La question du statut de la femme est liée à la modernité par sa place même dans le débat sur la modernité dans les sociétés du Maghreb. En effet, le combat féministe s'est fait le fer de lance du combat moderniste, pour la simple raison que les deux problématiques sont intimement liés. Les revendications féministes sont des revendications modernistes, dans des sociétés qui ne sont pas - ou qui sont parfois dans certains domaines seulement - modernes. En cristallisant les tensions liées à la fois à la remise en cause d'un ordre paternaliste existant à la très forte tradition et les interprétations religieuses guidant le droit public, la cause des femmes, en un sens, incarne cette volonté d'une partie de la société d'entrer dans la modernité, vue par l'autre partie comme une « occidentalisation forcée » des cadres traditionnels.
[...] Le statut des femmes et leur rôle dans les pays du Maghreb ne peuvent pas être séparés d'une modernisation plus vaste de la société dans son ensemble. La tutelle existera tant que la séparation de l'Etat et du religieux - lorsqu'il freine toute évolution et s'affirme comme un obstacle au développement des libertés féminines - ne sera pas effective et tant que la force de la tradition ne sera pas contrée par une justice fiable et indépendante, digne d'un véritable Etat de droit moderne. [...]
[...] Une réforme plus substantielle faillit voir le jour en 1998, le Plan d'action pour l'intégration des femmes au développement sous le gouvernement socialiste d'Abderrahman Youssoufi. On distinguait quatre axes principaux de ce programme moderniste : alphabétisation, scolarisation, emploi, santé et statut personnel. A cause de la vive opposition des milieux traditionalistes et religieux, le projet fut enterré. Néanmoins, ce qui échoua en 1999 car faisant trop référence aux traités internationaux, réussit finalement en 2004 à travers une évolution religieuse. Les enjeux se sont cristallisés autour de deux axes : celui qui concerne la condition des femmes et l'égalité des droits et celui qui renvoie à la modernisation de la société, à travers l'émergence de l'individu, la sécularisation et les transformations familiales et sociales. [...]
[...] - Mohamed Mouagit, Modernisation de l'Etat, modernisation de la société, Réforme de la Moudawwana. - Angeles Ramirez, Paradoxes et consensus : le long processus de changement de la Moudawwana au Maroc. - Kamal Mellak, De la Moudawwana au nouveau Code de la famille au Maroc : une réforme à l'épreuve des connaissances et perceptions ordinaires - Sana Ben Achour, Le code tunisien du statut personnel ans après. Les dimensions de l'ambivalence. - Ilhem Marzouki, la conquête de la banalisation par le code tunisien du statut personnel. [...]
[...] Le gouvernement marocain compte aujourd'hui sept femmes et le Parlement compte quant à lui 36 femmes. En 1997, une femme a même accédé au poste de ministre. La situation était alors paradoxale : une femme ministre capable de prendre des décisions de politique publique était dans la vie privée tenue d'obéir à son mari. Il y a plus de associations au Maroc en 2005. Les mouvements féministes réformistes sont nombreux et se sont particulièrement développés dans les années 1980. On a pu assister à la constitution d'une élite intellectuelle féministe, moderne et citadine dont les revendications ont un effet très concret. [...]
[...] Les campagnes publicitaires et d'information dans les zones plus à l'intérieur des terres sont restées limitées. Les femmes ou les hommes de ces régions non seulement ne connaissent pas le contenu exact des réformes, mais en saisissent également mal le sens. La situation ne peut pas changer du jour au lendemain. Les populations analphabètes sont particulièrement touchées par ce phénomène des femmes analphabètes en 2005 ne savaient toujours rien sur les modifications du nouveau Code de la famille[4]. L'application dans les milieux ruraux et démunis est très lente. [...]
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