Dans la représentation commune, le toxicomane est un individu profondément irrationnel car il est dépendant d'un produit pour son bien-être physique et intellectuel. Les drogues, licites telles l'alcool ou le tabac, ou illicites telles le cannabis ou l'héroïne modifient l'activité mentale et les sensations de l'individu par l'effet crée sur le système nerveux. Le comportement des consommateurs de drogues est donc sous l'effet de l'addiction, d'une dépendance plus ou moins aliénante.
En favorisant leur plaisir immédiat sans penser aux conséquences néfastes de leur comportement sur leur avenir, les drogués semblent emportés dans une spirale infernale où la rationalité n'existe plus. Pourtant, l'individu est-il incapable de modérer ses pulsions ? Chez un individu sous l'emprise de la drogue, la fluctuation de sa consommation, de la première expérience à l'arrêt, est-elle choisie de façon raisonnée selon un calcul de type coût/avantages ?
[...] En effet, essayer une drogue est un comportement profondément appris et communiqué d'une personne à une autre. Ainsi, des études ont montré que la majorité des premières expériences de consommation se font sous l'influence d'un ami. Comme une maladie contagieuse, l'épidémie de prise de drogues se répand, sans véritable choix et rationalité de la part de l'individu. Le crack, drogue encore inconnue il y a une vingtaine d'années, s'est propagé, telle une épidémie avec personnes infectées et contagion de personnes proches. [...]
[...] Il est alors possible d'expliquer certains comportements de drogués : la variation de la consommation de drogues en fonction des prix, de l'importance accordée au futur et de la consommation antérieure de drogues. La consommation de drogues varie au cours de la vie d'un individu ; pour Becker et Murphy, elle dépend des variations des prix de la drogue. Ainsi, l'individu ajuste sa consommation et réagit par rapport aux prix futurs. Il est donc rationnel et effectue une analyse de type coût/avantage. [...]
[...] Pour Orphanidès et Zervos, les oscillations brutales de choix peuvent ainsi être le reflet de changements de moi Le consommateur de drogue est, à l'extrême, myope, puisqu'il n'est pas capable, comme un individu rationnel, de prévoir les conséquences futures de sa consommation présente. Dans cette vision, il est difficile d'affirmer que chaque consommateur de drogue effectue un calcul de type coût/avantages face à sa consommation. La thèse de l'addiction rationnelle permet d'appréhender le comportement des consommateurs de drogues : chaque individu n'est pas foncièrement enfermé dans une spirale infernale, il reste capable de raisonner. Le prix des drogues l'oblige ainsi à calculer le coût de sa consommation par rapport à l'exaltation qu'il en retire. [...]
[...] Ainsi, un consommateur qui ne s'inquiète que très peu de son avenir consommera de plus en plus de drogues afin de préserver constamment son degré de satisfaction instantanée. Il ne s'attache pas aux conséquences futures de sa consommation puisqu'il discrédite son avenir, ni au fait qu'il devra consommer plus demain pour avoir la même satisfaction qu'au présent. L'individu qui accorde peu d'importance à son avenir a ainsi plus de risques à la consommation de drogues. Pour Becker et Murphy, un individu est temporellement cohérent. [...]
[...] Ce temps est difficilement compatible avec d'autres activités " normales Une certaine spécialisation dans les activités liées à la drogue est alors la conséquence de l'addiction. Revenir à la vie normale est plus qu'un choix libre et rationnel : il est difficile pour des personnes sous l'emprise de drogues, déconnectées de la société. Le choix rationnel et optimal de l'arrêt de consommation de drogues est donc remis en question. Le regret est inexistant pour les individus du modèle beckerien : ils déterminent et assument la prise de drogues. [...]
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