Sanction éducative, sanctionner pour éduquer, enfant, adolescent, punition éducative, socialisation, éducateur spécialisé, MECS maisons d'enfants à caractère social, impulsions
Mes diverses expériences professionnelles en tant qu'éducatrice spécialisée m'ont permises de rencontrer des publics d'âge, de sexe, de personnalité et de problématiques diverses. Au sein des différents établissements accueillant un jeune public, j'ai pu accompagner des enfants et des adolescents en devenir et avoir la possibilité de partager des connaissances, des valeurs, des règles de conduite qui, je l'espère, contribueront à les socialiser, c'est-à-dire les aider à s'intégrer, s'adapter et évoluer harmonieusement dans notre société.
[...] L'application de la punition va alors justifier la nécessité de poser ou rétablir un cadre ferme. Lorsque j'avais treize ans, j'avais passé une partie de mon été en colonie de vacances. Un jour que l'animateur était entré en conflit avec l'un de mes camarades, ce dernier l'avait alors insulté, ce qui avait provoqué l'hilarité générale. L'animateur, furieux de s'être vu moquer de la sorte, avait intimé l'intéressé que toute activité ludique lui serait bannie de la journée. Et pour davantage « marquer le coup », il avait sommé le jeune fautif de s'écarter du groupe, de se coller le dos au mur, les genoux fléchis en un angle droit, les bras le long du corps, et de garder la position jusqu'à ce qu'il lui donne la permission de se redresser. [...]
[...] Ces règles, ces principes, ces interdits, cette Loi nous structurent. La Loi en éducation, au sens du psychologue Patrick Traube[2], est l'ensemble des règles, des normes, des interdits qui règlent les rapports humains et nous protègent des autres, mais aussi de nous-mêmes en nous permettant de ne pas assouvir nos pulsions les plus déraisonnées. La Loi provient au départ de l'extérieur, par le biais des parents et/ou de leurs prolongements sociaux (éducateurs, professeurs ) puis elle est intériorisée petit à petit. [...]
[...] Le poids des sentiments 1. Une impression de culpabilité Eduquer, c'est être capable de socialiser donc de transmettre et imposer des règles. C'est permettre et interdire à la fois, récompenser et sanctionner, encourager et désapprouver. En éduquant, il faut s'attendre à contrarier des attentes pour mieux répondre aux besoins. On titube en permanence entre le désir d'être apprécié et l'obligation de déplaire. En tant qu'êtres humains, on ressent le besoin d'aimer et d'être aimés. Qui peut affirmer sans rire : « j'aime être détesté » ? [...]
[...] La sanction est souvent l'outil choisi par l'éducateur pour signifier à l'Autre qu'il est allé trop loin dans ses actes. Ce qui m'amène à m'enquérir de son bien-fondé : faut-il sanctionner pour éduquer ? Et sur un plan personnel, pourquoi m'est-il difficile d'avoir recours à cet outil ? J'expliciterai ces questionnements dans une première partie qui portera sur le rôle de la sanction éducative, et dans une deuxième partie qui abordera les différents freins à son application. I. La sanction éducative, un oxymore ? [...]
[...] Alors que la sanction est éducative, sa proche voisine, la punition, est un échec de l'intervention éducative. Bien nommée, la punition, empruntée au latin punitio, désignait à l'origine « l'action de punir, châtier, infliger un châtiment »[7]. Sa visée n'a pas réellement évolué, aujourd'hui. La punition continue de s'illustrer par un châtiment corporel, une privation, une exclusion, une humiliation, etc. Elle comporte une dimension expiatoire dirigée contre la personne[8] (il faut s'en prendre à la personne : pour un mal subi, un mal infligé. [...]
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