City of Quartz Los Angeles, capitale du futur, Mike Davis. Chapitre 4 La forteresse L.A.

Résumé du document

Né en 1946, Mike Davis a un parcours assez atypique : ancien camionneur et ouvrier, il commence tardivement ses études à l'université de Californie où il s'intéresse au marxisme. Il est aujourd'hui professeur de sociologie urbaine et son ouvrage City of Quartz, publié en 1990, a reçu d'emblée la reconnaissance du monde académique américain (il obtient le prestigieux Best Book Award de l'association américaine de science sociale). Cet ouvrage, dont est extrait le chapitre que je vais vous présenter, dresse un portrait à la fois fascinant et inquiétant de la gigantesque métropole de LA. Davis utilise l'image du quartz dans son titre afin de montrer que LA, comme le quartz qui ressemble au diamant sans en avoir la valeur, est la ville du toc, des apparences trompeuses et de l'urbanisme factice.

Extraits

[...] City of Quartz Los Angeles, capitale du futur Mike Davis Chapitre 4 La forteresse L.A. Introduction Né en 1946, Mike Davis a un parcours assez atypique : ancien camionneur et ouvrier, il commence tardivement ses études à l'université de Californie où il s'intéresse au marxisme. Il est aujourd'hui professeur de sociologie urbaine et son ouvrage City of Quartz, publié en 1990, a reçu d'emblée la reconnaissance du monde académique américain (il obtient le prestigieux Best Book Award de l'association américaine de science sociale). [...]

[...] La création du centre d'affaires de LA sur l'ancien quartier populaire de Bunker Hill est révélatrice de cette destruction de l'espace public : les anciennes rues animées de ce centre laissent place à des espaces commerciaux privés, l'accessibilité est fortement réduite grâce à la construction d'une autoroute et de remparts isolant le centre des populations immigrées (indésirables vivant aux alentours). Alors qu'auparavant les urbanistes (comme Olmsted, créateur de Central Park à New York) concevaient les espaces publics comme des lieux de mixité sociale qui réduiraient les risques de soulèvement populaire, les urbanistes contemporains à LA réduisent tout espace de mixité sociale répondant aux attentes de la municipalité et des classes moyennes et aisées qui souhaitent, pour des raisons de sécurité, éviter tout contact avec les couches populaires. [...]

[...] Je trouve dommage qu'il n'ait pas proposé de cartes ou de schémas pour pouvoir plus facilement visualiser ses descriptions (ce qui serait d'autant plus appréciable pour ceux qui ne connaissent pas cette ville). Comme il le dit lui-même, son objectif n'est pas d'établir un panorama exhaustif mais plutôt de convaincre le lecteur grâce à une série d'images et d'exemples, lesquels sont très nombreux et intéressants. Cependant, le ton sur lequel il va décrire LA est loin d'être celui d'un texte académique : il mêle humour, ironie, sarcasme et polémique, on a souvent l'impression de lire un roman (de sciences fiction). [...]

[...] Un urbanisme ségrégé : entre chasse aux indésirables et politique d'enclavement Dans cette guerre des classes, l'enjeu principal est le contrôle de l'espace urbain et plus particulièrement le containement des indésirables, c'est-à-dire des SDF. La municipalité cherche donc à assurer un confinement spatial de ces sans abris jugés dangereux dans un quartier appelé Skid Row. Or aucune politique de logements sociaux où d'aide à ces SDF n'étant mise en place, ce quartier est très vite devenu extrêmement dangereux et les sans abris le quittent donc dès qu'il fait nuit. [...]

[...] Cette ségrégation imposée aux indésirables s'accompagne d'une auto ségrégation croissante des espaces résidentiels aisés (le fameuses gated communities). On assiste en effet à un retranchement des riches, qui, souhaitant vivre dans des quartiers homogènes et isolés des autres (pauvres, populations noires ou hispaniques), se réfugient dans de véritables forteresses : leurs quartiers sont délimités par des grillages et murs, les points d'accès sont contrôlés par des postes de vigie, des patrouilles de police publique mais aussi privée surveillent les rues guettant une éventuelle intrusion, parfois des rues entières sont privatisées. [...]