Synthèse de l'article : Laurent Mucchielli, « La dissociation familiale favorise-t-elle la délinquance ? Arguments pour une réfutation empirique », 2000
[...] Jusqu'en 1965, les femmes ont besoin de l'autorisation de leur mari pour obtenir un emploi ou ouvrir un compte en banque. En 1967, la loi légalise la pilule contraceptive, mais cette loi n'est votée qu'en 1972. Cela permet une déconnexion entre sexualité et procréation pour les femmes, donc la possibilité d'une sexualité hors mariage. En 1975, l'interruption volontaire de grosses (IVG) est légalisée. Avant, c'est un délit passible de prison. Depuis, l'IVG devient un droit pour la femme dont elle est le seul juge (son époux n'a pas son mot à dire). [...]
[...] Le mariage n'est plus le fondement de la vie en couple. On voit l'émergence de cohabitations hors-mariage. Cette situation est très fréquente dans les classes ouvrières du XIXe siècle, ce qui s'explique principalement par le fait que se marier engage des frais et que les couples font donc le choix de ne pas se marier. Cette situation provoque l'inquiétude des classes supérieures, qui la considèrent comme un problème de société. Une grande partie des classes supérieures assimilent la cohabitation hors mariage et la prostitution. [...]
[...] La mesure de la relation entre dissociation familiale et délinquance est extrêmement variable selon la méthodologie d'enquête retenue. La définition même de la famille dissociée est floue, puisque l'absence de l'un des parents (qui constitue la définition la plus courante) peut avoir des causes qui recouvrent des réalités absolument diverses. D'après une enquête de 1993 sur la santé des adolescents, la famille dissociée n'a qu'une légère influence sur la consommation de drogue, et pas sur le reste des comportements. De même, une enquête de 1992 sur la délinquance auto-révélée montre que la famille dissociée n'a d'impact que sur la consommation de drogue. [...]
[...] Aujourd'hui des enfants naissent de parents non mariés. Par ailleurs, l'âge moyen au premier enfant (28 ans pour les femmes et 30 ans pour les hommes) est deux ans antérieur au premier mariage (30 ans pour les femmes et 30 ans pour les hommes). Il y a aussi une augmentation des familles recomposées. L'INSEE définit une famille recomposée comme une famille au sens de l'INSEE où les conjoints cohabitent avec au moins un enfant d'une union précédente. Dans ce cas, tous les enfants qui résident dans le ménage sont considérés comme appartenant à une famille recomposée (même ceux du couple). [...]
[...] C'est la notion de « devoir conjugal ». Le viol entre époux n'a été reconnu qu'en 1990. Le mariage institue une présomption de paternité de l'époux sur les enfants de l'épouse. Les enfants nés hors mariage sont réputés léser la famille « légitime », c'est-à-dire liée au mariage. Les enfants nés hors mariage touchent une part d'héritage moindre. Dans l'Ancien régime, on parlait des bâtards. Cette inégalité entre les enfants selon leur mode de conception avait été supprimée par la Révolution française puis réinstituée par Napoléon. [...]
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