On définit comme gang (ou mara) l'association de personnes qui vivent en marge de la loi, en tirant profit d'activités délictueuses ou criminelles.
En Amérique centrale, plus de la moitié de la population a moins de 24 ans. La majorité de ces jeunes sont issus de familles aux revenus économiques faibles et dont l'opportunité d'accéder aux services de santé et d'éducation est moindre. Cette situation diminue donc leurs chances d'obtenir un emploi relevant du secteur formel de l'économie. Beaucoup d'entre eux proviennent, par ailleurs, de foyers déstructurés où ils souffrent de violence intrafamiliale. Afin d'aider leurs familles financièrement, nombreux sont ceux qui se sont vus dans l'obligation d'abandonner l'école pour exercer une activité rémunérée, quelle qu'elle soit, particulièrement dans la rue où ils sont, là aussi, abusés et maltraités. Intégrer un gang devient donc une option de survie. Ce contexte d'abandon social fait partie des causes à l'origine des maras en Amérique centrale. Aborder le problème de la violence juvénile ainsi que le contexte social qui l'entoure devient donc une tâche complexe ; ce pourquoi je présenterai ce thème en exposant ses différentes facettes.
[...] afin de proposer à ces jeunes de réelles possibilités d'éducation. Il est nécessaire que les programmes d'insertion soient de longue durée et encadrés par des équipes de professionnels : sociologues, psychologues, travailleurs sociaux, enseignants, éducateurs spécialisés et de nombreux experts qui participent à la reconstruction du tissu social. D'autre part, les réponses à apporter aux pays les plus touchés par le phénomène des gangs ne peuvent pas être générales mais adaptées à chaque pays car chaque Etat doit analyser son propre environnement, ses politiques publiques, ses carences, son système judiciaire et miser sur la prévention plus que sur la répression. [...]
[...] En réponse au tout répressif de l'Etat, des associations qui tentent d'aider les pandilleros à trouver des alternatives à leurs activités délictueuses se créent aux Etats-Unis et en Amérique centrale. On peut, à titre d'exemple, citer l'action de : - Homies Unidos : fondée par d'anciens mareros, cette association travaille à la réinsertion de jeunes délinquants sans leur imposer comme préliminaire d'abandonner leur bande. Elle est présente à Los Angeles et à San Salvador, - Homeboys Industries : fondé par le père Greg Boyle, un jésuite vivant depuis des années en contact quotidien avec les jeunes délinquants de Los Angeles, parmi lesquels il a gagné le surnom de Big G. [...]
[...] D'autre part, on assiste dans les années 90 à une déportation massive de jeunes, qui vivaient en situation irrégulière aux Etats-Unis, à leurs pays d'origine : zone fragilisée par des années de guerre civile et qui entame progressivement sa transition vers un régime démocratique. En effet, comme le constate P. Rivelli, la position hégémonique à laquelle sont parvenues en moins d'une décennie la Mara 18 et la Mara Salvatrucha font de l'expansion de celles-ci un trait marquant de la situation centraméricaine. [...]
[...] D'autre part, les assassinats de jeunes appartenant aux gangs font désormais partie du paysage urbain centraméricain. Les autorités attribuent ces crimes à des règlements de comptes ou à des vengeances personnelles entre maras mais ces décès s'inscrivent en fait dans le programme de limpieza social mené par divers groupes paramilitaires qui revendiquent ces assassinats, comme au Guatemala par exemple (doc. 1). Quant à ceux qui se font incarcérer, le sort qui leur est réservé à l'intérieur de la prison diffère peu de la rue : jeunes calcinés, assassinés, torturés Les mareros demandent donc aux autorités l'amélioration de leurs conditions de détention ainsi que le transfert des bandes rivales à d'autres centres de réclusion. [...]
[...] Pourquoi l'Amérique centrale ? Afin de mieux comprendre la formation et le développement des gangs dans cette zone, il est intéressant d'observer sa géopolitique. Les années de guerre civile ont laissé des traces, la violence y demeure endémique ; les milliers d'armes toujours en circulation se vendent à des prix dérisoires, il s'agit d'une région surpeuplée, le chômage et la consommation de drogue augmentent, etc. Tel est le tableau qui s'offre aux jeunes centraméricains. On comprend alors qu'il règne chez la population un sentiment d'impuissance et l'absence d'alternatives économiques et politiques contribue à faire de l'émigration la seule issue possible. [...]
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