La prison, aussi mystérieuse soit-elle, constitue aujourd'hui une question de société fondamentale. Elle est au cœur de notre système de justice, souvent au cœur de nos cités, et pourtant, il semble exister à son sujet une forme d'aveuglement volontaire, de la part des citoyens comme des politiques.
A partir de l'année 2000, la condition pénitentiaire est sur le devant de la scène publique
Rien ne laissait alors présager de la déferlante médiatique qui, faisant écho au carnet de bord de Véronique Vasseur publié au début de l'année 2000 sous le titre « Médecin chef à la prison de la Santé », allait ramener brutalement à la conscience de l'opinion publique les réalités difficiles d'un univers carcéral en quête de légitimité sociale.
Le centre du débat est désormais posé, la question de la réinsertion des détenus dans le champ social. Les questions si souvent médiatisées des violences, des suicides, de l'indécence des conditions de détention ne sont finalement que des dérivés tragiques de la problématique de la désocialisation que génère l'univers carcéral et de la défaillance de réinsertion.
La préparation des détenus à leur sortie relève des missions de la prison, au même rang que sa mission sécuritaire. Or c'est justement cette problématique dont n'arrive pas à s'emparer l'institution pénitentiaire.
Parce que le manquement à cette mission engendre la récidive, et parce que la privation des libertés d'un individu dans une société démocratique fondée sur des valeurs humanistes ne peut se justifier que si on le rend meilleur pour cette même société et pour lui-même, il est donc nécessaire de s'interroger sur façons de répondre à cette crise de l'institution pénitentiaire
En effet, la prison française doit aujourd'hui assumer deux missions définies par la législation : une première mission de détention, qui vise à mettre hors du circuit social les condamnés, et une seconde mission, plus récente, de réinsertion. Au vu des difficultés qu'éprouvent les anciens détenus à réintégrer le corps social, à être acceptés par lui, on peut se demander légitimement si l'institution carcérale a les compétences et les moyens d'assurer pleinement cette seconde mission.
Elle engendre en effet un phénomène de « prisonniérisation » qui place les personnes incarcérées dans une situation de désocialisation qui perdure bien après leur libération.
Deux commissions d'enquête parlementaires se sont constituées en février 2000, l'une à l'Assemblée nationale, l'autre au Sénat. Leurs conclusions, publiées en juillet, sont édifiantes et presque concordantes. Le constat dressé dans ces deux rapports est unanimement sévère. Il souligne la nécessité de réformes importantes et pour certaines urgentes. En réalité, ce débat oblige à s'interroger sur le sens et les objectifs de la peine. C'est la question posée dans un article de Guy-Pierre Cabanel, « conçoit-on la prison comme un lieu de sûreté, d'exclusion des délinquants, ou comme un lieu de préparation à la réinsertion dans la vie quotidienne ? Un tel débat concerne toute la société et demande à être tranché au préalable. »
Dans un premier temps, il parait ainsi indispensable de se pencher sur la prison et sa mission prioritaire, afin de comprendre pourquoi et comment la question de la réinsertion se pose aujourd'hui avec tant d'acuité.
Dans un second temps, nous chercherons à voir en quoi une politique de réinsertion efficace peut être une réponse pertinente face au phénomène de désocialisation que produit l'institution totale qu'est la prison.
Nous développerons ses enjeux et ses spécificités, dans la visée d'une remise en mouvement de l'individu et de sa reconstruction personnelle, préalable à la réintégration du corps social, ainsi que dans la visée d'une éventuelle réinsertion professionnelle
[...] Au fil des années, on n'a pu que constater la faiblesse chronique des dispositifs de réinsertion sociale et professionnelle des détenus. Ainsi, faire que la détention ne soit pas un temps inutile, un temps vide et permette à la personne détenue de se reconstruire et, à sa sortie, de s'assumer comme élément solidaire de la communauté des hommes et des femmes devrait être l'ambition de toute politique pénitentiaire. II La réinsertion, une préoccupation récente et impérative de la politique pénitentiaire La seconde mission de la prison vise, en apparence, à l'exact opposé. [...]
[...] La prison est-elle un lieu de réinsertion ou de désocialisation ? Par Mehdi ZOUIOUECHE lieu de punition, une prison doit devenir celui de la réinsertion et non pas du durcissement et de la préparation à la récidive La prison doit également servir à donner une nouvelle chance, un élan nouveau aux personnes qui y entrent M. Alvaro Gil-Robles, Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe dans son rapport sur le respect effectif des DH en France février 2006. [...]
[...] Il se veut une formalisation des étapes qui jalonnent le parcours pénitentiaire du condamné. Ce projet poursuit trois objectifs : impliquer le détenu dans le sens à donner à sa peine, améliorer l'individualisation administrative et judiciaire de la peine en proposant un cadre objectif, introduire un mode d'observation qui assure une meilleure connaissance du détenu pour accroître la sécurité des établissements et améliorer l'efficacité des actions visant à l'insertion. L'enjeu est donc de repenser la durée de l'incarcération, la structure de cette durée. [...]
[...] les formateurs donnent aussi un maximum d'informations sur les métiers qui intéressent le plus les détenus. Ceux-ci ont également accès aux parloirs le week-end et les jours fériés sauf les mineurs qui peuvent en bénéficier plus souvent. Ainsi, les détenus peuvent garder des liens avec l'extérieur et plus précisément avec leur famille. Ils sont autorisés à acheter, par l'intermédiaire de la cantine, des radios, des télévisions, etc. pour s'informer sur l'extérieur. De plus, ils peuvent accéder à la bibliothèque pénitentiaire pour lire des ouvrages et se cultiver. [...]
[...] Le délit se présente alors comme une façon facile et rapide d'assurer sa survie. Au-delà de sa relative incapacité à protéger durablement la société, on commence à se rendre compte de la désocialisation profonde que produit la prison Ce phénomène de désocialisation, trouve sa source dans ce que l'américain Donald Clemmer nomme prizonisation que l'on peut traduire par détentionnalisation ou prisonniérisation Il s'agit du processus d'assimilation des valeurs et des habitudes propres au mode de vie lié à l'univers carcéral. [...]
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