ENA Ecole Nationale d'Administration, suppression de l'ENA, pouvoir politique, école prestigieuse, élite de fonctionnaire, élite administrative, Gilets jaunes, mesure démagogique, mouvements de contestations, système méritocratique
Créée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'École Nationale d'Administration (ENA) avait comme objectif, d'une part, la formation des hauts fonctionnaires capables par leur expertise technique de reconstruire sur le plan économique et social le pays touché par la guerre et, d'autre part, constituer une administration indépendante non soumise au pouvoir politique grâce à un concours d'entrée sélectif. En effet, le souhait de Michel Debré et du Général de Gaulle, considérés comme les « Pères Fondateurs » de cette école, était de doter la France d'une administration compétente composée de fonctionnaires restant à l'écart de la politique et en capacité de lui résister, notamment lorsque les orientations du pouvoir politique sont dangereuses ou illégales. L'idée était de ne pas reproduire les agissements de certains hauts fonctionnaires durant l'Occupation ayant collaboré avec les Allemands, notamment sur la politique d'extermination des juifs.
[...] Ainsi l'annonce du Président de la République ayant souhaité supprimer l'ENA a été très rapidement perçue comme une mesure démagogique. Il est précisé que la démagogie est selon le Dictionnaire Larousse : « l'action de flatter les aspirations à la facilité et les passions des masses populaires pour obtenir ou conserver le pouvoir ou pour accroître sa popularité ». Faire preuve de démagogie consiste donc à adopter une stratégie proche de la séduction, de la manipulation et du détournement afin de satisfaire de manière immédiate les revendications d'une fraction de la population en désignant un coupable. [...]
[...] Cette suppression provoquerait un changement vers un système anglo-saxon où les fonctionnaires sont étroitement liés à la majorité politique qui distribue les postes. Chaque changement de majorité politique s'accompagne toujours, notamment aux Etats-Unis, de nombreuses démissions et nomination de fonctionnaires. L'idée de suppression de l'ENA empêche également de penser à un problème beaucoup plus complexe : celui de l'éducation nationale. Comment se fait-il que seuls quelques établissements soient capables de former des étudiants ayant le niveau pour présenter et réussir le concours ? [...]
[...] L'ENA serait donc simplement un moyen d'établir un puissant réseau de connaissance le temps de la scolarité servant pour plus tard lors du recrutement dans une entreprise privée. La mission de l'école et son utilité ne peut qu'être remise en cause. L'ENA ne parviendrait plus à créer un sentiment d'appartenance au service public : l'école avait pour vocation de créer un fort sentiment d'appartenance au service public. Or une part non négligeable des élèves préfèrent finalement s'engager dans le secteur privé assez rapidement. [...]
[...] L'ENA ne serait donc plus capable d'assurer une certaine mixité sociale, grâce à la méritocratie, au sein de la haute fonction publique et nécessiterait donc des changements demandés depuis plusieurs années. L'ENA favoriserait la cooptation entre fonctionnaires d'un même corps : la création de l'ENA avait pour ambition d'éviter la cooptation, c'est-à-dire le fait de nommer quelqu'un à un poste non pas pour ses compétences propres mais par le fait qu'il vienne d'un même corps ou de la même école. Or, cette mission initiale n'est plus respectée. [...]
[...] Cette école pour une partie de l'opinion incarne désormais l'élite administrative mais aussi politique. En effet, la dimension politique de l'ENA s'est renforcée à tel point qu'une grande confusion demeure sur le rôle de cette école. Pour beaucoup de citoyens, elle représente le chemin obligatoire pour accéder au Pouvoir alors qu'elle n'est sensée former que des fonctionnaires. Cette confusion provient notamment du fait que de nombreux responsables politiques sont passés par l'ENA notamment pour quatre Présidents de la Vème République : Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac, François Hollande et Emmanuel Macron. [...]
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