Dans ses chroniques, Emile Zola écrivait : « Émanciper la femme, c'est excellent ; mais il faudrait avant tout lui enseigner l'usage de la liberté. ». Certes, mais encore faut-il lui laisser franchir les premiers obstacles qui, au XIX° siècle, fond du genre féminin un genre subsidiaire, ou du moins un genre cantonné à des rôles bien précis, notamment domestiques et procréateur.
En effet, au XIX° siècle en France, il est anachronique de parler d'émancipation de la femme. Il s'agit plutôt de ce que l'on peut appeler un affranchissement minimum, un début de liberté, et ce dans certains domaines uniquement. Par émancipation, nous entendons une forme d'autonomie qui se développe, une occasion progressivement laissée aux femmes de montrer de quoi elles sont capables : socialement et intellectuellement. Néanmoins, force est de constater que ces évolutions ne sont jamais le fruit d'un volontarisme ayant ce but précis : les femmes travaillent parce que le foyer manque d'argent, les femmes vont à l'école parce que l'Etat combat l'implantation de l'Eglise dans la société...etc. Mais cela n'empêche pas une forme de liberté de pointer le bout de son nez : les femmes s'émanciperont petit à petit de la domination masculine, dans une société politiquement mouvementée par les Révolutions, la mise en place des IInde et IIIème Républiques puis la Grande Guerre. Et cette émancipation est due en partie, paradoxalement, à la religiosité des femmes, autrement dit à leur pratique de la religion, à leur dévotion.
Et c'est là le dualisme de la religiosité, qui mure les femmes dans une sorte de traditionalisme qui prône la soumission et enferme la femme dans la sphère domestique et, dans le même temps, lui permet d'acquérir une position sociale grâce aux œuvres et lui permet d'accéder à une instruction (rudimentaire au demeurant) grâce aux congrégations.
[...] Elles ouvrent et font fonctionner des orphelinats, des maisons de redressement des filles perdues pour les filles mères ou les prostituées voulant se ranger On peut affirmer que la religion a aidé à l'émancipation des femmes. C'est là le dualisme de la religiosité des femmes : la pratique religieuse émancipe et enferme dans un rôle traditionnel. On note un contraste entre les vocations exceptionnelles et les soucis quotidiens dans la vie religieuse des femmes. La religion peut aussi bien les appeler à sortir de leur vocation commune d'épouse et de mère au foyer que les valoriser dans ce rôle traditionnel. [...]
[...] Si Condorcet militait pour le droit de vote des femmes, il faudra attendre 1944 pour que la loi le leur permette. Et bien entendu, l'Eglise n'a rien fait pour activer cette réforme. Ce n'est qu'au XX°siècle, malgré le monopole que les congrégations religieuses avaient sur le soin à la personne, que l'on rencontrera des chirurgiennes et des femmes médecins. Toutes ces avancées sur le droit des femmes au travail, à la culture, à leur émancipation en matière de mœurs, d'accès aux fonctions juridiques et politiques nationales puis internationales, se sont faites hors la religion et la pratique religieuse. [...]
[...] Dans le catalogue des devoirs des femmes, l'un des plus importants est celui de la réglementation de sa vie sexuelle. La femme n'a un corps que pour procréer, son sexe est donc au service de l'espèce La sexualité n'est qu'une finalité du mariage. L'Eglise a donc une vision minimaliste du rôle de la femme. L'Eglise accepte que la femme soir le rêve de l'homme : elle doit être la perfection dans l'imperfection L'Eglise glorifie la chasteté comme une vertu. Tout homme est né dans le péché si le plaisir et la jouissance l'ont accompagné. [...]
[...] Les motivations de ces femmes sont diverses, mais tournent fréquemment autour de la recherche d'une reconnaissance de leur personne, niée par des sociétés aux valeurs masculines. En se retrouvant ensemble, elles puisent des forces contre la solitude, l'injustice de leur sort et l'adversité en général. La religion féminine jour alors le rôle de soupape de sécurité, ou d'accomplissement d'une destinée autrefois refusée. L'émancipation, si elle est sociale grâce aux œuvres, est aussi intellectuelle grâce à l'éducation. Par exemple, les Ecoles Normales séparaient filles et garçons, de même que les matières enseignées les séparaient. [...]
[...] A cause du tu ne tueras point la religion interdit ces pratiques. Il faudra attendre la loi de Simone Weil en 1975 pour que l'avortement soit légalisé. Il faut reconnaître à la religion, qui n'a pu éviter le Code du Travail Féminin, le rôle et l'appui qui a été le sien quand, en 1909, le congé maternité sans salaire, mais sans perte du contrat de travail signé, a été instauré. C'est une avancée certaine pour la femme, mais surtout pour la famille, l'Eglise étant le défenseur de celle-ci. [...]
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