La politique de santé mentale a été confrontée à plusieurs approches sur une cinquantaine d'années. Tout d'abord la sectorisation, instituant les soins ambulatoires, a rompu avec le système asilaire dans les années 70 selon une démarche innovante. Mais c'est en 1990 que la notion de santé mentale a été énoncée pour la première fois dans une circulaire ministérielle régissant l'offre de soins psychiatriques. Consacrant le passage d'une logique réparatrice à une logique de prévention, le texte réglementaire a substitué une approche du soin centrée sur la pathologie à une conception dynamique et positive de la santé, mettant l'accent sur l'apparition d'une demande de soin liée à la souffrance psychique, et la nécessité de conjuguer au sein d'une même politique une double action sanitaire et sociale. En effet, si la circulaire désigne l'institution psychiatrique comme l'acteur pivot d'une politique de promotion de la santé mentale, elle fait de la santé mentale un objet d'action publique transversal faisant intervenir divers dispositifs sectoriels (ainsi, sont sollicités les assistants de service social, les enseignants, les éducateurs spécialisés). Tandis que la conception traditionnelle de la santé mentale reposait sur une représentation exclusivement médicale de la santé comme guérison de la maladie et se plaçait dans une perspective strictement curative, la santé mentale s'est donc élargie dans les années 90 à la souffrance existentielle et à diverses catégories de populations, répondant ainsi à de nouveaux enjeux sociaux. Ainsi, l'intervention de crise ou les centres d'accueil sont des dispositifs de santé mentale typiques, de même que l'identification à l'échelle d'une population des facteurs sociaux (pauvreté, exclusion) associés à certains troubles psychologiques (mal-être, dépression). La santé mentale déplace donc le champ d'intervention de la psychiatrie hors de l'hôpital, jetant un pont entre la psychiatrie fondée sur la relation patient-soignant, et la santé publique élaborée au niveau d'une population, dans une optique politique. Enfin, la santé mentale s'est en même temps progressivement intégrée aux règles gestionnaires et de management propres à la politique hospitalière.
Donc d'abord on va voir que le système de soins et de prise en charge psychiatrique en France, principalement basé sur une organisation géographique publique sectorisée avec une contribution du privé et de structures médico-sociales, a permis des avancées importantes en termes de qualité et de diversité des prises en charge (développement important des soins ambulatoires, prise en compte des besoins de prévention et de réinsertion). Cependant depuis quelques années, ce système vit une crise dont les causes sont complexes et multiples, comme en a témoigné notamment l'appel lancé par les états généraux de la psychiatrie en 2003. Les pathologies psychiatriques, les addictions, les conduites à risques mais aussi la souffrance psychique, voire le mal-être sont autant d'atteintes à une santé mentale dont les contours restent finalement flous, et on va voir que le système de soins mis en place pour répondre à ces troubles se révèle lui-même inégal dans ses structures et ses pratiques.
[...] Et en psychiatrie infanto-juvénile, la situation est particulièrement défavorable puisque 17 départements n'offrent aucun lit d'hospitalisation complète. Par ailleurs, la disparité des secteurs dans leurs moyens et leur fonctionnement pour la psychiatrie générale peut être illustrée par le fait que la file active (nombre de patient vus dans l'année) en moyenne de 19 pour 1000 habitants, varie de 10 à 38, la densité en lits et en place va d'un à six pour 1000, la densité de praticiens d'un à la densité d'infirmiers d'un à 5. [...]
[...] Cependant, si la refondation de la politique de santé mentale se heurte à l'absence de mesures suffisamment incitatives, aux divisions internes et aux difficultés des soins psychiatriques, l'adoption de règles managériales et contractuelles appropriées aux situations et acceptées par les professionnels peut permettre une amélioration de la qualité et de l'efficience, et de généraliser les réseaux ou partenariats qui se nouent malgré tout sur le terrain en réaction à la désinstitutionnalisation. Bibliographie La politique de santé mentale Revue française de sciences politiques ; Une politique publique: la santé mentale Revue française d'administration publique Santé mentale et société Problèmes politiques et sociaux Psychiatrie et santé mentale Revue française des affaires sociales Rapport 2001 De la psychiatrie vers la santé mentale E. Piel, JL. [...]
[...] Les ateliers thérapeutiques utilisent des techniques de soins particulières, en vue d'un entraînement à l'exercice d'une activité professionnelle ou sociale. Enfin d'autres structures proposent des prises en charge spécifiques à temps complet, comme les centres de post-cure, qui sont des unités de moyen séjour destinées à assurer, après la phase aigue de la maladie, le prolongement des soins et les traitements nécessaires à la réadaptation pour un retour à une existence autonome. Les appartements thérapeutiques visent directement la réinsertion sociale : installés en dehors de l'hôpital, ils sont mis à disposition de quelques patients pour une durée limitée et nécessitent le passage quotidien de personnels soignants. [...]
[...] De plus le CMP, unité de coordination et d'accueil en milieu ouvert, est conçu comme le pivot du dispositif de soins du secteur puisqu'il a pour mission d'organiser toutes les actions extra-hospitalières en articulation avec les unités d'hospitalisation. Certains CMP sont également habilités à répondre à l'urgence psychiatrique. Par ailleurs, à côté des CMP, des prises en charge spécifiques à temps partiel (durées inférieures à 24h) sont également proposées : ainsi les centres d'accueil thérapeutique à temps partiel ont pour objectif de favoriser une existence autonome par des actions de soutien et thérapie de groupe. [...]
[...] Santé mentale La politique de santé mentale a été confrontée à plusieurs approches sur une cinquantaine d'années. Tout d'abord la sectorisation, instituant les soins ambulatoires, a rompu avec le système asilaire dans les années 70 selon une démarche innovante. Mais c'est en 1990 que la notion de santé mentale a été énoncée pour la première fois dans une circulaire ministérielle régissant l'offre de soins psychiatriques. Consacrant le passage d'une logique réparatrice à une logique de prévention, le texte règlementaire a substitué une approche du soin centrée sur la pathologie à une conception dynamique et positive de la santé, mettant l'accent sur l'apparition d'une demande de soin liée à la souffrance psychique, et la nécessité de conjuguer au sein d'une même politique une double action sanitaire et sociale. [...]
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