A mesure la pauvreté s'accentue dans le monde entier, les jeunes sans abri et vivant dans la précarité sont de plus en plus nombreux. Le nombre d'enfants des rues n'a cessé de croître dans un grand nombre de pays, en particulier dans les régions en développement dont les villes ne réussissent pas à contrôler leur urbanisation. La majorité de ces jeunes ne vont pas, car ils ne peuvent pas, aller à l'école. Ils sont issus de familles dont les revenus sont extrêmement faibles, et sont confrontés à toutes sortes de violence dès leur plus petite enfance. Peu d'entre eux peuvent donc espérer trouver un emploi dans le secteur formel de l'économie. Ainsi, la plupart se tournent très tôt vers le trafic de drogue qui est une activité très lucrative en Amérique Latine, dans l'espoir de pouvoir mener une vie meilleure en aidant leur famille financièrement. Intégrer un gang devient donc une option de survie, c'est pourquoi ils sont si nombreux en Amérique centrale, en particulier au Salvador, au Guatemala, au Honduras, au Mexique et, dans une moindre mesure, au Pérou.
Le terme « Mara », synonyme de gang, est un diminutif de « Marabunta » désigne une attaque de fourmis particulièrement voraces et destructrices bien connues pour agir en communautés de plusieurs milliers. De la même façon, les gangs de jeunes en Amérique centrale sont redoutés pour leur violence et leur organisation de plus en plus structurée qui leur permet d'agir sur des territoires de plus en plus vastes, s'étendant ainsi jusqu'aux Etats-Unis et au Canada. Ils représentent désormais une réelle menace à l'échelle internationale et il devient très difficile de faire obstacle à ce fléau en dépit des mesures répressives adoptées par plusieurs des gouvernements concernés.
Dans quelle mesure le phénomène des gangs est-il révélateur des failles existant dans le traitement de la question sociale des pays d'Amérique centrale concernés ?
Nous étudierons d'abord les origines du phénomène, et le contexte dans lequel il a émergé (I). Nous verrons ensuite comment les Maras se sont développées à l'échelle internationale (II) avant de décrire les politiques mises en place pour tenter de les éradiquer, tout en mettant en lumière les débats sur les droits humains et les enjeux éthiques soulevés dans le même temps (III).
[...] La formation de gangs en Amérique centrale aurait donc également, ou principalement, des causes à l'échelle nationale, qu'il est intéressant de mettre en lumière. B Politiques sociales et ségrégation Pour le sociologue Carlos Ramos, également coordinateur des actions d'éducation au sein de la FLACSO (Faculté latino-américaine de sciences sociales), comme toute manifestation de la violence, celle-ci non seulement a plusieurs causes, mais elle compte des éléments que l'on peut dire de causalité, certains éléments détonateurs et d'autres multiplicateurs Les bandes seraient donc également, et avant tout, l'expression de l'apartheid social qui caractérise les sociétés d'Amérique Latine et du modèle néolibéral qui s'est imposé dans ces régions de manière parfois virulente au cours des dernières décennies. [...]
[...] Dans quelle mesure le phénomène des gangs est-il révélateur des failles existant dans le traitement de la question sociale des pays d'Amérique centrale concernés ? Nous étudierons d'abord les origines du phénomène, et le contexte dans lequel il a émergé Nous verrons ensuite comment les Maras se sont développé à l'échelle internationale avant de décrire les politiques mises en place pour tenter de les éradiquer, tout en mettant en lumière les débats sur les droits humains et les enjeux éthiques soulevés dans le même temps (III). [...]
[...] Elle devance largement l'Afrique et le Moyen-Orient, qui affichent des taux inférieurs ou égaux à 10 selon des études de la BID (Banque interaméricaine de développement) et de la Banque Mondiale. Pendant le seul premier semestre homicides ont été commis au Guatemala, la majorité par arme à feu, selon le Bureau de défense des droits humains. On recense, en outre, entre 10 et 13 homicides par jour au Salvador. Dès leur naissance, donc, les enfants sont confrontés à toutes sortes de violence qui sont ainsi devenues leur lot quotidien. [...]
[...] Il a été imité un an plus tard par Francisco Flores avec son désormais célèbre plan Mano Dura au Salvador. Ces actions, qui s'inscrivent dans une politique de tolérance zéro prévoient notamment des lois spéciales antimaras criminalisant et pénalisant le moindre signe d'appartenance à un gang (tatouages, accessoires, etc.). Elles permettent également l'emprisonnement jusqu'à 12 ans, sur simple présomption d'appartenir à un gang. Par ailleurs, il devenait alors possible de considérer les jeunes de 12 à 18 ans trouvés coupables d'infraction en vertu de cette loi comme des adultes. [...]
[...] L'opinion publique, mal informée et bernée par les médias, attribue ces violences aux règlements de compte entre mareros. Toutefois, l'indifférence semble depuis peu avoir perdu un peu de terrain depuis que les macabres statistiques publiées par Casa Alianza (organisation qui œuvre pour la réinsertion des jeunes délinquants) connaissent une diffusion nationale et internationale. Par ailleurs, l'ONU a enquêté au Honduras en 2001, puis a publié un rapport cinglant indiquant que les forces de police étaient effectivement impliquées dans ces assassinats. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture