J'habite un petit appartement au 6ème étage d'un immeuble situé dans un quartier d'Hérouville St Clair. Un jour, en plein après-midi, pour rentrer chez moi, je m'arrête devant l'ascenseur, et dis « bonjour » à une femme qui entrait chez elle, à peine à trois mètres de moi. Elle a manifesté un mouvement de recul en me regardant, et s'est précipitée chez elle, en oubliant son trousseau de clés sur le côté extérieur de sa porte.
Je me suis donc permis de frapper à sa porte : pas de réponse. J'ai actionné la sonnette : toujours pas de réponse. Je lui ai donc dis, à travers la porte, qu'elle avait laissé ses clés à l'extérieur de son appartement. Il n'y a toujours pas eu la moindre réaction de sa part.
J'ai donc décidé de rentrer chez moi. A peine la porte de l'ascenseur s'était refermée derrière moi, je l'ai entendue ouvrir sa porte afin de récupérer ses clés, et enfin s'enfermer chez elle.
La réaction de cette personne m'a troublée : en effet, j'ai trouvé excessive la crainte qu'elle manifestait face à une personne inconnue, qui plus est, jeune. Comment expliquer ce type de réaction ? Par quoi est alimenté ce que j'ai perçu comme étant de la peur ? Peut-on effectivement parler de sentiment d'insécurité dans ce cas ?
Qu'est ce que le sentiment d'insécurité ? Ce phénomène a été étudié par de nombreux chercheurs, il est régulièrement évoqué dans les médias et il a largement été à l'ordre du jour du débat politique français, au moment de la campagne présidentielle de 2002. Il m'a donc paru intéressant de me pencher sur la question afin d'en repérer différents résultats et théories, selon des points de vue pluridisciplinaires.
Le sentiment d'insécurité fait appel à des notions subjectives. Un sentiment est ce qui est ressenti, donc non objectivable. Ce sentiment d'insécurité représente l'ensemble des craintes, des appréhensions redoutées par les personnes. Ce sont majoritairement des faits de délinquances qui sont craints.
Cependant, il faut ne faut pas systématiquement assimiler le terme délinquance à celui de violence : un acte peut être délictueux sans être violent, comme par exemple la fraude financière, la consommation de stupéfiants…
D'autre part, sous le terme de violence sont recensés divers actes qui n'ont pas de communes mesures : le viol, le meurtre sont dans la même catégorie que le vol à l'arraché, l'outrage à agent…
On peut définir un individu délinquant comme étant une personne irrespectueuse des normes de la société et de ses lois. Mais nous devons nous interroger sur les raisons qui poussent ces délinquants à agir de la sorte.
Nous allons donc pouvoir confronter ces deux phénomènes : la délinquance d'un côté, et le sentiment d'insécurité de l'autre. En effet, bien qu'entremêlées, nous verrons que ces deux notions ne sont pas inéluctablement liées par une relation de cause à effet.
[...] Sécurité et Société Manan Atchekzai, Jusqu'où va l'intox ? ed. L'Harmattan, coll. [...]
[...] Lemay associe carence relationnelle et délinquance[6]. Il précise cependant que l'abandon maternel est un facteur possible, mais pas suffisant pour expliquer la délinquance. Les enfants abandonniques, terme qui désigne les enfants carencés, ont vécus, tous petits, des relations ambivalentes avec leur mère. A mesure qu'ils acquièrent une certaine autonomie, celles-ci sont de moins en moins affectueuses avec leurs enfants, et induisent les comportements dont elles se plaignent Cependant, il ajoute que la relation au père est elle aussi détériorée. Pour beaucoup de délinquants, à la période de latence (de la fin de l'œdipe au début de la puberté, période où la libido est refoulée, intellectualisée), s'est développée une peur phobique du père Ce serait les changements morphologiques de la puberté qui permettraient de supprimer ces peurs. [...]
[...] En effet nombres d'ouvrages traitent de ce sujet. Je me suis donc retrouvée dans l'obligation de faire un choix arbitraire en sélectionnant ceux qui m'ont parus être les plus appropriés à mon sujet. De plus, afin de garder la plus grande objectivité possible, j'ai tenté de faire, à chaque fois que cela était possible, une référence théorique. Cet appui m'a, semble-t-il, aidé à me préserver des jugements quelque peu polémiques. C'est pour cela que j'ai choisi de faire de nombreuses citations ; cela me parait plus parlant que de paraphraser les idées des auteurs. [...]
[...] Encyclopédie Moderne d'Education A. Hesnard, Psychologie du crime ed. Payot Thomas Sauvadet, Le sentiment d'insécurité du dealer de cité Le temps de l'histoire, Sociétés et jeunesses en difficultés Gérard Mauger et Kamel Ikachamene, Le monde des bandes et ses transformations. Une enquête ethnographique dans une cité HLM, rapport DIV Mission Droit et justice Centre de sociologie européenne, Paris Pierre Bourdieu, Méditations pascaliennes, Paris, Seuil Emmanuel Duguet, Noam Léandri, Yannick L'Horty, Pascale Petit, Discrimination à l'embauche Rapports et Documents du centre d'analyse stratégique Stanislas Tomkiewicz, dans un entretien accordé à Claire Brisset, Défenseure des Enfants Maurice Chalom et Luce Léonard, Insécurité, police de proximité et gouvernance locale ed. [...]
[...] Sentiment d'insécurité et peur du crime Le sentiment d'insécurité ressenti par la population est à distinguer de la criminalité proprement dite. C'est ce que nous disent Maurice Chalom et Luce Léonard dans leur ouvrage Insécurité, police de proximité et gouvernance locale Selon eux, c'est l'insécurité qui produit la criminalité et non le contraire. Les incivilités provoqueraient la peur, ce qui engendrerait l'effritement de la vie communautaire Ils définissent le contrôle social comme étant l'ensemble des moyens mis en œuvre par une société dans le but d'assurer la coordination des comportements et de réduire le nombre et la gravité des délits Le sentiment d'insécurité bloquerait donc l'intervention des personnes, qui préfèrent alors rester chez elles, plutôt que de profiter de l'espace commun du quartier ou du voisinage. [...]
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