asile, Etudes sur la condition sociale des malades mentaux et autres reclus, E. Goffman, relations interindividuelles, formation d'une société, malades psychiatriques, vie des reclus
« La nature la plus profonde de l'individu est à fleur de peau : la peau des autres. » Le sociologue Erving Goffman met ici en évidence l'importance des relations interindividuelles dans la formation d'une société ou d'un groupe social. C'est ce qu'il fait dans Asiles alors qu'il étudie les conflits qui opposent dirigeants et dirigés au sein de l'institution totalitaire qu'est l'hôpital psychiatrique.
Erving Goffman naît au Canada en 1922. Il commence ses études de sociologie à Toronto et finit son doctorat à l'université de Chicago, foyer de la sociologie moderne, où il débute sa thèse qu'il soutient en 1953, Communication conduct in an island community, pour laquelle il s'immergera pendant près de deux ans auprès de la communauté Baltasound sur une des îles Shetland pour observer les comportements de la communauté. Pendant son doctorat, Goffman suit les enseignements de Herbert Blumer, un des grands pionniers de l'interactionnisme.
[...] Il n'y aurait donc pas véritablement de comportements innés. Goffman concorde avec ce mouvement dans Asiles, puisqu'il s'emploie, à la fin de son étude, à démontrer que l'individu reclus n'est pas, comme on pourrait le penser au début, le pur produit de l'institution totalitaire qui cherche pourtant à annihiler son individualité, mais bien le 2 résultat du conflit avec celle-ci et de ses espaces de libre arbitre qui lui permettent notamment de développer des relations avec ses détenus. III. Le déroulé de l'oeuvre Asiles se divise en quatre parties: dans la première et la troisième partie, respectivement Les Caractéristiques des institutions totalitaires et La Vie clandestine d'une institution publique Goffman se penche sur l'adaptation au sein de l'institution totalisante. [...]
[...] Discussion critique Goffman semble, tout au long du livre, remettre très peu en doute ses idées. Il semble plus chercher à illustrer ses théories qu'à vérifier des hypothèses, orientant quelque part l'étude dans une perspective assez subjective. En effet, bien que Goffman n'énonce aucune thèse au début de son ouvrage, il n'émet que des observations allant dans le sens de la direction théorique finale vers laquelle semble tendre son étude. En effet, Goffman s'appuie sur session observations propres, accordant donc à celles-ci le mérite d'une véracité certaine. Mais s'agit-il obligatoirement d'une vérité objective? [...]
[...] Ses observations se basent notamment sur la vie quotidienne des 7000 malades au sein de l'hôpital Saint-Elisabeth et sur leurs relations avec l'institution. Au sujet de sa méthode, Goffman explique d'ailleurs Je pense qu'à l'heure actuelle, l'usage le plus adéquat des concepts sociologiques consiste à les saisir au niveau même de leur meilleur application, puis à explorer le champ complet de leurs implications et les contraindre de cette façon à livrer tous leurs sens. L'étude de Goffman est donc purement qualitative, puisqu'elle se nourrit d'observations au plus près de l'objet étudié, mais aussi de références littéraires (Orwell, par exemple) ou d'études sociales, psychologiques, scientifiques ou historiques, à partir desquelles le sociologue émet des analyses. [...]
[...] Dans la première stratégie, le patient peut rarement s'unir aux autres patients. C'est pourquoi la deuxième stratégie est la plus courante: le reclus comprend qu'il est dans son intérêt d'obéir. C'est l'adaptation primaire, qui peut s'accompagner selon Goffman d'adaptations secondaire souvent intégrées, que Goffman définit comme ont ceci de commun avec les adaptations primaires qu'elles acceptent les structures institutionnelles existantes sans faire pression pour un changement radical, et qui peuvent avoir pour fonction évidente d'infléchir des forces qui seraient, autrement, désintégrantes. [...]
[...] Thèse Ce que Goffman commence par démontrer, c'est qu'indépendamment de la maladie mentale des reclus, l'aliénation double provoquée par l'internement et l'asservissement de ceux-ci dans les hôpitaux psychiatriques, ou dans les institutions totalitaires en général, constitue un mal en soi. Ces hôpitaux aggravent plus qu'ils ne soignent la maladie mentale puisque l'individu étant étiqueté comme malade et déviant, il est encouragé à le rester. Au final, ce sont les interactions qui viennent au secours de l'ordre institutionnel de l'hôpital. L'hôpital, bien qu'il tente d'encadrer le moindre aspect de la vie de ses patients, ne peut empêcher les actions spontanées des individus et des sursauts de leur Moi, dans lesquels ceux-ci parviennent à recréer un ersatz de leur vie passée. [...]
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