Éducation prioritaire, régulation, action éducative, éducation en France, Etats-Unis, politiques d'éducation prioritaire
Comparer les modalités de mise en œuvre des politiques d'éducation prioritaire en France et aux États-Unis n'est pas une démarche qui va de soi tant les deux systèmes politiques choisis sont différents. D'emblée, on peut évoquer une différence d'organisation essentielle puisque la France est un État unitaire tandis que les États-Unis fonctionnent sous une modalité fédérale. Cependant, ces deux États ont en commun le fait de « placer l'éducation au centre de leur projet démocratique ». Ce positionnement central peut d'ailleurs s'analyser comme l'une des conséquences de certains travaux de recherche menés en France et aux États-Unis sur la question de l'égalité des chances à l'école. L'écho des travaux de Bourdieu et Passeron sur la question de la prédestination des élèves et sur l'écart entre les notions d'égalité d'accès et d'égalité des chances est en effet similaire à celui obtenu par l'étude sur l'égalité des chances dirigée par James Colman et publiée en 1966 sous le nom de « Rapport Colman ».
[...] Régulation française et support réglementaire Comme nous l'avons précédemment, la politique d'éducation prioritaire en France a fait l'objet de quatre grandes décisions ministérielles, mais comme le précise Bénédicte Robert, les relances de et 2006 n'étaient pas prévues par les premiers textes La nature même du l'instrument utilisé pour formaliser l'inauguration de la politique d'éducation prioritaire en 1981 induit le fait qu'aucune possibilité de réaménagement ne soit présente. C'est en effet par le biais d'une circulaire[9] qu'est introduit le principe de zones prioritaires d'éducation Comme nous le montre Bénédicte Robert, cette procédure correspond bien à la situation d'alternance politique de 1981. Elle offre la possibilité d'une action dans l'urgence et c'est bien ce qui s'est passé en 1981. [...]
[...] Par la suite cette modalité a été conservée et la politique d'éducation prioritaire en France reste dominée par une politique de circulaires. Les différents moments de relances correspondent d'ailleurs bien à ce principe d'urgence, soit par qu'il est urgent de coordonner une politique d'action sociale à une autre politique d'action sociale nouvellement mise en place (1989), soit parce qu'il est urgent de marquer sa différence idéologique dans le cadre d'une alternance politique (1997), soit par qu'il est urgent de contenir une population révoltée, en souffrance et qui ne trouve pas d'autres moyens que la violence pour s'exprimer (2006). [...]
[...] Elle nous montre également comment un projet de loi étant soumis au contrôle du Conseil constitutionnel peut être déclaré, du moins en parti, anticonstitutionnel, ce qui est le cas par exemple de l'annexe de la loi 2005. Les modalités de mise en œuvre des politiques d'éducation prioritaire en France et aux États-Unis sont profondément différentes. Elles s'ancrent chacune dans une histoire, dans une organisation politique, dans une tradition et dans un ensemble de valeurs qui leur sont propres. Cependant leur comparaison permet de mettre en évidence certaines difficultés de la politique qui a été mise en œuvre en France. [...]
[...] Émergence et évolution des politiques d'éducation prioritaires en France En France l'éducation prioritaire voit le jour dans le cadre d'une alternance politique qui voit le passage du pouvoir à gauche grâce à l'élection de François Mitterrand en 1981. La décision de mettre en place une politique spécifique en direction des élèves les plus en difficulté est prise très rapidement après cette élection et vise à renforcer par des moyens sélectifs groupés programmes d'éducation prioritaires” l'action éducative dans les zones où se concentrent les plus grandes difficultés Elle fait suite à la prise de conscience des problèmes posés par la création du collège unique quelques années auparavant. [...]
[...] Contrairement à la régulation mise en œuvre aux États-Unis, cette façon de réguler la politique éducative ne permet pas aux acteurs de disposer de repères temporels précis et ne permet pas non plus qu'une régulation financière s'exerce. L'incertitude des perspectives d'avenir agit malheureusement souvent comme un frein à la mobilisation et cela à tous les niveaux du système éducatif. Il suffit pour s'en convaincre de constater que la première recommandation que fait le Haut Conseil de l'Éducation dans son dernier bilan[10] consiste à rappeler, notamment aux corps d'inspection, l'importance de tenir un discours cohérent et mobilisateur sur le socle commun. [...]
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