéquate de ce clivage : Quelle est sa place dans cette société qui vacille entre conservatisme et ouverture d'esprit ? Quels sont ses rôles ? Comment les hommes la considèrent-ils ? Autant de questions auxquelles Bahaa Trabelsi a essayé de répondre dans son ouvrage Une femme tout simplement.
[...] Commentaires : Ecrit à la première personne, on peut se demander si Une femme tout simplement est un roman autobiographique. Ce qui est sûr en revanche, c'est que la narratrice nous plonge dans sa vie, certes mouvementée, avec une reconstitution chronologique des évènements qui l'ont marqué. En effet, elle nous a décrit les moments tels qu'elle les a vécus et ressentis, selon leur importance, avec des mots simples et beaucoup de lucidité dans le jugement. Il ne s'agit là ni d'un roman moraliste, ni d'un roman didactique mais plutôt d'un roman initiatique, tel Le Candide de voltaire, où les personnages évoluent et font leur apprentissage de la vie. [...]
[...] Elle va même jusqu'à pousser Fadel à épouser celle-ci pour ne pas éveiller les soupçons de son mari et continuer de le voir. Laïla va se voir utilisée et trahie par les deux personnes qu'elle a toujours aimées plus que tout. Quand elle découvre leur manigance, elle reçoit un choc terrible, mais grâce à son optimisme, elle émerge de sa déception et noue une relation basée sur l'amitié avec un collègue de travail. Cette relation débouche sur le mariage et l'héroïne croit avoir enfin trouvé la paix au sein de sa petite famille : son mari, sa belle fille et son nouveau-né. [...]
[...] Il y a aussi le frère de Laïla cache sa haine et n'essaie à aucun moment de discuter avec sa sœur. Il illustre par-làcet aspect de la culture marocaine qui consiste en une grande pudeur vis-à-vis des sentiments et en une quasi-absence du dialogue au sein des familles. En somme, nous voilà face à des personnages qui reflètent le devenir d'une société marocaine en mutation. Dès lors on ne peut que se demander : Qu'est-ce que, concrètement, la modernité marocaine au XXIème siècle ? [...]
[...] Cette période correspond à l'adolescence de la narratrice qui focalise toute son énergie sur son bac et sur une passion inavouée pour Fadel qui a étudié alors en France. Son baccalauréat ainsi décroché, Laïla part faire ses études en France. Durant tout son séjour dans l'hexagone, elle fût ivre de liberté et de curiosité. Après l'idéalisme du militantisme, les déchirures de la passion, la découverte de la sexualité et l'amertume de la solitude, vient l'heure du retour aux sources et de la confrontation à soi-même. [...]
[...] Une voie qui en quelque sorte est le point d'équilibre entre toutes les autres, un point de jonction entre tradition et modernité : elle réconcilie et marie avec brio religion et rationalisme, liberté sexuelle et fidélitéféminité et maternité, travail et famille. Conclusion : Une femme tout simplement est un ouvrage ou Bahaa Trabelsi a manié le verbe au service de l'expression de son vécu, de ses angoisses et de ses espoirs avec sensibilité et une conviction profonde, le tout dans une simplicité qui ne tombe pas dans le piège de la légèreté. [...]
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