Les théories libérales du XIXe siècle, d'après lesquelles chacun devait se protéger face à la maladie, les accidents de travail ou la vieillesse par sa propre épargne, ont peu à peu laissé place à la nécessité d'une prise en compte du social par l'Etat. En effet, la conception d'un Etat gendarme ou « veilleur de nuit » limité au contrôle de la police, la justice, l'armée et l'administration, a été remise en cause du fait d'un appauvrissement d'une partie de la population lors du processus d'industrialisation. La question sociale fait donc son apparition face à la dégradation du mode de vie des ouvriers, au bouleversement des structures traditionnelles et des liens de sociabilité assurant une protection à l'individu par le biais de la famille ou encore de l'Eglise par exemple. D'après Robert Castel, un Etat social va donc faire son apparition face à la désaffiliation de masse illustrée par une absence de travail et un isolement social. L'idée d'une protection sociale apparaît donc notamment avec la mise en place d'assurances sociales obligatoires par Bismarck en Allemagne en 1881 ou encore avec le rapport Beveridge de 1942 et l'ordonnance instaurant une sécurité sociale en France le 4 octobre 1945. Aujourd'hui, l'Etat Providence désigne l'ensemble des interventions économiques et sociales de l'Etat au sens large et l'intervention étatique à travers le système de sécurité sociale au sens restreint.
C'est dans ce cadre que l'on peut se demander quel est le rôle de l'Etat Providence aujourd'hui, quels sont ses ressorts et objectifs mais aussi de quelle manière et pourquoi doit-il s'adapter aux évolutions sociales actuelles.
Dans une première partie nous verrons donc que l'Etat Providence a été instauré afin d'approfondir le concept d'Etat protecteur classique et dans une seconde partie que son rôle est de plus en plus questionné, et qu'une réflexion sur la « nouvelle question sociale » semble s'imposer.
[...] Il peut aussi y avoir un objectif de réduction des inégalités grâce à la redistribution verticale visant à transférer les richesses des plus aisés aux plus pauvres, (comme en France par exemple où l'impôt sur la fortune finance le RMI). Ce concept met aussi en avant le fait que l'Etat a un rôle de prévention de l'exclusion, doit empêcher qu'une partie de la société soit désolidarisée du reste. Lorsque les solidarités primaires sont défaillantes, les individus peuvent donc compter sur l'intervention de la puissance publique assurant le lien et la paix sociale. [...]
[...] Cependant, si certains remettent en cause le principe même d'Etat Providence, il semble inconcevable d'aller jusque-là. En effet, ce sont peut-être plutôt les moyens d'action de l'Etat qui doivent être revus ainsi que les populations ciblées par les mesures sociales et non le concept même d'Etat Providence. Pour conclure, si la protection sociale s'est étendue tout au long du XXe siècle, on peut noter que l'Etat Providence est questionné depuis quelques années. Mais il semble aussi difficile d'attendre de l'Etat qu'il règle toutes les questions sociales et qu'il assure une cohésion de la société si les différentes composantes de cette même société ne font pas preuve d'une volonté de solidarité et de vivre ensemble. [...]
[...] Gøsta Esping Andersen a mis au point une typologie des Etats Providence. Tout d'abord, le modèle conservateur corporatiste ou bismarckien que l'on retrouve en Europe continentale comme en Belgique, Allemagne, Espagne, Italie ou Autriche. Il se fonde sur des assurances sociales obligatoires basées sur une activité professionnelle. Les droits sociaux correspondent à des droits proportionnels aux cotisations sociales prélevées sur les salaires et il s'agit davantage de garantir une sécurité que d'assurer une redistribution. Vient ensuite le modèle social-démocrate basé sur une importante dimension universaliste comme il en est le cas dans les pays nordiques où le niveau de protection est élevé, équivalent pour tous et où l'offre de services sociaux est importante. [...]
[...] Pierre Rosanvallon a identifié trois crises de l'Etat Providence. Tout d'abord la crise financière qui découle du fait que les dépenses sont supérieures aux recettes, notamment en raison des dépenses de santé et de retraite. Ceci est lié à l'augmentation du niveau de vie, à la hausse du nombre de retraités, au problème du chômage qui ne permet pas une hausse des cotisations ou encore à la plus forte propension à consommer des médicaments. La deuxième crise serait une crise d'efficacité du fait d'une gestion trop bureaucratique, complexe et opaque. [...]
[...] D'après Robert Castel, le problème vient du fait que le sentiment d'insécurité sociale s'étend à de nombreux domaines et peut devenir une source d'instabilité sociale, d'où la nécessité de prendre en compte les modifications du travail et de traiter l'insécurité sociale à sa base. B. L'identification de crises de l'Etat Providence : remise en cause du concept, des finalités ou des moyens d'action ? Aujourd'hui de nombreux débats ont lieu sur la notion d'Etat Providence qui a été jugée comme étant en crise. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture