C'est à ce manque de connaissance du phénomène que nous nous intéresserons dans ce travail d'étude. Plus précisément, nous ne nous limiterons pas à la compréhension du groupe SDF, mais plus aux individus formant ce groupe. En leur donnant la parole nous essayerons de mieux comprendre leur situation. Nous tenterons de dégager et d'analyser les représentations qu'ils ont de la société et nous pourrons ainsi vérifier, si oui ou non, ces dernières sont biaisées du fait de leur exclusion. Pour notre étude, nous nous cantonnerons à la ville de Strasbourg et plus précisément à son centre ville, là où une partie de la population SDF est visible.
L'ambition de ce travail d'étude sera d'abord de mieux comprendre ce qui se cache derrière l'abréviation SDF. Nous analyserons également un ensemble de notions, sous ou sus jacent à ce terme, comme par exemple la pauvreté, l'exclusion ou encore la désocialisation. Dans une seconde partie, nous nous pencherons plus précisément sur notre hypothèse. Nous expliquerons ainsi pourquoi, nous pensons que les SDF ont des représentations biaisées de la société. Enfin, dans une troisième partie, nous analyserons les entretiens réalisés et tenterons d'en dégager les informations susceptibles de vérifier ou non notre hypothèse.
[...] C'est une race que je n'aime pas beaucoup. J'ai un grand-père qui a perdu un œil à Verdun, heu au ballon d'alsace, en 1915 on lui a donné la médaille militaire mais maintenant il est décédé et l'autre je l'ai pas connu, il a été gazé à Verdun, vous voyez. J'ai fait mon service légal pendant 16 mois à Verdun alors heu, heu (Dominique semble ému, il ne se souvient plus de la question) Heu quelle était la question déjà ? [...]
[...] Heu la je sais pas trop. Ben il y a les foyers, les repas. Heu mais moi j'aime pas trop tout ça hein. Je préfère me débrouiller tout seul. En faisant la manche je me fais un peu d'argent. Heu à Paris un monsieur me donnait toujours vingt euros chaque semaine le même jour. Il disait rien hein. Il donnait juste. Heu mais ici heu ça va pour l'instant. Comment pensez-vous que les gens vous voient aujourd'hui ? Heu je fais pas trop attention hein. [...]
[...] Tout d'abord nous pouvons noter une certaine solitude. En effet, un isolement vis à vis de la famille est repérable. Les liens familiaux sont donc la plupart du temps rompus. Par contre certains créent des relations d'amitié et de confiance plus ou moins fortes entre eux. Nous avons ainsi pu voir lors d'un entretien un SDF venant demander du soutien à un autre. Une relation de confiance s'était en effet installée entre les deux et chacun cherchait chez l'autre le moyen de rompre avec sa solitude. [...]
[...] Avez vous un travail ? Oui, non, enfin logiquement j'avais un boulot mais j'ai pas pu travailler, deux hernies discales et les heu heu les nerfs sciatiques qui souffrent et donc je travaillais plus. Maintenant je suis trop vieux pour travailler. Quand t'as 54 ans voilà. Je faisais le métier de boulanger et maintenant ça fait dix ans, onze ans même que je travail plus. Vous avez donc du vous arrêter du jour au lendemain après ces accidents. Mais les accidents c'est pas des accidents, c'est, n'oublions pas que j'étais légionnaire parachutiste, deuxième régiment étranger de parachutiste, et quand vous avez neuf cent sauts à votre actif, et vous savez, je vais pas vous apprendre, vous avez vu le cinéma, he ben le cinéma c'est quelque chose et la réalité c'est autre chose. [...]
[...] Ma sœur à son mari et ces enfants. Heu je lui fou la paix. Et ben voilà, c'est tout. Heu mais j'aime pas parler de ça. Etes-vous aidé aujourd'hui par une organisation ? Ben un peu. Heu je vais prendre quelques repas par si par-là. Quand je peu je laisse un peu d'argent. Mais je vais pas heu dans les foyers. J'aime pas. Je suis mieux tout seul hein. Heu voilà. Pensez -vous qu'il y ait assez de choses faites pour vous aider ? [...]
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