L'action sociale et médico-sociale n'échappe pas au mouvement de rationalisation des politiques publiques. Des nouveaux termes font leur apparition et les pratiques se transforment intégrant le management par projets, les démarches qualité, le pilotage, les contrats d'objectifs, l'évaluation…
Ces évolutions suscitent à la fois des espérances et des craintes. Espérances de voir reconnaître la qualité de son travail, espérance de valoriser de nouvelles pratiques… Mais aussi crainte d'évaluation-sanctions et d'évaluations inadaptées à leur objet d'étude.
Certains y voient l'intrusion de l'Etat néolibéral dans l'action sociale et médico-sociale, d'autres les considèrent comme un moyen de mieux répondre aux attentes des citoyens.
A l'heure où les pratiques sociales s'exercent dans un contexte administratif éclaté entre de multiples partenaires, dans le cadre d'une surproduction réglementaire et d'un empilement d'interventions sédimentées, les évaluer s'avère un enjeu difficile mais absolument nécessaire.
L'évaluation est devenue une référence obligée des conventions et des arrangements contractuels qui accompagnent tout versement de ressources publiques à des opérateurs privés ou publics. L'évaluation est aussi quasi systématiquement prescrite par les textes législatifs ou réglementaires qui instaurent des dispositifs expérimentaux, avec la pérennisation ou la généralisation suspendue à son résultat positif.
L'évaluation n'est ni un outil miracle, ni une "usine à gaz". Tous les jours, nous évaluons nos actions les plus simples de manière empirique. Quand certaines actions sont plus complexes, il nous faut dépasser cette approche et construire des méthodes adaptées.
Les propos qui suivent se proposent d'apporter un éclairage sur l'évaluation dans le champ social, qu'elle porte sur les politiques sociales, les dispositifs sociaux ou les actions sociales locales.
Cet état des lieux s'organise autour de quatre parties.
La première sera consacrée aux finalités de l'évaluation et la seconde à un rapide historique. La troisième partie essaiera de définir ce qu'est une évaluation et la quatrième et dernière partie s'attachera au choix des méthodes et aux modalités pratiques de sa conduite.
[...] Impact : c'est la mesure des résultats obtenus qui ne sont pas directement liés aux objectifs fixés. Il peut s'agir des résultats qui n'avaient pas été anticipés comme de l'analyse de ce qui aurait pu se passer en l'absence de l'action. Evaluation formative : évaluation visant à améliorer un dispositif ou une politique Evaluation sommative : évaluation visant à décider de la prolongation ou de l'arrêt d'une action, d'un programme ou d'une politique. [...]
[...] Sans nier la difficulté à mettre en œuvre la participation généralisée des usagers, on observe que le simple fait de considérer les personnes bénéficiaires des politiques sociales comme des citoyens enclenche leur participation. Si interroger les bénéficiaires d‘une action ou d'une prestation sur leur niveau de satisfaction est un critère à prendre en compte, on s'attachera à ne pas confondre celui-ci avec une réelle participation qui suppose une démarche active. La communication des résultats : Les résultats d'une évaluation font généralement l'objet de deux documents distincts. L'un, global, constitue le document de référence. Il restitue les objectifs de l'évaluation, la démarche, l'essentiel des résultats et une conclusion. [...]
[...] Un décret du 26 novembre 2003 a créé le Conseil National de l'évaluation sociale et médico-sociale. (CNESMS) qui est chargé d'élaborer des référentiels et de faire des recommandations en matière de bonnes pratiques. Le CNESMS devra également rendre un avis sur les organisations habilitées à pratiquer les évaluations externes. La loi fait aux établissements et services une double injonction : mettre en œuvre des démarches qualité et procéder à l'évaluation de leur activité et du service rendu. Pierre SAVIGNAT(1), dans un récent article, soulignait à quel point ces deux démarches sont différentes dans leurs logiques, leur formulation et leurs méthodes et plaident en faveur d'une adaptabilité de ces outils aux spécificités du secteur médico-social. [...]
[...] L'évaluation est également un processus d'apprentissage collectif. Associer les acteurs d'une politique publique à son évaluation c'est les aider à comprendre sa logique et ses objectifs. Enfin, l'évaluation est un facteur de construction d'une représentation convergente des différents acteurs, dans le cadre de politiques ou de dispositifs qui associent de plus en plus fréquemment plusieurs partenaires, parce qu'elle reconnaît la pluralité des systèmes de valeur. Enfin, l'évaluation permet de créer les conditions de l'innovation en favorisant l'adaptation des politiques aux besoins des publics. [...]
[...] On voit que l'on s'éloigne d'une définition positiviste de l'évaluation, fondée sur le rapport de causes à effets de deux phénomènes en s'ouvrant aux apports d'une réflexion constructiviste et d'une pensée systémique, seule possibilité d'appréhension des situations complexes et non-modélisables (cf encart page). Ainsi, Jean Michel BELORGEY peut-il écrire de l'évaluation dans sa préface à l'ouvrage de G.CAUQUIL[13] "C'est avant tout de dire ce qui se passe, ce qui naît, en rapport bien sûr avec ce qu'on voulait ou prétendait vouloir faire naître, mais aussi, ce n'est pas moins important, sans rapport avec ce qu'on avait, à priori en tête. Dire, non pas dans une forme politiquement descriptive, mais en identifiant ce qui fait sens, et ce qui ne le fait pas. [...]
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