Jean-Claude CHAMBOREDON, chercheur et enseignant à l'Ecole des hautes études en Sciences sociales, s'intéresse plus particulièrement à la sociologie urbaine et à la sociologie de la socialisation. En effet, l'article paru en 1971 au sein de la Revue Française de Sociologie intitulé « La délinquance juvénile, essai de construction d'objet » s'interroge sur la notion même de délinquance juvénile et confronte les différentes théories existantes en apportant de nouveaux matériaux. De même, il s'oppose au discours emprunt de psychologie à une fin moralisatrice. L'auteur ne peut traiter ici que de la face visible du phénomène, celle transmise par les institutions (interrogatoire, jugement...).
Par conséquent, il s'agit ici de se demander s'il est possible d' analyser et d'observer « un produit fabriqué comme matériau brut » et d'en retirer un certain nombre d'enseignement concernant l'observation.
[...] De la sorte, Jean-Claude Chamboredon montre l'influence dont dispose les institutions de répression et d'encadrement sur l'instruction d'une affaire. Tel est le cas plus de la police qui exerce une influence sur le destin juridique de l'affaire: selon que celle-ci est jugée bénigne ou grave, elle peut l'enregistrer sur le registre de main courante ( . ) ou au contraire la transmettre au Parquet L'ensemble des spécialistes qui interviennent en qualité d'experts : les psychiatre mais aussi les assistantes sociales disposent d'une légitimité. [...]
[...] Le sujet tel qu'il est construit nous impose un angle d'approche particulier. L'objet: la délinquance juvénile tel qu'il est envisagé par certaines traditions, tout comme le sont les sondages d'opinion, crée des artefacts Par conséquent, l'auteur dans cet article site les différentes analyses (fonctionnaliste, écologiques et interactionnistes) en dévoilant leurs apports mais aussi leurs négligences. Ainsi, il refuse l'idée de carrière délinquante. Il s'oppose donc à la seconde école de Chicago pour qui la déviance suppose l'existence d'un processus de stigmatisation. [...]
[...] Les adolescents des classes défavorisées deviennent fatalistes. Au contraire, les jeunes issus de catégories privilégiées peuvent relativiser un tel jugement. De plus, chaque spécialiste qui intervient au cours d'une même affaire a déjà un dossier préconstruit. Il observe donc à la lumière d'un objet qui a été faussé ce qui trompe à son tour son regard. Un recul devrait alors être opéré. Ces dossiers qui se revendiquent scientifiques et objectifs ne le sont pas. Il s'agit ici, en quelque sorte, d'une imposition de problématique. [...]
[...] L'auteur parle alors des catégories parias c'est-à-dire des catégories les plus basses. Ce sont celles-ci qui doivent faire face aux critiques. Les caractéristiques d'une population varient en fonction du reste de la population avec laquelle elle cohabite. En d'autres termes, la composition de la population exerce une influence sur le taux de délinquance des différents groupes en déterminant le type de groupe qui est en position dominante, c'est-à-dire en mesure d'imposer ses normes comme référence commune Le village ne ferait pas appel à des agents externes de répression étant donné que l'intégration existante permet de repérer les possibles signes d'un passage à la délinquance. [...]
[...] Cependant, l'auteur s'oppose à la thèse selon laquelle la culture des classes populaires produirait naturellement la délinquance parce qu'elle est intrinsèquement contraire aux lois En somme, les délinquants issus des classes populaires seraient déterminés par leur nature. Pour Jean-Claude Chamboredon, la frontière entre le légal et l'illégal, entre le bien et le mal est transmise de façon identique au cours de la socialisation au sein des différente classes. L'individu choisirait d'entrer dans la délinquance en fonction du degré de réussite dans les voies légitimes de succès et du degré d'intériorisation des buts légitimes qu'il soit aisé ou non. [...]
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