La situation que je vais présenter se passe au sein d'un collège du 12e arrondissement de Marseille, en début d'après-midi. Nous recevons ce jour, ma formatrice terrain qui est assistante sociale et moi-même, le père d'un élève. Nous l'avions convoqué suite à un vol de portable que son fils âgé de 12 ans a commis au sein de l'établissement. Le matin même les surveillants du collège ont vu l'enfant et ont discuté avec lui. Selon les dires des surveillants l'enfant a été puni par son père, il lui a rasé le crâne et l'a obligé à apprendre des sourates du Coran par cœur la veille durant toute la soirée avant qu'il aille se coucher.
Nous accueillons ce père dans le bureau du service social en faveur des élèves pour l'informer sur les agissements de son fils et sur les mesures qui ont été prises par le CPE au niveau de la sanction de ce dernier, à savoir 3 jours d'exclusion et un travail écrit à rendre. Cet entretien était aussi un espace de parole pour ce père afin de réfléchir avec lui sur les causes d'un tel agissement de la part de son fils. Ce père nous répond qu'il est d'accord sur le principe de la sanction donnée par l'établissement, et dit avoir déjà été mis au courant de celle-ci. La sanction est écrite sur le carnet de correspondance de l'enfant par le conseiller principal d'éducation.
Nous profitons de ce moment pour lui dire que les surveillants ont vu son enfant ce matin le crâne rasé, et nous lui en demandons les raisons.
Ce monsieur nous répond alors, qu'il a rasé la tête de son fils, parce que « son fils est un voleur », il rajoute qu'il a également « obligé » son enfant à apprendre des sourates du Coran par cœur, pour selon lui « se faire pardonner auprès d'Allah ».
Nous demandons à ce père les raisons de cette punition et pourquoi il n'a pas opté pour une punition plus « appropriée ». Il nous explique que dans son pays c'est de cette façon que sont traités les voleurs « en Algérie le fait de raser le crâne à quelqu'un qui a commis un vol est un signe de reconnaissance ».
Après ces explications nous concluons l'entretien en précisant à ce monsieur que ses choix éducatifs lui sont propres, mais que la protection de l'enfance est la mission première du service d'où notre positionnement et nos questions par rapport à ses agissements envers son fils.
[...] La tonte et l'obligation de lire un recueil religieux en font-elles partie ? L'interprétation est vaste. Est- ce sadique ? Méprisant ? Les interprétations peuvent être nombreuses suivant les personnes. Ainsi d'autres définitions m'ont paru importantes à analyser. Selon l'Article 19 de la Convention Internationale des droits de l'enfant - (20 novembre 1989), la maltraitance renvoie à toute forme de violences, d'atteinte ou de brutalités physiques et mentales, d'abandon ou de négligences, de mauvais traitements ou d'exploitation, y compris la violence sexuelle. La encore, plusieurs interprétations sont envisageables . [...]
[...] L'action sociale au profit des élèves se situe dans le cadre d'un renforcement général du dispositif de prévention. Elle constitue un moyen privilégié pour lutter contre les inégalités et faciliter, si besoin est, une intervention précoce d'autres services spécialisés (extrait du projet de service du service social en faveur des élèves) De ce fait, l'action sociale fait partie de la politique éducative de l'Education Nationale, elle a pour objectifs généraux la réussite scolaire et la lutte contre les inégalités. Ses missions consistent à : - contribuer à aider l'élève à construire son projet personnel qui a pour objectif général l'entrée aussi satisfaisante que possible dans la vie adulte sous ses aspects professionnels, sociaux et personnels. [...]
[...] N'est-ce pas la définition la plus appropriée ? Ainsi, à travers ces différentes définitions, on se rend bien compte de la subjectivité de chacune. Il y a un certain libre court à l'interprétation. L'enfant qui a subi une tonte et qui a dû apprendre des sourates du Coran par cœur pourrait être considéré comme une forme de violence psychologique pour l'enfant ; cependant un parent a le droit de faire ses propres choix éducatifs, culturels et religieux. C'est pourquoi il est important d'exposer ce droit et le mettre ainsi en tension avec celui du droit de l'enfant. [...]
[...] Nous l'avions convoqué suite à un vol de portable que son fils âgé de 12 ans a commis au sein de l'établissement. Le matin même les surveillants du collège ont vu l'enfant et ont discuté avec lui. Selon les dires des surveillants l'enfant a été puni par son père, il lui a rasé le crâne et l'a obligé à apprendre des sourates du Coran par cœur la veille durant toute la soirée avant qu'il aille se coucher. Nous accueillons ce père dans le bureau du service social en faveur des élèves pour l'informer sur les agissements de son fils et sur les mesures qui ont été prises par le CPE au niveau de la sanction de ce dernier, à savoir 3 jours d'exclusion et un travail écrit à rendre. [...]
[...] Souvent la punition sera prise, non pour réparer, mais pour accentuer la culpabilité ou servir d'exemple. En effet, dans la situation présentée l'enfant reçoit une sanction de l'école car elle est une référence éducative qui place l'élève devant sa responsabilité. Cette sanction est doublée d'une punition du père qui ne fait qu'accentuer la culpabilité de son enfant. La punition est ainsi perçue comme une sanction majorée. La punition est prise le plus souvent non en fonction de ce qui s'est passé, mais en fonction du retentissement, de la résonnance chez celui qui découvre la transgression. [...]
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