Protection sociale et genre

Résumé du document

Si les femmes sont désavantagées dans tous les systèmes de protection sociale au niveau européen (I), certains régimes leur sont moins défavorables que d'autres. La diversité des régimes de protection sociale a par ailleurs pour corollaire la diversité des stratégies visant à atteindre l'égalité des sexes, chaque stratégie devant s'adapter à la nature du régime en question pour « maximiser » la position des femmes. Après avoir décrit les régimes existants et leur impact sur les situations féminines et masculines, il s'agit de poser les bases d'une réforme de la protection sociale dans le sens d'une meilleure égalité entre les genres (II)

Extraits

[...] La comparaison des deux tableaux ci-dessus permet de faire quelques remarques générales sur les attitudes féminines face à l'emploi. Tandis que dans certains pays, l'union avec un homme (mariage ou concubinage) encourage l'activité, dans d'autres c'est le contraire, la mère seule a plus besoin de travailler pour assurer la survie de sa famille. Ainsi au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Allemagne, les mères mariées ou vivant en concubinage travaillent plus que les femmes seules, qui bénéficient d'un revenu minimum de parent isolé (visant principalement à combattre la pauvreté des enfants). [...]

[...] Ainsi, la société industrielle des systèmes de protection familialistes caractérisés par le male breadwinning est en retard par rapport aux systèmes de dual breadwinning qui caractérisent les sociétés post- industrielles. Le régime conservateur traditionnel est enfin particulariste en ce qu'il favorise certains groupes en particulier : les hommes occupant des emplois traditionnellement masculins et les retraités au détriment des jeunes actifs (et a fortiori des jeunes chômeurs). Les problèmes posés par ce système de protection sociale dépassé sont d'autant plus difficiles à résoudre que tout réforme est bloquée par ces groupes qui ont les moyens de défendre leurs intérêts particuliers. [...]

[...] Un ensemble de mesures propres au système de protection sociale (droits dérivés, incitations fiscales à rester à la maison, absence de services de prise en charge des enfants ) vise ainsi à cantonner les femmes au rôle de carer. Parmi ces mesures, on peut citer la création l'allocation de mère au foyer créée en France en 1938, puis l'allocation de salaire unique en France qui ne disparaît qu'en 1978. Confronté aux évolutions contemporaines de la famille et en particulier aux nouvelles attitudes féminines, le modèle conservateur est aujourd'hui inadapté. L'Italie est un bon exemple de modèle conservateur traditionnel familialiste mis en échec. [...]

[...] Ne serait-ce que symboliquement, il est essentiel que les femmes reçoivent des prestations sociales en leur nom propre. Néanmoins, certains estiment que l'individualisation des droits et le soutien de l'emploi féminin doit s'accompagner de mesures spécifiques afin de ne pas pénaliser celles et ceux qui par choix consacrent une partie de leur vie à leur famille et cessent pour cela de travailler. Il est juste de dire que le système de protection sociale ne doit pas être fondé exclusivement sur l'emploi et doit valoriser d'autres formes d'épanouissement personnel. [...]

[...] Paper on Gender Issues in Social Security and Social Protection disponible sur http://www.ilo.org/public/english/bureau/gender/socsec [pour une vision globale extra-européenne] DREES, Etudes et Résultats, n°183, juillet 2002. Disponible sur le site du Ministère de la santé Français : http://www.sante.gouv.fr/drees/etude- resultat/er-pdf/er183.pdf [pour un exemple sur les inégalités hommes- femmes dans les retraites] Le site du Lobby européen des Femmes en français et en anglais. Rubrique Politiques / Europe sociale sur http://www.womenlobby.org [sur les prémisses de législation communautaire dans le domaine plus que sur les Etats individuels] Le terme est celui d'E. McLaughlin et C. [...]