Les violences urbaines ont pu être définies comme suit : « collective, ouverte et provocatrice, elle est à la fois destructrices (incendies d'écoles et d'infrastructures socio-éducatives, rodéos, tapages), émotionnelle, (attroupements hostiles, émeutes), spectaculaire, parfois ludique, très souvent crapuleuse (razzias, vols avec violence, rackets (...), toujours juvénile ». Et L. Bui Trong, (commissaire aux renseignements généraux citée par S. Body Gendrot, p 199 – 200) d'ajouter : « certains délits sont commis en centre ville, dans les centres commerciaux, dans les transports en commun par des bandes mobiles (...) composées essentiellement de jeunes en provenance de banlieues parfois lointaines ; (...) Par ailleurs des phénomènes de type anarchisant, émotionnel, se déroulent au sein de certains quartiers sensibles, de la part de jeunes appartenant en majorité à la seconde génération, agissant sous forme de groupes, instables, éphémères... et développant une sous-culture de quartier hostile aux représentations des institutions ». Si cette définition demande à être nuancée, elle permet de distinguer des nuances spatiales de manifestation de la violence urbaine. En outre, il apparaît que les violences urbaines ne se confondent donc pas avec la simple délinquance, et semblent liées à des points particuliers de l'espace urbain et à des populations à l'habitat également déterminant.
[...] Parallèlement, la rencontre de populations très hétérogènes socialement dans les lieux de passage de la ville de plus en plus nombreux peut également exacerber les oppositions en matière de genre de vie, sensibiliser aux écarts à la norme, alimenter le sentiment d'insécurité. C'est fréquemment le cas dans les centres de loisirs ou centres commerciaux urbains, fréquentés massivement par toute la population urbaine, avec des rencontres parfois violentes. Les Quatre Temps de la Défense où se croisent les consommateurs aisés du Sud ouest de Paris et ceux plus populaires du Nord des hauts de Seine sont le lieux de fréquents affrontements (cf. [...]
[...] Ullman quant à lui met à jour l'existence de centres différenciés. Les modèles de Burgess, Hoyt et Ullman, élaborés dans le cadre de l'école de Chicago, sont de fait partiellement applicables à l'espace français. Ainsi, leur application au cas français de Nantes permet de saisir clairement les mécanismes en jeu et ont largement permis à la discipline de saisir l'existence de formes de ségrégation liées au statut socio économique des populations, ainsi qu'à la partition entre zone d'habitat/zone de travail : on observe clairement une division de l'espace urbain en fonction des activités des populations, mais aussi en fonction du cycle de vie des populations. [...]
[...] La désagrégation de cette société industrielle à la fin des années 70 coïncide avec la désindustrialisation et l'évolution des qualifications, la montée du chômage. D'où des répercussions inévitables sur ces quartiers ouvriers. L'exclusion du travail constitue une forme majeure de ségrégation aujourd'hui dans nombre de quartiers réputés sensibles : à Vaulx-en- Velin des 18 35 ans sont au chômage. On a par conséquent concentration des populations fragilisées, et bien souvent émergence du quartier comme espace redouté de l'extérieur de par ses difficultés économiques. En outre, la pauvreté est souvent considérée comme manque de moyens financiers par rapport à une moyenne. [...]
[...] Des poches de pauvreté aux cités ou quartiers sensibles : une ségrégation multifactorielle 1 Ségrégation et politiques urbaines : l'ambiguïté des politiques de logements sociaux en France. Si l'on s'en réfère à la définition stricte de la ségrégation, il s'agit d'ôter du troupeau c'est-à-dire d'exclure intentionnellement. Cette politique, observable ailleurs, n'a pas été systématisée en France (si l'on exclut les villes coloniales aujourd'hui intégrées dans les DOM où le dédoublement correspond à une volonté ségrégative claire. Exemple : Fort- de-France ou Saint-Denis-de-la-Réunion, opposition des quartiers au plan en damier de la ville coloniale et des quartiers autochtones extérieurs, privés d'équipements, séparés par des éléments naturels comme la Rivière des Noirs à Saint Denis) Toutefois, localement, on peut constater que nombre d'espaces pauvres du tissu urbain français ont été plus ou moins intentionnellement mis à l'écart du reste de la ville. [...]
[...] Existe-t-il un moteur spécifiquement urbain ou local de la montée de la pauvreté et de formes corrélatives de violence ? La ville aux racines de la ségrégation socio-spatiale : le confinement de populations pauvres explicatif des violences urbaines La ville française comme lieu de la division fonctionnelle et du regroupement catégoriel : une ségrégation économique La ville, organisme ségrégatif ? La répartition des fonctions au sein d'une ville paraît répondre d'abord à des exigences techniques. Commerces de détail, équipements rares, bâtiments industriels sont localisés suivant le coût de telle ou telle position et des avantages qu'on peut en retirer. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture