Daniel Lepoutre a vécu pendant deux ans dans la cité HLM des Quatre mille à la Courneuve et a enseigné en tant que professeur d'histoire géographie dans un collège voisin. Issu d'une famille bourgeoise de province, l'auteur de Cœur de banlieue, codes, rites et langages nous livre un regard étonnant et innovant sur la banlieue. Loin du regard condescendant des sociologues s'attachant à démontrer les raisons du mal-être ambiant présent dans les banlieues françaises, on découvre une véritable culture des rues où il est question de codes d'honneur, de joute verbale, de compétitions artistiques et sportives.
La méthode utilisée par l'auteur est non moins surprenante puisque son étude est issue d'une recherche ethnographique portant sur une tranche d'âge de jeune de banlieue peu mise en lumière les 10-16 ans. Avec ces derniers le chercheur va nouer de véritables liens.
Toutefois cette méthode dite d'observation participante permet-elle réellement à un chercheur issu de la classe bourgeoise et professeur qui plus est d'être pleinement objectif dans son analyse ?
[...] Issu d'une famille bourgeoise de province, l'auteur de Cœur de banlieue, codes, rites et langages nous livre un regard étonnant et innovant sur la banlieue. Loin du regard condescendant des sociologues s'attachant à démontrer les raisons du mal-être ambiant présent dans les banlieues françaises, on découvre une véritable culture des rues où il est question de codes d'honneur, de joute verbale, de compétitions artistiques et sportives. La méthode utilisée par l'auteur est non moins surprenante puisque son étude est issue d'une recherche ethnographique portant sur une tranche d'âge de jeune de banlieue peu mise en lumière les 10-16 ans. [...]
[...] Pour David Lepoutre un ethnographe s'intéressant aux relations sociales adolescentes dans un grand ensemble de banlieue, s'attache à découvrir dans les faits une dimension culturelle, c'est-à-dire un code de relation, un système de valeurs et des représentations formant un ensemble cohérent ».Sa démarche se distingue alors de celle de la méthode sociologique par son objectif spécifique. L'auteur porte ici un regard critique sur l'approche sociologique qui a tendance à réduire la banlieue à la violence des jeunes qui l'habitent. Il se réfère alors à l'ouvrage de François Dubet, la galère dans lequel l'auteur adopte cette démarche, même s'il en souligne les points essentiels. L'approche sociologique a alors tendance selon lui à se focaliser sur l'origine et les causes de la violence et à éluder complètement sa logique spécifique. [...]
[...] Le jeune a tendance de nos jours à utiliser des mots de verlan pour être chébran D'ailleurs pour définir ce qu'il appelle de la sous culture ou de la culture de rue : ne prend-il pas pour système de référence sa culture dominante; celle d'un enseignant issu de la petite bourgeoisie de province. Son regard prétendument objectif serait marqué alors par la force des choses d'une certaine vision de classe. Mais il ne fait pas oublier que l'ethnographie demeure une science humaine. Le travail de l'auteur ne s'en trouve pas pour autant diminué : l'originalité de sa démarche et l'idée avancée qu'il n'y a pas de fatalité pour un jeune de banlieue est exemplaire en la matière. [...]
[...] Daniel Lepoutre pense quant à lui avoir évité ce piège en étudiant la jeunesse des grands ensembles en prenant en compte l'intégralité des pratiques et des comportements adolescents et non pas seulement ceux qui se rapportent à des formes d'expression positives plus ou moins légitimées. Mais pour ma part il semble avoir oublié que les témoignages qu'il rapporte tout au long de l'ouvrage entre lui et les jeunes adolescents sont faussés par sa position d'enseignant un peu naïf et fraichement arrivé dans la banlieue. [...]
[...] Le caractère éphémère qu'il souligne de cette culture de rue que les enfants laisseront tôt ou tard pour embrasser les goûts et les normes de la société dominante dissipe toute idée reçue que tout enfant né dans la pauvreté est voué au désastre. Toutefois on peut regretter qu'il n'aborde pas véritablement la question des conséquences de la hausse du chômage et de l'appauvrissement qui ont marqué les banlieues ces dernières années sur cette tranche d'âge qui selon l'auteur, à tord ou à raison, va aspirer au même mode de vie que les classes dominantes. [...]
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