Durant les années 1990, la majorité des systèmes de santé latino-américains ont fait l'objet de réformes visant à augmenter l'efficacité, l'efficience et l'effectivité de leur fonctionnement, dans le contexte plus large d'un vaste processus de décentralisation politico-administrative à l'échelle du continent, et dans le cadre d'une mondialisation croissante.
Les pays de l'Amérique latine et des Caraïbes inscrivirent en effet leurs réformes sectorielles dans un vaste processus de réforme de l'Etat, et les politiques de réforme entreprises furent principalement centrées sur les changements institutionnels et financiers dans les systèmes de santé. Elles s'articulèrent autour d'axes centraux tels que la privatisation, la décentralisation et la séparation des fonctions entre provision et régulation des services.
Ces réformes avaient pour principaux buts une amélioration généralisée de la qualité des services de santé, à travers la focalisation sur des principes d'équité, d'efficacité, d'efficience, d'effectivité, et de participation sociale. Cette amélioration de la qualité des systèmes et services de santé s'entendait de deux manières: la qualité technique, visant à garantir la sécurité, l'effectivité et la pertinence vis-à-vis des usagers des services de santé; et la qualité effectivement ressentie par ces mêmes usagers – dimension prenant en compte des éléments matériels, psychologiques, administratifs et éthiques.
En quoi les réformes de santé en Amérique latine sont-elles représentatives d'un changement dans les politiques publiques à l'échelle régionale, illustration d'un ensemble d'interactions entre les pays d'une même zone géographique?
[...] Le modèle pluriel colombien: La réforme du système de santé colombien est un processus qui avait été initié dès le milieu des années 1980 dans le cadre plus large d'une décentralisation de l'appareil d'Etat. En 1994, le gouvernement colombien a lancé une vaste réforme du secteur sanitaire afin de promouvoir l'accès aux soins de l'ensemble de la population, mais également l'efficience des services de santé dans une perspective de réduction des coûts. Ainsi, le modèle colombien mêle des éléments universalistes couverture sanitaire universelle, solidarité, équité et néo-libéralistes efficience, qualité, gestion des dépenses. [...]
[...] participation et contrôle social: mettre l'accent sur la participation et le contrôle social était l'un des objectifs des réformes de santé et s'inscrivait dans la ligne de la décentralisation. Encore une fois, le Brésil se distingue par l'importance de la participation sociale dans le pays: en effet, le Brésil est probablement le meilleur exemple de participation et de contrôle social en Amérique Latine. Le processus de réforme sectorielle y fut impulsé par un véritable mouvement social, et, de plus, le pays s'engage à renforcer la participation à travers des conférences nationales de santé (neuf jusqu'à présent ont eu lieu) auxquelles participent activement les acteurs sociaux et politiques du pays. [...]
[...] Ces conditions avaient gravement accentué les inégalités sociales. Au début des années 1990, c'est à dire au moment des réformes de santé, les économies latino-américaines restaient caractérisées par des grandes tendances d'inflation, de dette extérieure, d'inégalités sociales et d'inégalités dans la redistribution des revenus. De plus, ces économies devaient alors se confronter à un système mondial en pleine globalisation. Ceci rendit inévitables de profondes réformes structurelles des Etats latino-américains, dans un but de modernisation de l'appareil d'Etat et de décentralisation politico-administrative. [...]
[...] Brésil: le modèle universel: Les réformes de santé brésiliennes sont le fruit d'une mobilisation sociale initiée dans les années 1970, réunissant divers acteurs sociaux autour d'une volonté de démocratisation du pays. C'est ainsi que le mouvement sanitaire de la société civile devint un acteur de la construction et de la mise sur agenda de la réforme du système de santé comme problème public. Le but principal des réformes était l'universalisation de l'accès aux soins à travers la création d'un système public unifié, décentralisé et démocratique appelant à une participation sociale accrue. [...]
[...] Les réformes de santé en Amérique Latine dans les années 1990 ont été l'un des éléments d'un vaste processus de démocratisation des systèmes politiques de la région, de la modernisation du modèle économique et de la restructuration de l'Etat. Ces processus de réformes se sont caractérisés à l'échelle latino-américaine par des tendances communes, telles que le souci de qualité, d'efficacité, d'extension de la couverture sociale et la décentralisation. Quant à savoir si ces vastes réformes de santé des années 1990 ont permis une réelle amélioration des systèmes de santé latino-américains, une observation de la situation sanitaire, des systèmes et des politiques de santé nous permet de conclure sur un bilan mitigé: en effet, s'il y a eu une amélioration globale de la situation sanitaire, elle n'est pas homogène entre les pays et entre les différentes régions d'un même pays. [...]
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