Il nous faut donc nous pencher sur le traitement du problème du chômage, et notamment des mesures qui sont préconisées pour y mettre fin. Plus précisément, il convient d'analyser la sécurité sociale professionnelle, en s'interrogeant sur sa pertinence quant à la question de l'emploi. Mais d'abord, demandons-nous sur ce qu'est exactement cette sécurité sociale professionnelle. Qu'apporte-t-elle réellement ? Suffit-elle pour « régler le problème » ? Il importe également de se demander s'il n'existe pas d'autres voies pour réduire le chômage.
En s'appuyant sur les deux ouvrages précédemment cités, nous développerons un plan en trois points. Dans un premier temps, nous nous concentrerons sur les diagnostics qui sont faits à propos du chômage. Nous verrons que même sur ce simple sujet les avis peuvent diverger, notamment en ce qui concerne l'éventuelle hausse de l'insécurité dans l'emploi. Ensuite, nous exposerons clairement la « solution néolibérale » couramment proposée, en l'occurrence la « sécurité sociale professionnelle », chère à Cahuc et Kramarz (et dont la mesure phare est la création d'un contrat de travail unique). Dans un dernier point, nous émettrons avec l'aide du livre de Ramaux une critique de ce point de vue. Nous développerons également quelques alternatives aux réformes libérales.
[...] Plus largement, on peut considérer que prendre en compte la mobilité future des travailleurs est une bonne chose. Beaucoup d'entre eux seront amenés à changer de travail voire de métier, et donc autant le prévoir dès maintenant. Mais, ne risque-t-on pas de cette façon d'oublier de s'attacher à la qualité de l'emploi qui est primordiale, au profit de la transition sur le marché du travail. Le contrat de travail unique, avec les facilités de licenciement qu'il introduit, nuit au bien-être psychologique du travailleur qui est salarié avec un contrat de ce type. [...]
[...] La précarité est en réalité extrêmement concentrée sur les jeunes en échec scolaire. La moyenne avancée par Cahuc et Kramarz est ainsi quelque peu trompeuse. On peut dès à présent noter la charge symbolique forte que contient l'emploi du mot accompagnement Accompagner quelqu'un c'est d'une certaine manière l'infantiliser car le considérer incapable de faire une chose seule (comme lorsque l'on accompagne un enfant à l'école En somme, la culture du résultat ne peut être présente que dans le privé Peut-être est-ce oublier un peu rapidement que les consommateurs sont aussi producteurs (en tant que salariés d'une entreprise), et qu'ils peuvent alors souffrir de la concurrence. [...]
[...] Cette proposition va de pair avec la fameuse sécurisation des parcours professionnels où l'on passe d'un droit lié à un emploi à un droit lié à la personne. Il s'agit en quelque sorte de mettre fin à la dualité du marché du travail, avec d'un côté les insiders et de l'autre les outsiders[9]. Il faut pour cela réhabiliter la valeur sociale de l'emploi et donc prendre les effets indirects causés par un licenciement (qui ne touche évidemment pas uniquement le salarié et l'entreprise concernés, mais toute la société). [...]
[...] La popularité de cette remarque se retrouve à travers des expressions typiques très répandues : du travail, y en a ! ou c'est qu'il n'a pas bien cherché Plus encore, la vision néfaste que notre société porte sur le chômeur n'est pas sans rappeler la considération que l'on portait au vagabond du XIXe siècle. C'est oublié que le chômeur justement, a été créé en opposition au vagabond Il faut au contraire reconnaître la responsabilité sociale du chômage. En somme c'est le système économique (le capitalisme), et ainsi la société toute entière, qui doit être d'abord considéré comme la cause du chômage. [...]
[...] L'idée est donc de déréglementer pour accroître le taux d'emploi. Cahuc et Kramarz parent en définitive la concurrence de vertus certaines en termes d'emplois, ce qui s'inscrit dans la droite ligne de la théorie néoclassique : le chômage est causé par une série d'entraves à la concurrence, qu'il convient de lever Un accès difficile dans certains secteurs Cahuc et Kramarz montrent à présent en quoi l'entrée dans quelques secteurs reste difficile en France. Les autorisations d'ouvertures d'hôtels ou de cafés nuisent à leur expansion, et par là même à la création d'emplois[7]. [...]
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