Dans ce débat à dimension nationale, le MEDEF (patronat français) joue un rôle de premier ordre. Son projet de « Refondation Sociale », véritable chantier de restructuration des régimes sociaux, ouvre la voie à des négociations très houleuses. Si seuls les thèmes de l'assurance chômage et des retraites complémentaires ont été débattus jusqu'alors, les discussions ont donné lieu à d'âpres confrontations, chaque partie au conflit (Etat, formations syndicales diverses) cherchant naturellement à faire valoir ses intérêts. Et le MEDEF s'est révélé fin stratège face aux coalitions constituées
[...] Jalonnement des négociations sur les retraites C. Le comportement du MEDEF lors des pourparlers a. Constance et dextérité Nos premiers constats reposent sur les similitudes tactiques entre les négociations sur l'assurance-chômage (première négociation) et celles relatives aux régimes de retraite complémentaire. En effet, le MEDEF a alterné avec la même volonté affirmée ultimatum, chantage, discussions et concessions déguisées sous des artifices de vocabulaire. Lors des premières négociations, le patronat a introduit les pourparlers en signifiant sa volonté de quitter les institutions de l'UNEDIC (18/01/2000) si un accord n'était pas conclu. [...]
[...] C'est l'enjeu principal des négociations dites AGIRC et ARRCO, envisagées ici. a. La question de l'âge de la retraite Partir en retraite à un âge plus avancé réduit d'autant le temps d'inactivité. En outre, la durée de travail devient plus longue et le volume des cotisations plus important. Cela revient à réduire le nombre de retraités et à augmenter celui des cotisants. L'effet de rééquilibrage est donc particulièrement puissant. Ainsi la situation actuelle pourrait être maintenue, si l'âge de la retraite s'élevait à 65 ans en 2020, et à environ 70 ans en 2040 (données extraites du rapport Charpin - 1998). [...]
[...] Les excuses des fautifs leur ont porté un grand préjudice en termes d'image. Renvoyer la balle à l'Etat : Le MEDEF a su exploiter la situation politique en France, en transférant la responsabilité des négociations (de leur échec ou de leur réussite) au gouvernement. Celui-ci, en période préélectorale, craint avant tout de s'embourber ou de se faire désavouer par l'opinion publique, en se chargeant d'un tel dossier. Dès le départ, le MEDEF a procédé à cette analyse et ses dirigeants ont toujours déclaré qu'ils n'hésiteraient pas à confier la résolution des difficultés au gouvernement. [...]
[...] MEDEF + CFDT + CFTC affiche ainsi une forte structuration de réseau (densité des relations entre les acteurs) pour ce qui est de leurs rapports de pouvoir internes. Une formation et un maintien solide de la coalition grâce à la possibilité d'un pouvoir conjoint entre les acteurs et l'existence de liens d'affinité entre eux. Cela concourre naturellement à structurer l'environnement interne en un seul bloc et à tisser des liens d'hostilité avec les acteurs de l'environnement externe spécifique. L'absence de pouvoir conjoint à l'externe alimente les liens d'affinités dans l'environnement interne. [...]
[...] En d'autres termes, les négociations collectives se déroulent rarement dans un climat d'action conjointe et de recherche d'un gain commun. Plus souvent distributives, qu'intégratives, elles donnent lieu à des choix éthiques épineux, particulièrement au titre de la répartition et des externalités. Même si la tendance (en France notamment) s'oriente vers l'édification d'une négociation qui mettrait au premier plan la valeur commune et viserait à escamoter le conflit, le chemin qui mène à cet idéal est encore pavé d'embûches. Dans cet environnement particulier des négociations collectives en France, syndicats patronaux et représentants des travailleurs oeuvrent chacun à leur manière à la résolution des problèmes structurels. [...]
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