Le travail comme moteur d'intégration sociale et les autres formes de solidarité

Résumé du document

Dans une société où plus de 90 % des actifs sont des salariés, le travail semble au coeur de l'intégration sociale. Cette dernière est caractérisée par la densité du lien social qui lie les individus ; le lien social est alors tout ce qui lie les individus et leur permet de vivre ensemble autant sur le plan économique que social, politique ou culturel.

A l'heure où le travail est remis en cause, il n'en reste pas moins un facteur essentiel de l'intégration sociale de l'individu et constitutif de l'identité de l'individu particulièrement à l'âge adulte. Nous verrons, cependant, qu'il n'est pas le seul facteur d'intégration sociale et que d'autres formes de solidarités se veulent elles aussi fondamentales (...)

Extraits

[...] Mais, au cœur de l'intégration sociale de l'individu, deux facteurs, deux instances sont essentielles : le droit et l'Etat. L'Etat par ses politiques d'intégration va favoriser ou non celle de l'individu. Si les Etats Unis mettent en avant le multiculturalisme pour mieux intégrer les individus selon leur diversité culturelle, d'autres pays à l'image des Etats Unis également ou des pays européens mettent de plus en plus dans leur discours politique la notion d'équité en avant ; l'équité est un nouvelle notion porteuse d'une autre conception de la justice qui reconnaît que les inégalités peuvent être justes si elles sont organisées de façon à ce que les plus défavorisés puissent en attendre le plus grand bénéfice attendu et qu'elles soient ouvertes à des positions et à des fonctions ouvertes à tous conformément à l'égalité équitable des chances. [...]

[...] Enfin, le travail est également constitutif de l'identité de soi pour soi et aussi pour les autres (perception des autres). Le processus de socialisation qui consiste à transmettre des normes et des valeurs à un individu par la Société ou par un groupe en vue de l'intégrer à la Société est un processus qui dure toute la vie et qui, à l'âge adulte, se fait essentiellement par le biais du travail. Pour Robert Castel, la zone d'intégration correspond à un emploi stable (CDI) et à un réseau de sociabilité dense ; ainsi, le travail est le seul qui peut permettre la combinaison de ces deux éléments. [...]

[...] C'est pourquoi il est essentiel de ne pas laisser à l'abandon d'autres formes de solidarité essentielles. En effet, existent d'autres formes de solidarité qui jouent un rôle de cohésion sociale au sein de la Société. Tout d'abord, rappelons l'importance de la famille, première instance de socialisation ; c'est elle, avant le travail, qui nous transmet des valeurs telles que la religion, par exemple, qui nous façonne une identité à travers divers mécanismes : l'apprentissage, l'inculcation, la transmission, l'intériorisation, l'identification. Si les relations avec des membres du travail sont importantes, le lien de parenté reste celui auquel on fait le plus appel : la famille remplit en effet le rôle de tisser le lien social. [...]

[...] C'est d'ailleurs cet ensemble cohérent qui aurait permis au modèle tayloro- fordiste de fonctionner. Les salariés sont donc amenés à travailler ensemble, mais, aussi à s'entraider et à développer des relations de coopération. Ils apprennent alors à se connaître et remarquent leurs modes de vies semblables : même revenus, même niveau de vie, des pratiques culturelles communes. Le travail permet alors de produire des identités collectives et les collègues ne sont plus simplement des partenaires de travail mais deviennent des amis. [...]

[...] Ainsi, une personne qui n'a pas de travail et qui ne vit que grâce aux indemnités chômage, par exemple, ne pourra pas avoir accès aux normes de consommations collectives et aller comme elle le souhaiterait au cinéma ou pratiquer des activités culturelles ou associations qui lui permettraient pourtant de rencontrer des personnes et donc de s'intégrer plus directement à la vie sociale. De plus, le travail est lieu de relations sociales multiples. Il permet, en effet, de rencontrer des personnes. Il n'a donc pas qu'un aspect économique puisqu'il permet de se créer un réseau de sociabilité. [...]