La société contre l'Etat est un recueil d'articles et d'études publiés par Pierre Clastres dans lesquels il discute, réfute et renouvelle différentes questions et conceptions inhérentes à l'anthropologie politique. Il s'intéresse particulièrement au pouvoir et à sa définition, à l'organisation ainsi qu'aux conditions de possibilité d'émergence de l'appareil étatique dans les sociétés dites primitives à la lumière de différents exemples issus des sociétés sud-américaines, notamment les Tupi-Guarani (...)
[...] Elles ne sont pas autonomes et pratiquent en grande majorité l'exogamie locale. Celle-ci est à la fois la condition et le moyen pour opérer des échanges et conclure des alliances essentiels à la structure de ces unités ainsi qu'à leur maintien comme telles. L'exogamie est donc un moyen d'alliance politique. Ces réseaux d'alliance constituent un type d'organisation sociale : la structure polydémique, qui engendre des modifications structurelles sur les unités la composant. Ainsi, Clastres montre que l'homogénéité et la stabilité de ces unités sont apparentes et qu'en réalité elles sont d'une grande créativité, ce qu'il illustre également à travers l'étude de l'organisation interne des Guayaki. [...]
[...] Elle sait, par nature, que la violence est l'essence du pouvoir et souhaite le maintenir à l'écart du chef en le contraignant à se mouvoir dans l'élément seul de la parole, extrême opposé de la violence, pour maintenir l'ordre social. Il existe un troisième et dernier moyen grâce auquel la société sans Etat peut empêcher l'émergence de ce dernier : l'inscription sur le corps, grâce aux rites initiatiques, de la loi primitive égalitaire énonçant que tu n'auras pas le désir du pouvoir, tu n'auras pas le désir de soumission et à laquelle tout membre de la communauté est assigné. [...]
[...] Elle impose sa marque à tous les aspects de la vie en société. Il existe également une homologie formelle entre la structure relationnelle de l'échange du gibier et celle de l'échange des femmes : ces deux biens entretiennent avec l'homme une relation médiatisée. Ce double rapport identique et inconscient vient définir la relation des hommes au langage, troisième bien dont l'échange est constitutif de toute société. Celui-ci occupe une position symétrique et inverse aux deux premiers. Ainsi, le langage, en tant qu'instrument de communication, c'est-à-dire d'échange de signes faisant sens pour un émetteur et son récepteur, est transformé par les indiens en chant, moyen constitutif d'une individualité et d'accession à la conscience de soi pour l'homme qui désire échapper à la vie sociale, s'affranchir de sa condition en refusant l'échange qui la fonde. [...]
[...] Présentation de l'ouvrage La société contre l'Etat est un recueil d'articles et d'études publiés par Pierre Clastres dans lesquels il discute, réfute et renouvelle différentes questions et conceptions inhérentes à l'anthropologie politique. Il s'intéresse particulièrement au pouvoir et à sa définition, à l'organisation ainsi qu'aux conditions de possibilité d'émergence de l'appareil étatique dans les sociétés dites primitives à la lumière de différents exemples issus des sociétés sud-américaines, notamment les Tupi- Guarani. Dans ses diverses réflexions Clastres s'attache à démonter et réfuter tout un ensemble de conceptions, perceptions et représentations ethnocentriques (encore empruntes d'un évolutionnisme implicite) des observateurs occidentaux qui, malgré les formulations de l'anthropologie moderne, sont restées intactes et, à l'inverse, réhabilite d'autres données comme les chiffres des premiers chroniqueurs ou les mythes indigènes sur lesquels il se base pour étayer ses démonstrations et développer sa pensée. [...]
[...] Selon Clastres, pour que l'anthropologie sorte de cette impasse elle doit nécessairement renoncer à sa conception exotique des sociétés archaïques par l'exercice d'un regard critique sur elle-même et, les prenant au sérieux doit effectuer une révolution copernicienne pour échapper à l'attraction de sa terre natale et s'élever à la véritable liberté de pensée. Partant, c'est en de nouveaux termes que la tâche de l'anthropologie politique doit se poser et, ainsi, demander : qu'est-ce que le pouvoir politique ? c'est-à-dire qu'est-ce que la société ? et comment et pourquoi passe-t-on du pouvoir politique non coercitif au pouvoir politique coercitif, c'est-à-dire qu'est-ce que l'histoire ? II) La société contre l'Etat Le pouvoir dans les sociétés primitives Le premier objet que ces réflexions ethnocentriques empêchent de réellement penser est le pouvoir dans ces sociétés. [...]
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