Travail écrit en Sociologie des sciences, de l'expertise et de la quantification
[...] De fait, pour pouvoir apprécier sociologiquement cette affaire, il semble judicieux de l'appréhender comme un « fait social total » pour reprendre l'expression popularisée par Marcel Mauss dans la mesure où le droit, l'économie, le politique et évidemment la sociologie des sciences peuvent s'imbriquer pour améliorer notre compréhension. Toutefois, l'affaire dite de « l'amiante » doit nécessairement être envisagée dans une posture plus globale, en prenant en compte l'ensemble des affaires de santé publique pour pouvoir apprécier ses conséquences sur l'ensemble des catégories sociales dans une société comme la France. [...]
[...] Ainsi, pour Cyril Lémieux, « affaires, scandales, polémiques et controverses sont envisagés ici comme des « moments effervescents » au sens de Durkheim ou, si l'on préfère, comme des occasions pour les acteurs sociaux de remettre en question certains rapports de force et certaines croyances jusqu'alors institués, de redistribuer entre eux « grandeurs » et positions de pouvoir, et d'inventer de nouveaux dispositifs organisationnels et techniques appelés à contraindre différemment leurs futures relations » (Lemieux, 2007). Dès lors, en ce qui concerne l'affaire de l'amiante, il y eu bien un rapport de force entre deux acteurs sociaux, l'un scientifique, l'autre davantage liés à des intérêts politico-économiques. [...]
[...] Dès lors, il est intéressant de voir en quoi l'affaire dit « de l'amiante » a pu être aussi importante et exposé médiatiquement en France au milieu des années 1990, tant elle se replace dans un contexte plus général d'affaire de santé publique avec le sang contaminé puis le scandale de la vache folle qui ont caractérisé ces années et cristallisant une population spécifique qui fait office de catalyseur du danger représenté par l'amiante. Ce propos est ainsi corroboré par Emmanuel Henry. [...]
[...] Finalement, il aura fallu attendre 1996 pour clore la controverse scientifique sur cette question. En effet, et Annie Thébaud-Mony le montre, « dans la mise en évidence de ce scandale de santé publique, la revue de littérature scientifique, menée en 1996 dans le cadre d'une expertise collective INSERM, a mis un terme en France à la controverse qui opposait, depuis plus de dix ans, les scientifiques cooptés par les industriels dans le cadre du Comité permanent amiante (CPA) et la seule équipe CNRS (dirigée par Henri Pézerat) engagée depuis la fin des années 1970 dans une démarche d'identification des mécanismes de cancérogenèse des fibres d'amiante » (Thébaud-Mony, 2010). [...]
[...] Sujet : Travail écrit en Sociologie des sciences, de l'expertise et de la quantification * Fait d'actualité : L'affaire de l'amiante Selon Emmanuel Henry, dans un livre qui a fait date sur la question du scandale dit « de l'amiante », « le 31 mai 1995, plusieurs millions de téléspectateurs et centaines milliers de lecteurs de quotidiens apprennent simultanément que la France est frappée par un nouveau scandale de santé publique. ( . ) L'amiante ( . ) fait figure d'accusé : ce cancérogène a été massivement utilisé en France sans que l'on prenne garde à ses dangers et, pire, alors même qu'ils étaient connus » (Henry, 2007). Ainsi, à la lumière des propos de cet auteur, il va être intéressant, dans l'analyse qui va suivre, de voir en quoi ce fait d'actualité a suscité des débats, des polémiques, voir des controverses. [...]
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