La prison telle qu'on la connaît de nos jours est une invention récente. Cependant, cette « pièce essentielle dans la panoplie punitive » préexiste à la généralisation de son utilisation dans le système pénal. On emprisonne bien sûr depuis des millénaires, mais la prison n'était qu'un passage vers le châtiment réel, le supplice. Nous devons la voir, selon Michel Foucault, comme le prolongement logique de tout un appareillage de contrôle, de régulation et de correction de la société, déjà existant au cœur de la société précapitaliste. Ce travail est le fruit de l'analyse de divers rapports officiels et moins officiels, articles de presse institutionnelle ou militante et d'interventions publiques des acteurs du monde carcéral (AP ou autres associations et ONG). Nous avons tenté de décrire, dans une première partie, l'état de santé de la population carcérale tout en insistant sur la dimension pathogène des lieux de privation de liberté. Ensuite, notre deuxième partie, tente de détailler les lacunes recensés par les divers acteurs du monde carcéral, concernant l'accès des détenus aux soins ainsi que les difficultés qu'ils peuvent rencontrer au sein de la prison, ceci dans le but d'y apporter un diagnostic aussi modeste soit-il.
[...] En 1995 il était admis que 20% des détenus relevaient d'un traitement psychiatrique. Ce chiffre est passé à plus de 50% en 2004 Les similitudes de fonctionnement qui unissent le système pénitentiaire et le système psychiatrique (notamment dans sa forme contraignante qu'est l'asile) ne sont plus à prouver et, sur cette question, il suffit de se référer aux travaux d'Erwin Goffman menés dans l'hôpital psychiatrique de Sainte Élisabeth ainsi qu'à ceux de Michel Foucault sur les différents types d'enfermement. En terme de santé mentale en prison, il conviendra ici de bien différencier deux types distincts de détenus : ceux souffrant déjà de troubles psychiatriques avant leur entrée en prison et ceux dont ces troubles sont directement en lien avec l'entrée en détention et le choc de l'incarcération ; ceux antérieurement malades et ceux que la prison a rendus malades. [...]
[...] Ce travail est essentiellement le fruit de l'analyse de divers rapports officiels et moins officiels, articles de presse institutionnelle ou militante et d'interventions publiques des acteurs du monde carcéral (AP ou autres associations et ONG). Nous avons tenté de décrire, dans une première partie, l'état de santé de la population carcérale tout en insistant sur la dimension pathogène des lieux de privation de liberté. Ensuite, notre deuxième partie, tente de détailler les lacunes recensées par les divers acteurs du monde carcéral, concernant l'accès des détenus aux soins ainsi que les difficultés qu'ils peuvent rencontrer au sein de la prison, ceci dans le but d'y apporter un diagnostic aussi modeste soit-il. [...]
[...] Cette tendance est particulièrement prononcée dans l'appareil médiatique, aussi vif à dénoncer les évasions, la violence des détenus que les traitements particulièrement indignes auxquels ils sont régulièrement soumis. Cette attitude quelque peu schizophrénique, participe sans équivoque de la construction d'une image restreinte voire simpliste de la prison qui ne facilite, en aucun cas, une réflexion de fond sur les questions de santé ni même sur l'existence et le rôle de cette institution. Ainsi, la problématique de la santé en prisons reste un débat particulièrement complexe qui se heurte aux exigences des diverses parties prenantes du monde carcéral. [...]
[...] Le but du service public pénitentiaire est triple : il participe à l'exécution des décisions et sentences pénales et au maintien de la sécurité publique. Il favorise la réinsertion sociale des personnes qui lui sont confiées par l'autorité judiciaire[3] Au-delà de cette apparence d'utilité et de sa dimension punitive, la prison se doit d'être replacé au cœur d'une société qui génère de la marginalité, elle est en effet un moyen de protéger ses membres sains contre toute une frange d'inadaptés épisodiquement qualifiés de fous, délinquants, terroristes Elle est la détestable solution dont on ne saurait faire l'économie[4] utile à ceux qui n'y sont pas. [...]
[...] LESAGE nous racontera comment il a vu son frère, condamné comme lui à une longue peine, peu à peu sombrer dans la folie. Il insistera surtout ici sur le problème sexuel des détenus qui reste un véritable tabou en prison car en prison l'homme n'existe pas[17] La promiscuité, le bruit et la violence générés par l'incarcération favorisent le développement ou l'accentuation de symptômes, jusqu'à révéler une pathologie demeurée jusqu'alors contenue[18] La prison a donc incontestablement de forts effets anxiogènes et déstructurants qui ne sont certainement pas dans le sens d'une amélioration de la santé mentale et de l'équilibre psychique des détenus. [...]
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