Chercheurs et pédagogues ne remettent plus en cause la place de l'art dans l'éducation aujourd'hui en France. Les textes institutionnels, notamment le rapport Eurydice de 2009, montrent bien cette place que l'art a gagné et les objectifs éducatifs qui lui sont attribués. Pour Alain Kerlan, docteur en philosophie, l'art prend une place de plus en plus conséquente dans le monde éducatif. Pour Kerlan, cette place n'est pas anodine : Sa thèse étant que la forme scolaire actuelle et la société moderne sont en crise. L'éducation basculerait alors d'un modèle scientifique vers un modèle esthétique car l'art serait une alternative à la crise. C'est l'art qui permet de traduire l'état du champs éducatif, ses tensions et ses aspirations qu'il explore dans son oeuvre (Kerlan, 2004 et 2007). Il pense qu'un autre modèle éducatif est à construire.
Alors, on peut se demander pourquoi l'art ? Pourquoi ce besoin de placer l'art dans une éducation ? Autrement dit quel est le projet du modèle esthétique dans la société moderne française ?
Tout d'abord, nous verrons que l'art a pris une place importante dans la société et nous définirons les termes utiles à notre propos. Puis nous verrons les facteurs qui ont encouragé l'art à prendre une telle place dans la société, l'un d'eux étant la crise du modèle scientifique. Ensuite nous analyserons le projet d'un modèle esthétique en tant que sauveur du modèle scientifique. Mais, nous verrons qu'une autre vision s'oppose, celle de l'art comme réalisateur de l'idéal éducatif de la société moderne où la science ne serait qu'une transition. Voir même l'art pour transiter vers une société postmoderne, en rupture avec la société moderne. Enfin, nous analyserons les difficultés que posent ces modèles et nous proposerons le projet alternatif de Kerlan (...)
[...] On serait ici dans une utopie de l'art (Kerlan p67). L'utopie, pour Kerlan, c'est l'abandon de toutes limites, l'idée d'un monde réconcilié, les contradictions résolues, la visibilité de la perfection. Chacun libérait le meilleur de lui-même pour l'harmonie et la cohésion avec soi-même et avec la société à travers un lien social vivant et fort. L'art nourrirait cette utopie. Cette utopie a deux versants : Celle du prophète et du génie selon l'utopie romantique (Kandinsky, in Kerlan p67). Le romantisme désigne un ensemble de valeurs et principes esthétiques. [...]
[...] À l'heure actuelle, le modèle éducatif est dominé par un modèle scientifique et ce depuis l'âge des Lumières. Auparavant, durant l'antiquité et le Moyen-Âge, les mythes et la théologie expliquaient les phénomènes naturels incompris (Guus Houtzager, l'univers de la mythologie grecque, Gründ chap1). La science a pris le relais depuis la découverte de la loi universelle de gravitation de Newton en 1684 jusqu'à nos jours en passant par les grandes avancées scientifiques de la Révolution Industrielle du XIX ème siècle. [...]
[...] Pour comprendre ce raisonnement, il nous faut comprendre ce qu'est l'idéal éducatif (Kerlan p49). Schiller, père fondateur du romantisme Allemand, pense que l'esthétique est l'accomplissement de l'idéal éducatif (Kerlan p62). Cet idéal c'est la liberté de l'homme. L'homme sera réellement digne de sa liberté (à laquelle il est destiné par nature dans son humanitas grâce à l'art. Comment l'art peut-il mener à la liberté ? Schiller sait, à son époque, que l'art a encore peu de place dans la société. [...]
[...] Kerlan (Kerlan p8) constate aussi l'augmentation de la présence des ateliers artistiques et des partenariats. Eurydice définit ce partenariat à travers les visites culturelles scolaires ou le partenariat direct avec les artistes encouragé dans un tiers des pays européens. Aussi, la place qui est attribuée à l'art augmente en partie car la discipline devient obligatoire dans le cursus scolaire de la maternelle jusqu'à l'âge de seize ans (Kerlan p84). Enfin, en 2011 paraît le livret personnel de compétences pour un meilleur accompagnement des élèves dans leur évaluation et un meilleur guidage des enseignants valant pour l'art. [...]
[...] L'eden c'est l'homme unique qui pense le même jugement qu'autrui, donc qui n'avance plus car il n'y a plus de critique. Le risque de dérive de l'avènement de l'idéal éducatif prit comme tel est de faire naitre des jugements particuliers, qui seront acceptés comme tels et qui ne seront plus critiqués. Or la critique est constructive de la raison donc de la liberté. Si l'homme est permis de tout dire, il peut aussi ne rien dire et le monde n'avance plus. [...]
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