La flambée mondiale du coût de la nourriture a jeté ces derniers jours des gens dans les rues. Des cris désespérés et des scènes de pillage à travers le monde ont démontré l'urgence et l'insécurité alimentaires dans lesquelles se retrouvent des millions de personnes. Les « émeutes de la faim » ont secoué l'Egypte, le Maroc, l'Indonésie, les Philippines, Haïti où elles ont abouti à la chute du gouvernement, ainsi que plusieurs pays africains dont le Nigeria, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Mozambique, la Mauritanie, le Sénégal, le Burkina Faso, en somme 37 pays sont touchés. Le prix du pain, du maïs et de ses dérivés, du lait se sont envolés ; pour exemple, un sac de riz est passé à Haïti de 35 à 70 dollars. Les mesures politiques prises tant par les pays exportateurs que les pays importateurs pour limiter l'impact des cours internationaux sur les marchés domestiques de l'alimentation n'ont pas suffit. Comme à l'accoutumée, ce sont les plus vulnérables qui sont touchés les premiers : « La flambée des denrées alimentaires frappe plus durement les plus pauvres car la part de l'alimentation de leurs dépenses totales est beaucoup plus élevée que des populations aisées » affirme Henri JOSSERAND du Système d'information et d'alerte rapide de la FAO.
Autre pendant du problème, la hausse des pris du pétrole risque de menacer les progrès relatifs effectués depuis quelques décennies en terme de développement. Un choc alimentaire et humanitaire se profile et laisse présager une très longue période de troubles, de vagues de déstabilisations régionales et de conflits faisant de la problématique de la pauvreté non plus seulement une priorité humaine mais également un enjeu sécuritaire.
Ces émeutes évidemment ne sont que la manifestation conjoncturelle d'un problème structurelle : 1/5 de la population mondiale vivant dans les pays industrialisés absorbe plus des 4/5 du revenu de la planète, trois milliards de personnes vivent avec moins de 2 dollars par jour dont un milliard vit sous le seuil de pauvreté. En ce sens, il semblerait que résorber la pauvreté c'est d'abord agir sur les mécanismes de redistributions des richesses crées à partir des biens communs et agir sur la croissance économique moyen essentiel d'un développement durable à l'échelle planétaire. Mais avant d'évoquer la lutte contre la pauvreté et les inégalités, il est important premièrement de distinguer deux types de pauvretés développés par Serge PAUGAM : la pauvreté intégrée qui décrit les situations des pays où des régions économiquement en retard. Ce type de pauvreté implique une économie informelle sans quelconque exclusion de l'individu. Etant donné que la pauvreté est largement répandue, les pauvres ne sont pas stigmatisés et bénéficient de la solidarité familiale ou de la socialisation.
[...] Ce type de pauvreté implique une économie informelle sans quelconque exclusion de l'individu. Etant donné que la pauvreté est largement répandue, les pauvres ne sont pas stigmatisés et bénéficient de la solidarité familiale ou de la socialisation. A distinguer de la pauvreté marginale qui correspond à la pauvreté d'une minorité de la population au sein d'une société prospère. Ces pauvres sont considérés comme des cas sociaux et sont fortement stigmatisés, ils correspondent à la catégorie conceptualisée sous la notion de quart monde Deuxièmement, la problématique de la pauvreté nécessite une approche multidimensionnelle dans la lignée des travaux d'Armatya SEN qui dénonce la réduction des mesures de la pauvreté à la seule évaluation relative ou absolue des revenus. [...]
[...] Cette aide est donc conjoncturelle, et ne s'attaque pas au problème de fond. Elle n'est que la pose d'un pansement qui empêche la plaie de s'étendre, mais qui ne permet pas de guérir. L'aide répond donc à des logiques de court terme, alors que pour tenter de résorber la situation, l'on aurait besoin de politiques structurelles agissant sur les causes profondes dans une période de long terme. Toutefois, l'opinion publique et les médias ne s'intéressent que ponctuellement aux aides à apporter aux PED, et cette volatilité de l'aide la rend moins efficiente. [...]
[...] Les écarts séparant le Nord et le Sud pèsent très lourdement sur la paix et la sécurité dans le monde. Au niveau global et compte tenu de l'accroissement démographique, le taux de pauvreté a diminué depuis une vingtaine d'années. Mais les disparités restent une réalité ancrée : sept des plus grosses fortunes du monde possèdent ensemble le PIB total du groupe des 49 pays les plus avancés où vivent 600 millions de personnes. Les des plus riches ont des revenus 90 fois plus élevés que les 10% les plus pauvres. [...]
[...] Le droit à une nation juste, au développement économique et à une répartition moins inégalitaire du monde est indissociable de la lutte pour les Droits de l'Homme. Au Sommet de Copenhague en 1993, le Directeur de l'UNESCO a affirmé que le droit au développement est un droit de l'homme. Les droits de l'homme sont le socle du développement humain durable : toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assumer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentaire, le logement, les soins médicaux ainsi que les services sociaux nécessaires et droit à la sécurité Mais la non-pénalisation au même titre que la torture ou le génocide du droit au développement montre les limites de son institutionnalisation. [...]
[...] Quel est le bilan des initiatives et le résultat des avancées ? En quoi le bilan de décennies de lutte demeure hétérogène ? Quelle est la part de responsabilité des pays développés ? L'aide conjoncturelle en palliant à l'urgence ne renforce-t-elle pas la dépendance des pays en voie de développement ? Quelle voie vers l'autonomisation structurelle ? Quelle efficacité des aides formelles des organisations internationales ou des initiatives informelles comme le micro crédit ? L'institutionnalisation des droits à la dignité humaine par le développement peut-elle représenter un progrès réel ? I. [...]
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