Sciences sociales, philosophie politique, force, puissance, crise de la représentativité, capitalisme, pouvoir politique, légitimité juridique de l'État, État de droit, action politique, sécurité globale, NTIC Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication, socialisation, action sociale
« Pour distinguer force ou pouvoir et puissance, Canetti fait une distinction simple, mais éclairante : le chat qui attrape la souris dans sa gueule montre sa force ou son pouvoir ; quand, au contraire, il joue avec elle, lui laisse un périmètre apparent de liberté entre ses pattes, il jouit de sa puissance. Autrement dit, la force n'est rien en dehors de sa pression mesurable et constante, tout comme le pouvoir n'est rien en dehors de son exercice ; au contraire, la puissance se dissout dans son emploi ou son décompte ». C'est ainsi que, dans une approche antagonisée des concepts de « force », d'un côté, et « puissance », de l'autre, peut être examinée la relation et l'éventuelle réciprocité entre ces deux concepts. Mais cette approche nécessite, tout d'abord, une définition des deux termes. La force est traditionnellement définie en sciences naturelles comme « la propriété qu'ont les corps qui se meuvent, de vaincre les obstacles qu'ils rencontrent, ou de leur résister » selon d'Alembert au XVIIIe siècle ; d'une conception scientifique à une conception philosophique, la force se mesure « par la somme des résistances des obstacles [qui] est en dernière instance fondée dans une raison naturelle ». Classiquement, la formulation conceptuelle de l'antagonisme se retrouve portée par Pascal dans ses pensées sur la justice et sur la force : « Il est juste que ce qui est juste soit suivi. Il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi ». Aussi tout le problème conceptuel sera-t-il de trancher ce noeud gordien et de restituer une justice forte et une force juste car, selon Pascal, « la justice sans la force est impuissante [et] la force sans la justice est tyrannique » ; « et ainsi, ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste ». Le concept de puissance est, lui aussi, abondamment abordée par la philosophie classique. Aristote distingue la puissance et l'acte, la puissance exprimant le potentiel de ce qui est afin que ce dernier devienne un acte. Être en puissance n'est pas encore être en acte, « la catégorie de l'acte et de la puissance [fondant] une certaine grammaire de l'être comme acte ».
[...] La force du droit et la puissance publique ne sont en effet légitimes que dans la mesure où ils découlent d'un consentement général, à l'instar du consentement à l'impôt qui ne va pas de soi dans une démocratie. « Pour le formuler brutalement, un système fiscal peut parfaitement exister, voire prospérer, dans un État qui ne connaîtrait aucune forme de participation des citoyens au pouvoir. Ce n'est pas dire qu'impôt et démocratie ne sont pas pensables simultanément pensables. Mais ils ne le sont que parce qu'ils touchent l'un et l'autre à l'État. Parler d'impôt, c'est parler d'un pouvoir de l'État ; traiter de démocratie, c'est traiter d'un mode de légitimation de l'État ». [...]
[...] Aussi tout le problème conceptuel sera-t-il de trancher ce nœud gordien et de restituer une justice forte et une force juste car, selon Pascal, « la justice sans la force est impuissante la force sans la justice est tyrannique » ; « et ainsi, ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste ». Le concept de puissance est, lui aussi, abondamment abordée par la philosophie classique. Aristote distingue la puissance et l'acte, la puissance exprimant le potentiel de ce qui est afin que ce dernier devienne un acte. Être en puissance n'est pas encore être en acte, « la catégorie de l'acte et de la puissance [fondant] une certaine grammaire de l'être comme acte ». [...]
[...] Or l'inflation législative sécuritaire s'est confirmée dans les récentes années, même si ses origines remontent, a minima, aux années 1970. Ainsi cette inflation est-elle le résultat « du cumul de plusieurs facteurs contextuels : sociopolitiques (un haut niveau de violences politiques), économiques (la crise industrielle et l'avènement du chômage de masse dans les classes populaires) et électoraux (l'insécurité devient une ressource rhétorique, en particulier pour le nouveau parti gaulliste, le RPR, que Jacques Chirac vient de fonder pour s'opposer à la fois à la gauche et au président Valéry Giscard d'Estaing ». [...]
[...] Or la force est, précisément, ce qui est extra-juridique ou ce qui doit être soumis au droit pour le faire primer : c'est, par exemple, dans le cas des autorités policières, celles qui procèdent à l'interpellation et utilisent la force à l'encontre des agents (la violence légitime de l'État, selon la conception wébérienne de l'État et du pouvoir politique) pour les contraindre à respecter le droit, et c'est là la seule force légitime dans un État de droit. C'est là la légitimité juridique de l'État qui découle, a priori, de l'établissement et du respect d'une loi fondamentale : la Constitution. La puissance publique, elle, est issue d'une autre légitimité : la légitimité démocratique. La légitimité populaire s'est progressivement établie au sein des régimes des États occidentaux par l'établissement et le renforcement de la démocratie libérale et de ses principes constitutionnels. [...]
[...] et dissemblances, la force n'étant pas la puissance Force n'est pas puissance et puissance n'est pas force. La démocratie libérale, de manière générale, est un régime qui tente, pour reprendre Pascal, de faire que la justice soit forte et que le fort soit juste. Ainsi a-t-elle consolidé la notion d'État de droit dans ses différentes variations et le principe électif dans un autre sens compris via la souveraineté populaire). La notion d'État de droit, tout d'abord, est plurielle : du Reichstaat allemand au rule of law britannique, elle n'est pas abordée de la même façon dans toutes les démocraties libérales occidentales. [...]
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