Le système de santé américain fait aujourd'hui l'objet de débats, tant aux États-Unis du fait de l'intention du président Obama de donner une couverture maladie aux 46 millions de ses concitoyens qui en sont aujourd'hui dépourvus, qu'en Europe, où la mutualisation du risque fait partie depuis longtemps du socle sociopolitique.
Dans une France où l'on semble s'étonner des possibles limites à la générosité de l'État-providence, le système américain paraît incompréhensible non seulement dans son organisation, de fait complexe, mais encore dans ses fondements philosophiques et politiques, c'est-à-dire dans ses ressorts culturels.
Les États-Unis consacrent plus de 17 % de leur PIB à la santé, là où les Français dépensent 11 % d'un PIB au demeurant inférieur par tête. Si les indicateurs de santé des Américains – espérance de vie, décès prématurés, mortalité infantile, etc. - étaient supérieurs ou simplement équivalents, leur système pourrait simplement être jugé onéreux et inéquitable. Mais la situation est plus grave encore ; bien que leur système soit le plus coûteux du monde, les concitoyens de Barack Obama n'en tirent pas un meilleur état de santé.
[...] Il est donc inexact de dire que le financement du système de santé américain est exclusivement privé. Au contraire, la part de financement public assurée par le gouvernement fédéral ou par les Etats, ne cesse de progresser : elle ne dépassait pas 25% en 1960 et compte pour plus de 45% aujourd'hui. Mais la majorité des financements, comme la majorité des acteurs, demeurent privés. Medicare couvre les Américains de plus de 65 ans, certains handicapés, et les insuffisantes rénales chroniques. [...]
[...] Barack Obama en a fait un des thèmes forts de sa campagne et l'un des enjeux décisifs des premiers mois de son mandat. Les alternatives envisagées allaient d'un système entièrement public à une totale délégation à des opérateurs privés. Le projet de loi dont débattent les parlementaires à l'automne 2009 âpre, mobilise tout ce que Washington compte de lobbyistes et de considérables moyens financiers investis en spots TV et en pleines pages de journaux. Il porte sur deux questions majeures : qui va payer ? Qui va gérer ? [...]
[...] Mais ces établissements prestigieux, au plus haut niveau de la qualité et du progrès en matière de soins, peinent à accueillir des patients sans couverture maladie, ou à la couverture limitée, ne prenant guère en charge les soins complexes ni les actes onéreux, s'en tenant à une liste restrictive d'interventions et de médicaments. De même, les patients ambulatoires assurés par une HMO se voient souvent refuser la prise en charge d'un acte ou d'un traitement, jugé non approprié voire non indispensable par l'assureur. Nombreuses sont aujourd'hui les actions en justice intentées contre les assureurs santé américains pour refus de financer des soins que les plaignants estiment médicalement justifiés. [...]
[...] Le texte adopté par le Sénat prévoit que les Américains non assurés devront bénéficier d'une couverture en santé. Dans cette version de la loi, des millions de non-assurés bénéficieront d'une aide pour souscrire obligatoirement - une assurance auprès d'un opérateur privé. L'option d'une assurance publique gérée par l'Etat fédéral, votée par les Représentants, ne figure pas dans le texte sénatorial. La presse américaine remarque que les critères d'éligibilité retenus par les Sénateurs laissent de côté une population estimée à 23 millions de personnes en 2019, dont un tiers d'immigrants en situation irrégulière. [...]
[...] Globalement Américains de moins de 65 ans sur 10 sont assurés au travers de leur employeur. Celui-ci paie environ 85% de la prime, le reste étant à la charge du salarié. On peut estimer la prime mensuelle moyenne à environ 250 dollars pour une couverture de base. Une couverture sociale est aux États-Unis un facteur majeur de l'attractivité d'un emploi, même si la très grande majorité des salariés américains bénéficie d'un contrat de managed care relativement restrictif et incomplet. Le temps de travail et l'ancienneté sont pris en compte dans l'ouverture et le type des droits. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture