Alors que les sociétés d'Ancien Régime concevaient la pauvreté comme un fait de société, les Etats modernes européens l'envisagent comme un problème et commencent à mettre en place à la fin du XIXe siècle un système de garanties sociales et, surtout, professionnelles.
Si la question ouvrière ainsi que la révolution des idées qui eut lieu à la fin du XVIIIe et au XIXe siècle sont les logiques lourdes qui présidèrent à cette mise en place, l'acte fondateur de ces systèmes de protection sociale reste les lois Bismarck en Allemagne dans les années 1880. Ces lois furent déterminantes car elles conditionnèrent l'instauration des mesures de protection sociale dans beaucoup d'autres pays européens.
L'évolution des systèmes de protection sociale fut ponctuée par le rapport Beveridge en Angleterre qui proposa en 1942 une vision autre de la protection sociale et inaugura ainsi la naissance de l'Etat-providence.
Etudier les prestations sociales dans les différents pays européens en perspective comparée va donc s'assimiler à étudier ces deux étapes historiques (I) puis voir comment, grâce à elles, on peut établir une typologie des services de protection sociale européens (II).
[...] Le premier groupe réunit les pays scandinaves (Danemark, Suède et Finlande). Ce sont ceux qui ont le plus suivi le principe d'universalité de Beveridge : la protection sociale est un droit de tous les citoyens, les prestations sont forfaitaires et d'un montant élevé, elles sont versées automatiquement en cas de réalisation d'un risque. Les salariés reçoivent en plus des prestations complémentaires grâce à des régimes obligatoires de protection à base professionnelle. L'assistance est par contre très limitée (ce que stipulait Beveridge). [...]
[...] Ce rapport eut beaucoup de succès et il inspira même certains articles de la déclaration universelle des droits de l'homme de l'ONU. En résumé, plus qu'avoir ponctué l'évolution de la protection sociale en Europe, ces deux étapes historiques, de par leur influence, sont fondamentales à l'heure d'étudier les formes de protection sociale très diversifiées selon les pays européens. II. Comparaison des systèmes de protection sociale dans les différents pays européens On peut distinguer quatre grands groupes ou familles concernant les formes de protection sociale, plus ou moins influencés par l'héritage bismarckien ou le rapport Beveridge. [...]
[...] Etudier les prestations sociales dans les différents pays européens en perspective comparée va donc s'assimiler à étudier ces deux étapes historiques puis voir comment, grâce à elles, on peut établir une typologie des services de protection sociale européens (II). I. L'évolution historique des systèmes de protection sociale en Europe Les deux étapes historiques qui sont au fondement des actuels systèmes de protection sociale en Europe sont les lois Bismarck et le rapport Beveridge Le chancelier allemand Bismarck fait voter ses lois sociales dans la décennie de 1880 ; ce sont les trois lois fondamentales : elles instaurent l'assurance maladie (1883), l'assurance accidents du travail (1884) et l'assurance invalidité et vieillesse (1889). [...]
[...] La quatrième famille réunit les pays d'Europe du sud (Espagne, Grèce, Italie et Portugal). Ils se rapprochent du modèle bismarckien pour ce qui concerne les garanties de revenu tout en possédant des caractéristiques propres. En effet, dans ces pays existent une grande hétérogénéité des régimes d'assurance sociale à base professionnelle (certaines professions, comme celle des fonctionnaires, étant plus couverte que d'autres). Le principe d'uniformité ne se rencontre donc pas du tout mais des services nationaux de santé à vocation universelle se sont mis en place progressivement à partir des années 1980. [...]
[...] Ces deux pays, paradoxalement ont moins mis en application les principes de Beveridge que les pays de la première famille. L'accès à la protection sociale n'est pas liée à l'emploi, mais on ne peut pas dire pour autant que le principe d'universalité règne : en effet, seul le service national de santé (National Health Service) offre le même accès pour tous les citoyens. Pour ce qui est des prestations en espèces ou en garanties de revenu (indemnités maladies, allocations chômage, retraites), les inactifs et les personnes percevant un revenu très modeste n'ont pas accès aux prestations de l'assurance nationale. [...]
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