Réquisitoire : faut-il donner le pouvoir à la technologie en matière de surveillance publique ?

Thèmes abordés

Réquisitoire, surveillance publique, technologie, taux de criminalité, ordre public, caméras de surveillance, sécurité publique, féminicide, reconnaissance faciale, dystopie, dissuasion criminelle, délinquance

Résumé du document

Entre 2012 et 2016, le taux des principaux crimes violents a diminué de 43% en Chine. En parallèle, la satisfaction du public envers la sécurité publique s'élève, selon une donnée de 2017, à plus de 91%. Pure coïncidence ? Désir inné des Chinois et Chinoises de se conformer à la légalité et à l'ordre public ? Ne serait-ce pas plutôt la masse de caméras de vidéosurveillance qui filment tout le pays, dans ses moindres recoins, et assurent à ses habitants protection et sûreté ? Depuis 2018, la Chine est en possession de près de 200 millions de caméras de surveillance à travers tout le pays. Ainsi, si la baisse de criminalité est directement corrélée avec l'augmentation du nombre de caméras surveillance, pourquoi ne pas mettre tout l'argent public dans la sécurité ?

Extraits

[...] En sachant tout cela, devrions-nous continuer à améliorer nos techniques de vidéosurveillance juste parce que nous en avons les moyens matériels ? Sous gouverne du très merveilleux progrès technologique, n'y voit-on pas ici les signes d'un État qui se veut cloisonnant, disciplinant, liberticide ? Serions-nous prêts à vivre dans une prison dont les barreaux sont maculés d'or et les couloirs pavés de (fausses) bonnes intentions ? Mais revenons à la source primaire du débat ; la caméra de vidéosurveillance : efficace ou non ? En juillet 2009, le ministère de l'Intérieur rédige un audit prouvant l'efficacité des caméras de vidéoprotection dans l'espace public. [...]

[...] L'audit est lacunaire, bancal et montre l'hypocrisie des pouvoirs publics quant à ces dispositifs. NON, la vidéoprotection ne dissuade que rarement les délinquants. NON, la vidéoprotection ne protège pas du terrorisme. OUI, la vidéoprotection déplace la délinquance et ne la réduit pas. On retrouve les dérives de ces pratiques sous de multiples formes : le génialissime roman de Georges Orwell, 1984​​, nous mettait déjà en garde et s'inquiétait des dérives autoritaires qui émergeaient du contrôle total des masses, et vice-versa. [...]

[...] Merci aux caméras et à la technique hein ? Peut-être connaissez-vous la structure architecturale appelée panoptique ? Le panoptique, qui était à l'époque une révolution en termes de surveillance, s'est trouvé être un véritable outil de contrôle social. Cette méthode, utilisée dans le milieu carcéral, permet, grâce à sa configuration architecturale, à un gardien de prison logé dans la tour centrale, d'observer tous les prisonniers enfermés dans des cellules individuelles autour de la tour sans que ceux-ci puissent savoir s'ils sont observés. [...]

[...] Réquisitoire : faut-il donner le pouvoir à la technologie en matière de surveillance publique ? Entre 2012 et 2016, le taux des principaux crimes violents a diminué de en Chine. En parallèle, la satisfaction du public envers la sécurité publique s'élève, selon une donnée de 2017, à plus de Pure coïncidence ? Désir inné des Chinois et Chinoises de se conformer à la légalité et à l'ordre public ? Ne serait-ce pas plutôt la masse de caméras de vidéosurveillance qui filment tout le pays, dans ses moindres recoins, et assurent à ses habitants protection et sûreté ? [...]

[...] La mère, protagoniste principale, observe en détail les moindres faits et gestes de sa fille, de son arrivée à l'école jusqu'à ses pratiques sexuelles. Avons-nous envie de tomber dans un monde entièrement gouverné par des caméras ? Avons-nous envie de nous aliéner face à cette pratique ? De nous autodiscipliner ? Avons-nous envie de mettre toute notre technologie à contribution de cette fausse solution, une technologie qui pourrait servir aux médecins, aux infirmiers, aux neurologues et sauver des vies par exemple ? Il faut détruire ces faux semblants de liberté, il faut les empêcher d'accéder à une toute-puissance technologique, sous peine de nous asservir alors entièrement. [...]