80 % au bac… et après ? Les enfants de la démocratisation scolaire, Stéphane Beaud, ministère de l’Éducation nationale, système éducatif français, rôle du milieu social, démocratisation scolaire, cursus scolaire
Le titre de l'ouvrage de Stéphane Beaud fait référence à la formule proposée par Jean-Pierre Chevènement en 1985, alors qu'il était ministre de l'Éducation nationale, lorsqu'il affirmait qu'il souhaitait mener « 80 % d'une classe d'âge au baccalauréat ». Cet objectif trouvera réalisation concrète sous Lionel Jospin, son successeur à la tête du ministère de l'Éducation nationale, avec la loi d'orientation sur l'éducation mise en place en juillet 1989, destinée à faire évoluer le système éducatif français vers une démocratisation et à permettre la réussite scolaire et professionnelle du plus grand nombre. De 1985 et jusqu'en 1995 commence donc la période de tous les espoirs pour les sociologues comme pour la population ; espoirs d'un système scolaire qui garantirait une égalité des chances en donnant accès à l'éducation à tous, ceci étant appuyé par des chiffres en nette augmentation : en 1995, 63 % d'une génération a le bac, contre seulement 29,5 % dix ans auparavant. Certes cela apparaît comme très positif, mais un problème se pose.
[...] Par exemple, en 2008, parmi les enfants d'ouvriers qui ont eu leur bac étaient dans une filière générale, contre pour les enfants de cadres supérieurs. Les enfants de cadres sont donc surreprésentés dans les bacs généraux, surtout dans la série scientifique. Ce phénomène de ségrégation qualitative selon l'origine sociale se retrouve avec d'autant plus d'ampleur dans les études supérieures. Les enfants des milieux les plus favorisés accèdent en majorité aux classes préparatoires, grandes écoles ainsi qu'aux BTS et IUT, tandis que les autres se retrouvent dans les domaines les plus accessibles des universités. [...]
[...] D'autre part, pour atteindre cet objectif gouvernemental des d'une classe d'âge au bac les lycées ont dû modifier leur fonctionnement, faisant progressivement baisser les exigences scolaires et ainsi le niveau général. Se multiplient donc certaines pratiques comme une notation plus indulgente, des passages dans la classe supérieure plus faciles, des conseils de classe plus cléments, etc. Il faut désormais que le système scolaire fasse du chiffre Cette diminution du niveau dans les lycées touche plus ou moins certaines filières et certains lycées ce qui creuse les disparités. [...]
[...] Il a notamment contribué à l'œuvre La misère du monde de Pierre Bourdieu. Dans au bac et après ? Les enfants de la démocratisation scolaire, publié aux éditions de la Découverte, le sociologue mène une enquête de terrain : il suit quatre jeunes de Granvelle, quartier défavorisé de Gercourt (Lorraine), des espoirs du lycée au désenchantement de la fac jusqu'à leur insertion professionnelle, et en expose les résultats afin de tirer des conclusions sur les effets de la politique de démocratisation scolaire. Stéphane Beaud utilise une méthodologie spécifique. [...]
[...] Il s'investit de moins en moins dans la vie de la cité, se permettant même des remarques moralisatrices sur ses copains du collège, car ils ne travaillent pas Quatre copains à la fac ou les premiers pas de ces jeunes de cité dans l'enseignement supérieur Stéphane Beaud s'interroge ensuite sur le devenir de ces lycéens de cité dans le supérieur. Pour cela, il va suivre précisément le parcours post-bac de quatre jeunes : Fehrat, Nassim, Djamel et Sabri. Après un lycée moyen, ils ont obtenu un bac B avec des notes plutôt moyennes aussi, un petit bac selon leurs propres mots. La plupart des filles du quartier ont choisi de quitter le domicile familial et d'aller dans l'université principale. [...]
[...] La formule des d'une classe d'âge au bac de Jean-Pierre Chevènement à ses débuts, suscité bien des méfiances. Dans un contexte marqué par le problème du chômage, notamment celui des jeunes, ne s'agissait-il pas là pour le gouvernement, plus que de démocratiser l'enseignement, de différer le début de la vie active afin de juguler l'augmentation des taux de chômage ? Ce sera son successeur, Lionel Jospin, qui lancera la politique de démocratisation scolaire avec la loi d'orientation de juillet 1989. [...]
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