A Moscou, en 1905, un groupe de révolutionnaires projette d'assassiner le Grand Duc qui règne en despote. Kaliayev lance la bombe. Camus en a fait le sujet de sa pièce Les Justes. Aussi, Kaliayev souligne l'ambiguïté de la notion de violence qu'incarne son acte. Avait-il raison de commettre cet attentat? Le lecteur en ne sachant que trancher souligne le caractère profondément ambivalent de la violence, qui ne saurait être décrétée comme légitime ou illégitime, raisonnable ou irraisonnable.
Cette dualité s'est ressentie tout au long de l'histoire. Retracer l'histoire de l'humanité, c'est être confronté à l'omniprésence de la violence. La violence est un dénominateur commun de l'histoire universelle. Pourtant, en dépit de son caractère récurrent, celle-ci ne peut dans la conscience collective, arborer le caractère de la raison. En effet, face à la violence chacun perçoit qu'il est confronté à un interdit. Toutefois, ce rapport de l'homme à la violence est beaucoup plus ambigu et complexe qu'il n'y paraît, en témoigne la pièce d'Albert Camus. Le rapport de l'homme à la violence est ambivalent, mélange d'attirance et de répulsion. Cela incite à nuancer l'idée d'un rejet unanime de la violence, approche se relevant bien trop naïve selon Freud. En effet, l'homme serait pourvu d'une tendance spontanée, innée et autopropulsée à l'agressivité.
Eut égard à cette double attitude de l'homme, les normes d'appréciation de la violence ont varié considérablement en fonction des époques et des cultures, plutôt dans le sens d'un refoulement de cette dualité, pour employer un terme freudien. Aussi, le terme violence est perçu à l'aune de son acception originelle qui vient du latin violare signifiant porter atteinte, attaquer, transgresser. La violence est impatience, déchaînement du désir, colère au service des instincts et se traduit par un abus de la force. A ce sens négatif, se sont accolés de multiples formes de violence : violence verbale, morale, physique, psychologique ou encore symbolique. Toutefois, est à établir ici une distinction entre deux types de violence, privée et collective. La définition donnée s'applique précisément à la violence privée et l'interdit de la violence est amplement perçu dans son acception individuelle. Se pose alors la question de savoir si la violence collective peut être légitimée par le nombre et si des raisons peuvent être invoquées quand il s'agit de formes collectives de violence.
Raison et violence ; ces deux notions semblent à première vue s'opposer puisque la raison permettant l'établissement de la vie en collectivité suppose à fortiori une renonciation à la violence toutefois, observer un rapport entre raison et violence naît de la polysémie du terme violence, mais également des multiples significations du mot raison. Pouvoir de distinguer le bien du mal c'est-à-dire de juger au pouvoir de justifier une action ou encore Raison d'Etat sont autant de sens de ce mot. La possibilité d'établir un lien entre ces deux notions d'apparence antithétiques et admettre que la violence puisse avoir raison ou non se mesure alors en fonction du sens attribué à ses termes. Aussi bien que la violence soit marquée par l'interdiction, notamment législative, si l'on se réfère à ces critères pour apprécier de la rationalité de la violence, celle-ci peut arborer les caractéristiques d'un moyen de revendication légitime.
A l'aune des différents sens invoqués ne peut-on pas lui reconnaître qu'elle puisse avoir raison ou à défaut de ne pas avoir raison, des raisons ?
En effet, l'une des raisons de la violence souvent invoquée par ceux qui l'utilisent est justement d'avoir raison de la violence, en témoigne l'acte du protagoniste des Justes.
Dès lors, la raison qui implique une distance à l'immédiateté, une faculté de jugement autant que de discernement s'oppose au caractère arbitraire et imprévisible, pour reprendre les termes d'Hannah Arendt, de la violence. Pourtant, le processus historique de la violence tend à prendre en compte l'éventualité d'une violence, sinon raisonnable, au moins raisonnée de telles sortes que si la violence n'a pas peut être pas raison, elle peut en revanche avoir des raisons.
[...] Le rapport de l'homme à la violence est ambivalent, mélange d'attirance et de répulsion. Cela incite à nuancer l'idée d'un rejet unanime de la violence, approche se relevant bien trop naïve selon Freud. En effet, l'homme serait pourvu d'une tendance spontanée, innée et autopropulsée à l'agressivité. Eut égard à cette double attitude de l'homme, les normes d'appréciation de la violence ont varié considérablement en fonction des époques et des cultures, plutôt dans le sens d'un refoulement de cette dualité, pour employer un terme freudien. [...]
[...] A l'aune des différents sens invoqués ne peut-on pas lui reconnaître qu'elle puisse avoir raison ou à défaut de ne pas avoir raison, des raisons ? En effet, l'une des raisons de la violence souvent invoquée par ceux qui l'utilisent est justement d'avoir raison de la violence, en témoigne l'acte du protagoniste des Justes. Dès lors, la raison qui implique une distance à l'immédiateté, une faculté de jugement autant que de discernement s'oppose au caractère arbitraire et imprévisible, pour reprendre les termes d'Hannah Arendt, de la violence. [...]
[...] La violence symbolique telle qu'elle est utilisée par Raymond Aron dans Paix et Guerre entre les Nations, a une autre signification que celle de Bourdieu. Pour Aron la violence symbolique est une capacité de violence affichée dans le cadre des relations internationales et dont l'affichage suffit à contraindre sans en faire usage ; le symbole suffisait le passage à l'acte n'était pour ainsi dire jamais nécessaire. C'était par exemple le cas durant la Guerre froide, chacun des deux grands à savoir les États-Unis et l'URSS Union des Républiques Soviétiques Socialistes, disposait de la bombe nucléaire, ce qui excluait toute possibilité à un conflit armé. [...]
[...] La violence peut-elle avoir raison ? A Moscou, en 1905, un groupe de révolutionnaires projette d'assassiner le Grand Duc qui règne en despote. Kaliayev lance la bombe. Camus en a fait le sujet de sa pièce Les Justes. Aussi, Kaliayev souligne l'ambiguïté de la notion de violence qu'incarne son acte. Avait-il raison de commettre cet attentat ? Le lecteur en ne sachant que trancher souligne le caractère profondément ambivalent de la violence, qui ne saurait être décrétée comme légitime ou illégitime, raisonnable ou irraisonnable. [...]
[...] En effet, au moment où Kaliayev refuse de jeter la bombe à la vue d'enfants près du convoi ducal, celui-ci met en exergue que bien que la violence soit raisonnée, on ne peut savoir si elle a raison. Comment sortir de ce paradoxe ? Répondre par oui, ou par non serait trop dangereux, car il remettrait en cause à la fois le cadre répressif de l'Etat et pourrait justifier des actes de revanche. Ainsi, le verbe pouvoir semble le terme le plus approprié. [...]
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