La protection sociale en Europe occidentale de la Libération aux années 1980

Résumé du document

Après la Seconde Guerre mondiale se met en place la protection sociale moderne en Europe occidentale, même si elle avait été ébauchée dès la fin du XIXe siècle. Derrière la notion de "protection", on trouve l'idée de défendre quelque chose ou quelqu'un contre un danger, ou encore une idée de garantie.

Un système de protection sociale peut se définir comme tous les mécanismes de prévoyance collective qui permettent aux individus ou aux ménages de faire face financièrement aux conséquences des risques sociaux : cela comprend les mécanismes de Sécurité sociale, d'allocations (familiales, chômage), etc.

En élargissant la notion, on peut aussi ajouter les politiques d'action sociale et de politique économique. Par le terme d'Occident, on comprend que la mise en place de ces systèmes n'a pas pu se faire dans les pays de l'Europe de l'Est avec le début de la Guerre froide en 1947 et l'emprise soviétique.

Ainsi, pourquoi et comment la protection sociale s'est-elle imposée après la Seconde Guerre mondiale en Europe Occidentale, avant d'être remise en cause à partir des années 1970 ?

Extraits

[...] La protection sociale en Europe occidentale de la Libération aux années 1980 L'histoire de la protection sociale, c'est en fait l'histoire du malheur, de sa perception et des réponses apportées dans des sociétés données. Numa Murard évoque le terme de face cachée du contrat social pour parler de la protection sociale, puisque ce contrat solidariste irait encore plus loin que le contrat social classique en faisant reposer la démocratie politique sur la démocratie sociale. Après la Seconde Guerre Mondiale se met en place la protection sociale moderne en Europe occidentale, même si elle avait été ébauchée dès la fin du 19e siècle. [...]

[...] C'est ainsi qu'après 1945, une volonté de renouveler l'Etat nation s'impose. un contexte économique propice La situation s'avère en effet catastrophique en Europe. Si l'on s'en tient aux chiffres des destructions matérielles, des immeubles anglais ont été détruits par exemple. En Allemagne, la moitié du parc ferroviaire est à reconstruire et les villes- notamment Dresde- sont un champ de ruine. Sur le plan économique et social, les difficultés et privations continuent même après la Libération. Par exemple, l'Italie connaît 2 millions de chômeurs complets, sans compter les personnes inemployées temporairement. [...]

[...] En effet, la protection sociale fait référence à un besoin anthropologique chez l'Homme qui est celui de sécurité. C'est pourquoi dès l'Antiquité, on peut voir des idées de protection sociale. Au Moyen-âge, l'assistance est le modèle dominant de protection. Michel Mollat montre bien comment la prise en charge des pauvres est rendue possible grâce au principe de charité chrétienne qui est considéré comme une obligation morale vers le Salut. A partir de 1789, cette obligation religieuse devient sociale, mais est toujours systémique. [...]

[...] C'est-à- dire que les individus ne se sentent pas responsables (Laroque) de l'institution. La montée d'un individualisme exacerbé va alors à l'encontre d'une idée de contrat social et d'une logique de don/contre-don. D'autre part, l'intervention étatique est remise en cause. Les théories néolibérales mettent l'accent sur le fait de laisser l'économie arriver à l'équilibre et de supprimer les entraves au bon fonctionnement naturel des marchés, notamment celui du travail. Par exemple, Friedman, le chef de file des monétaristes, montre l'inefficacité de la politique monétaire à court terme, puis sa théorie est radicalement reprise par la Nouvelle Economie classique (Lucas, Barro). [...]

[...] L'Allemagne subit une importante inflation, tandis que le rationnement continue en France jusqu'à 1947. ( 1954) C'est ainsi que le plan pour la sécurité sociale du Conseil National de la Résistance établi en 1944 est à mettre en lien avec les mauvaises conditions sanitaires pendant l'Occupation (ex. : tuberculose) et les soins médicaux devenus rares donc de plus en plus chers. Il apparait donc que les individus seuls ne peuvent pas faire face à l'envergure de ces problèmes. L'intervention de l'Etat est donc légitimée, afin d'impulser un effort considérable de reconstruction. [...]