Philippe Descola, "Gradhiva", "Rétrospections" : fiche de lecture

Résumé du document

Dans cet article, l'auteur effectue une lecture rétrospective de son travail et des raisons qui l'ont amenées à rédiger sa chronique ethnographique, Les lances du crépuscule. Véritable mise à nu, P. Descola analyse toutes les facettes de la démarche ethnographique ; des techniques d'écriture employées et à l'organisation de l'oeuvre, sans oublier le rôle de l'ouvrage dans son parcours et l'objectif de son travail : permettre à un public trop souvent marginalisé de comprendre le fonctionnement de la démarche de l'ethnologue et se familiariser ainsi avec une discipline trop souvent centrée sur elle-même.

Dans cet article, Philippe Descola cherche à montrer que l'écriture ethnographique peut être accessible et adaptée à un public plus large à condition de s'interroger tant sur les intentions recherchées, les modes d'expression appropriés que sur son adaptation sur la forme et le fond. Cette démarche d'ouverture, complémentaire selon lui des ouvrages scientifiques théoriques et spécialisés, mettrait un terme au paradoxe de la discipline. En effet, l'Ethnologie est une discipline paradoxale : enfermée dans des conventions d'écriture rigides et codifiées au sein d'une communauté de chercheurs peu enclins à s'ouvrir au public "profane", l'enjeu de la discipline étant pourtant de comprendre la diversité des sociétés qui nous entourent, celle-ci devrait donc tendre vers un dialogue avec le public.

L'ethnologie est définie, selon l'auteur, comme une discipline poly-fonctionnelle visant "à produire des généralisations valides en comparant des données issues de cultures fortes différentes (...) elle peut à la fois instruire, édifier et distraire, faire oeuvre scientifique et s'interroger sur ces conditions d'exercice, retracer un itinéraire personnel et donner à connaître toute la richesse d'une culture inconnue". L'ethnologue est alors pris dans une "double responsabilité sociale" : d'un côté, un contrat d'ordre moral de respect et de confiance le liant à la société étudiée et aux informations recueillies, l'obligeant ainsi à être le plus juste possible dans la rédaction de ses conclusions ; et de l'autre, un contrat économique et financier, une sorte de dette avec la société qui a subventionné le travail de terrain (...)