Nous avons célébré il y a peu le bicentenaire du baccalauréat. Cet examen, souvent critiqué, marque la fin d'une période de la scolarité et l'entrée, pour ceux qui l'on réussi, dans l'enseignement supérieur. Le baccalauréat est au coeur du débat sur l'école, sur le rôle de cette dernière en tant que facteur d'intégration sociale, c'est-à-dire en tant qu'institution permettant l'apprentissage des normes et des valeurs dont l'acquisition est nécessaire pour pouvoir s'insérer dans la société.
Pour alimenter ce débat, nous montrerons que l'école, au sens du système éducatif allant du primaire à l'enseignement supérieur, continue à jouer son rôle d'instance d'intégration sociale, mais aussi que l'évolution du système scolaire et la montée du chômage ne lui donnent pas la même efficacité (...)
[...] Ainsi, lorsque les bacs pro ont été créés au milieu des années 1980, c'était essentiellement pour faire face à la disparition des emplois non qualifiés. En inculquant des valeurs communes à l'ensemble des membres de la société et en favorisant, grâce au diplôme, l'insertion professionnelle dans un système productif créant des emplois de plus en plus qualifiés, l'école reste un facteur d'intégration sociale. Cependant, il existe des limites à cette affirmation. Le rôle d'instance d'intégration de l'école est limité car la massification scolaire n'a pas démocratisé le système éducatif et l'école se trouve confrontée à l'évolution du marché du travail. [...]
[...] Ainsi, pour ceux qui ne s'orientent pas vers les filières les plus prestigieuses ou qui échouent totalement dans leurs études, le système scolaire est devenu synonyme d'exclusion. En outre, la sélection scolaire remplace la sélection sociale qui existe en amont de l'école. Les enfants des classes populaires se retrouvent plus fréquemment dans les filières les moins prestigieuses (comme celles de l'enseignement professionnel) au terme d'un processus d'orientation reposant sur les résultats scolaires. Dès lors, la massification s'accompagne d'un processus d'exclusion fondé sur une orientation négative. En se massifiant, l'école crée une hiérarchie allant des filières les plus prestigieuses (enseignement général) aux moins reconnues socialement. [...]
[...] Cependant, ils expliquent cette inégalité par des raisonnements différents. Pierre Bourdieu, qui s'inscrit plutôt dans le courant théorique sociologique holiste, insiste sur le rôle du capital culturel transmis par les parents à leurs enfants. Pour Raymond Boudon, représentant du courant de l'individualisme méthodologique, l'inégalité des chances à l'école s'explique par la stratégie des acteurs, qui se comportent en fonction d'un calcul coût/avantage. Pour les milieux les plus défavorisés, les coûts de la réussite scolaire sont très élevés tant en termes économiques (coût des études) que symboliques (le fossé culturel avec les parents s'élargit). [...]
[...] De plus, il apparaît que la crise de l'école est, d'abord, liée à celle de l'emploi. Si les jeunes issus de l'immigration réussissent moins bien dans le système scolaire, la cause se trouve plus dans leur origine sociale que dans leur héritage ethnique. En outre, ces jeunes se trouvent concentrés dans les banlieues des grandes villes, qui manquent d'équipements collectifs et qui sont le plus souvent enclavées. La massification du système éducatif n'a pas mis fin à l'inégalité des chances devant la réussite scolaire. [...]
[...] On peut constater que plus le niveau de diplôme est élevé plus l'insertion professionnelle, en France, est bonne. Ainsi, pour les hommes des actifs ayant obtenu un diplôme des grandes écoles ou du troisième cycle universitaire sont au chômage trente mois après l'obtention du diplôme contre pour ceux qui ont un bac professionnel. La seule exception à ce constat est la différence entre les détenteurs d'un bac pro et ceux d'un CAP ou BEP. S'il est difficile de comprendre cette exception, on peut cependant noter que depuis la création des baccalauréats professionnels, le BEP et le CAP ne sont plus des diplômes de fin de scolarité car ils permettent l'accès à la terminale professionnelle. [...]
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